Hôtel van Eetvelde: ouverture majeure pour l'Art nouveau à Bruxelles
En cette année vouée à l’Art Nouveau à Bruxelles, l’hôtel van Eetvelde, signé Horta, est désormais accessible au public les week-ends et lundis.
- Publié le 29-05-2023 à 15h58
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Visiblement, il n’y a eu pas d’eau dans le gaz entre la Région bruxelloise et Synergrid, la fédération des opérateurs publics de gaz et d’électricité de Belgique quand il s’est agi d’ouvrir au public le superbe hôtel van Eetvelde que cette dernière occupe, l’un des quatre bâtiments Art Nouveau signés par Victor Horta et classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Moyennant des subsides régionaux et de Beliris en vue de la rénovation de la verrière du splendide bâtiment, il fut décidé que le public aurait la possibilité de visiter les lieux, en tout cas les parties les plus spectaculaires les jours où Synergrid et ses membres sont absents.
Après diverses rénovations du bâtiment, c’était au tour de la coupole, en vue de l’année 2023 Art Nouveau, de bénéficier d’une rénovation en profondeur. C’est à Katrien Mestdagh, restauratrice et conservatrice d’art verrier, que cette mission fut confiée. “Les délais étaient très courts, souligne-t-elle d’emblée. Mais il s’agit d’une aventure fascinante car cette coupole est iconique. Barbara Van der Wee, l’architecte en charge de la rénovation du bâtiment, m’avait appelée d’emblée comme experte, parmi d’autres d’ailleurs, pour me demander ce qu’il était possible de faire avec cette coupole quand viendrait son tour d’être rénovée. J’étais la seule à pouvoir démonter chaque panneau de la coupole dont l’état n’était pas catastrophique mais demandait quand même quelques soins. Un certain nombre d’interventions avaient eu lieu auparavant mais elles n’étaient pas très heureuses et, surtout, elles avaient fait perdre son unité à la partie centrale. Donc, ici, on a veillé à recréer cette unité. Donc, il a fallu remettre à plat certains panneaux et remplacer certaines pièces de verre. La couronne, en revanche, ne demandait qu’une légère restauration et, surtout, un nettoyage. Là, nous avons eu la surprise que la nicotine qui recouvrait ces panneaux les avait jaunis. Nettoyés, ils sont apparus blancs tirant vers le bleu. Enfin, il a fallu jongler avec le verre car le stock de verre ancien a disparu; donc, on a dû combiner deux types de verres, un clair pour la texture et un opalescent pour obtenir le rendu de ce verre ancien qui n’est plus produit depuis longtemps.”

La décision d’ouvrir le bâtiment est intervenue au moment où la demande de subside a été faite par Synegrid. Pour Patrick Reyniers, secrétaire général de la fédération, l’idée d’ouvrir le bâtiment tombait sous le sens. “Je suis amoureux de cette maison. C’est mon prédécesseur, Patrick Debucq, président du CA, qui a entamé les rénovations. Et j’ai suivi le mouvement qui est passionnant et très amusant ; c’est fou de voir qu’il existe des artisans toujours spécialisés dans des techniques anciennes. Il manque encore quelques éléments à retrouver, comme des lampions au gaz. On fait le test d’ouvrir le lieu au public cette année, et, en cas de succès, les années à venir.”
Quant à l’aile voisine, soit le bâtiment d’angle du 2, avenue Palmerston, elle est occupée par la Région bruxelloise qui y a installé le Lab-AN, le centre d’étude sur l’Art Nouveau. Les visiteurs commenceront leur visite par cette aile où ils en apprendront plus sur Edmond van Eetvelde, personnage clé d’une période controversée, à savoir l’État indépendant du Congo, propriété de Léopold II, et responsable de l’Exposition internationale de 1897 à Tervuren. Y a été reconstitué le bureau de ce haut fonctionnaire.


À l’entresol, sont évoquées les autres réalisations d’Horta classées à l’Unesco tandis que le garage accueille le “monstre du Loch Ness”; à savoir, une évocation 3D de l’Hôtel Aubecq, grande victime de la bruxellisation en 1950 dont les pierres voyagent d’un lieu à l’autre depuis lors en vue d’un hypothétique retour à la verticale. “Ses éléments pourraient un jour être intégrés à un bâtiment neuf, souffle Pascal Smet, secrétaire d’État bruxellois en charge du patrimoine qui se réjouit, par ailleurs, du fait que les cinq bâtiments majeurs d’Horta vont bénéficier dès 2024 d’un éclairage soigné grâce au soutien financier de Beliris.