Que faut-il retenir de la Fashion Week ?
A regarder de plus près les 84 défilés du Printemps-été 2018 qui se donnaient ces jours-ci à Paris, on pourrait dire que la mode a pris un tournant plus léger. Plus près du corps, moins détaché du réel, moins conceptuel en un mot.
Publié le 05-10-2017 à 13h52 - Mis à jour le 05-10-2017 à 13h53
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5VM556FKA5HDBMOHZEH2NAPNDE.jpg)
A regarder de plus près les 84 défilés du Printemps-été 2018 qui se donnaient ces jours-ci à Paris, on pourrait dire que la mode a pris un tournant plus léger. Plus près du corps, moins détaché du réel, moins conceptuel en un mot.
Depuis quelques saisons en effet, on observait des vêtements larges, non pas androgynes mais plutôt unisexes. Le sweat et le sportwear avaient, dans toutes tribus de style, repris du galon jusqu’à arriver dans la grande distribution. Les matières rigides à tendance futuriste - du néoprène partout - cachaient les silhouettes qui se camouflaient dans les manteaux oversize à gogo. Les vêtements étaient, ou géants, ou géométriques, voire même un peu carrés. Sans doute d’ailleurs pour entrer dans les formats digitaux des boutiques online à travers lesquels on convoite et on consomme la mode. Le designer américain Alexander Wang n’avait pas hésité à dire : "Je fais des jupes courtes plutôt que des jupes longues, pour qu’elles passent dans l’écran carré d’Instagram…"
Il semblerait que la mode prenne un autre tournant, donnant raison, en cela, à Pascaline Wilhelm, tendanceuse, et directrice du salon Première Vision, le plus grand salon de la mode et du textile actuels. " La finesse redevient une notion importante dans un monde où, pour l’instant, nous vivons avec des propositions comme Balenciaga ou le Belge Glenn Martens de Y project [NdlR, qui proposent des vêtements volontairement oversize]. Mais on voit apparaître des matières plus fines..."
La notion de légèreté est réapparue, chez Dior, chez Dries Van Noten, chez Chanel (avec ces chapeaux et ces bottes translucides), ou encore chez Vuitton, mardi soir dernier, pour clôturer la Fashion Week.
A chaque fois, on aura été frappé par cette volonté de transparence, une transparence à laquelle on n’est pas habitué car elle montre beaucoup. Une proposition mode qui fait très clairement écho à la demande de transparence dans les autres champs de la société.
Et les Belges à Paris ?
Dries Van Noten est sans doute l’un des seuls créateurs qui résiste au rythme de la mode qui s’accélère. Alors que les marques font désormais des précollections et des collections croisières, des collections capsule, des collections online, et des collections "see now/buy now", DVN garde son cap. Et reste branché sur le monde réel, celui des saisons. La collection Printemps-été 2018, à l’hôtel de ville de Paris, avait une dimension rarement observée durant la Fashion Week. Le temps y passait à vitesse normale. On respirait, quoi. Haider Ackermann n’est pas belge mais, décidément, son travail a la force des grands issus de l’école d’Anvers. Sans se prendre les pieds dans le tapis de la tendance, il propose une mode qui a du chien et qui, mieux, n’a pas l’air compliquée. Distinction et sobriété. En complet rapport avec les nécessités de notre temps.
EN IMAGES - Dries Van Noten présente sa collection à la Fashion Week de Paris
A l’ouverture de la Fashion Week, Anthony Vaccarello, Belgo-Italien issu de La Cambre, avait sidéré le public assis religieusement sur l’esplanade du Trocadéro. Son défilé pour Saint Laurent avait dépassé la question d’un monde coupé en deux : il faisait défiler ensemble des femmes et des hommes. Ses robes du soir, délirantes et poétiques, étaient par ailleurs un vibrant hommage à Saint Laurent et à son amoureux duettiste Pierre Bergé, disparu très récemment.
Ann Demeulemeester, par Sébastien Meunier. Celui qui a pris la suite de l’Anversoise fait preuve d’exaltation tout en ne se perdant pas dans de grands discours fashion. La marque de fabrique de l’univers Demeulemeester demeure, en l’occurrence, ce noir de l’habit flamand, qui fait écho dans notre mémoire au noir du vêtement du peintre Jan Van Eyck dans son autoportrait présumé.