C’était la salle à manger des schtroumpfs
Michel Kalvez est artisan-menuisier dans une petite cité de caractère du Sud-Finistère. Fabricant de meubles "rustiques" il produit, entre autres, des tabourets.
- Publié le 03-08-2009 à 00h00
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Michel Kalvez est artisan-menuisier dans une petite cité de caractère du Sud-Finistère. Fabricant de meubles "rustiques" il produit, entre autres, des tabourets.
Est-ce compliqué de faire un tabouret ?
Pas vraiment. Tout dépend du modèle et du bois choisis. Pour le modèle de base à trois pieds, je privilégie le châtaignier, le chêne ou, plus vulgairement, le pin. Il faut pratiquer une découpe circulaire suffisamment large pour l’assise, et ajuster les pieds par emboîtement simple et fixation à la colle. Mais il faut bien veiller à l’équilibre de l’ensemble, sinon c’est le modèle pète-gueule assuré.
Et les tabourets carrés ?
Plus compliqué, il faut des barres transversales pour relier les pieds et bien les ajuster sinon c’est de nouveau la garantie du pète-gueule. Pour le siège, certains clients préfèrent un cannage, et je fais alors appel à un artisan spécialisé dans la vannerie traditionnelle.
Combien ça coûte ?
Le modèle standard à trois pieds, environ 60 euros. Pour les quatre pieds, ça dépend de la qualité du bois choisi et des finitions. Par exemple, si je traite le bois pour un usage en extérieur ou si je tourne les pieds. Ça peut monter à plus de 100 euros.
Y a-t-il une demande forte pour des tabourets ?
Oui, depuis quelques années, c’est le boom du tabouret. C’est une mode qui correspond à la multiplication des résidences secondaires. Les nouveaux propriétaires, généralement allemands et, depuis peu, anglais, achètent très cher des vieux corps de ferme ou des longères antiques. Ils veulent des meubles "à l’ancienne", qui soient, pensent-ils, en rapport avec un mode de vie "comme autrefois". Ils estiment que le tabouret en bois est la garantie de cette sorte d’authenticité.
Y a-t-il des envies particulières ?
Les Allemands et surtout les Anglais sont fous des modèles les plus "Astérix" possible. C’est-à-dire une assise en bois brut découpé dans la tranche d’un tronc et des pieds irréguliers surtout pas dégrossis. Et si le bois paraît trop neuf, ils demandent que je le vieillisse artificiellement ou que je fasse à la perceuse des faux trous de termites. Il y en a même qui exigent que les pieds soient volontairement un peu bancals. Ce qui est bizarre, c’est qu’ils trouveraient la même chose dans n’importe quelle brocante et sûrement beaucoup moins cher. Mais bon, ce qu’ils veulent c’est du véritable faux vieux.
Un souvenir d'une commande plus sophistiquée ?
Une fois, une dame allemande m’a commandé six tabourets d’une quarantaine de centimètres de hauteur et une table ronde assortie. Je pensais que c’était pour des enfants. Mais non, c’était pour elle et sa famille, que de très grandes personnes, et pourtant quand j’ai livré, ils étaient ravis de s’asseoir là-dessus avec les genoux dans les narines. C’était un peu la salle à manger des schtroumpfs. Sinon, une autre fois, c’est un monsieur anglais qui voulait un tabouret classique à quatre pieds, mais de 1 m 50 de longueur. J’ai mis pas mal de temps à comprendre qu’il voulait que je lui fabrique un banc.