L’histoire du rose, la couleur qui s’impose

C’est la couleur qui fait parler d’elle. Le rose est la tendance mode de 2017. Décryptage d’une histoire aussi surprenante que tumultueuse.

Raphaël Papiau

C’est la couleur qui fait parler d’elle. Le rose est la tendance mode de 2017. Décryptage d’une histoire aussi surprenante que tumultueuse.

Après avoir fièrement foulé les podiums du monde entier, le rose s’apprête à conquérir nos vestiaires pour le printemps. 2017 est l’année d’un rose féminin, mais affirmé. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Viril, genré, contestataire, au fil des siècles, le rose a eu différentes vies. On découvre l’étonnant parcours d’une couleur qui fait toujours parler d’elle.

Le rose viril

L’histoire du rose, la couleur qui s’impose
©DR

Dans l’imaginaire collectif actuel, le rose est féminin. Pendant le Moyen-Âge et la Renaissance, il est pourtant masculin, voire viril ! Il est alors considéré comme une couleur forte, dérivé du rouge. Historiquement, les chevaliers ont porté des bas-de-chausses roses et certains grands peintres s’en sont servis pour des portraits d’hommes. Le plus connu est sans doute celui d’Henri IV en Mars datant de 1606. On y voit le roi de France qui incarne le dieu romain de la guerre en portant une tunique rose.

Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle qu’il prend une nouvelle dimension. La marquise de Pompadour s’entiche de la couleur. Elle la porte à Versailles et offre même son nom au « rose Pompadour ».

Le rose stéréotypé

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©DR

Ce n’est qu’au cours du XXe siècle, que le rose va réellement se genrer : il devient féminin au même titre que le bleu devient masculin. Les plus grandes icônes féminines des années 1950 et 1960 contribueront à asseoir cette image : Brigitte Bardot et sa robe vichy rose en couverture de Elle Magazine, Marilyn Monroe et sa robe moulante « shocking pink » dans Les hommes préfèrent les blondes ou encore Jackie Kennedy et son tailleur Chanel. Toute la génération d’après-guerre grandit avec ce stéréotype.

Le rose contestataire et politique

Les mouvements contestataires des années 1960 aux États-Unis et en Europe viennent bousculer encore une fois la symbolique du rose. Si pour les féministes de l’époque il est simplement rejeté, il est détourné par le mouvement Flower Power. Le rose veut défier l’ « establishment » et casser les codes des parents. Les rock stars, comme Mick Jagger des Rolling Stones ou Jimi Hendrix, se l’approprient et le portent.

Récemment, le rose s’est à nouveau politisé. Après l’élection de Donald Trump en janvier dernier, des milliers de femmes se sont coiffées d’un « Pussy Hat » et ont défilé à Washington. Ce bonnet rose à oreilles de chat dénonce les propos sexistes formulés par l’actuel président des États-Unis. Il est devenu un symbole des luttes féministes.

Le « rose millenial »

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©NY Mag

Et si le rose n’était pas qu’une tendance passagère ? Les médias anglo-saxons se demandent actuellement s’il ne serait pas « la couleur d’une génération » : celle des enfants des années 2000, les « millenials ». Le « rose millenial », aussi appelé le « rose Tumblr » est une teinte entre saumon et pêche. Et elle serait partout, du film de Wes Anderson The Grand Budapest Hotel aux clips de Drake. Ce rose particulier serait androgyne et symboliserait la frontière de plus en plus poreuse entre les genres au XXIe siècle, selon New York Mag qui a décrypté le phénomène.

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