Le retour du cotonéaster

On les surnomme parfois "arêtes de poisson". Pourtant cette famille a de nombreux attraits.

Marie Noelle Cruysmans et Marie Pascale Vasseur
Le retour du cotonéaster
Le retour du cotonéaster

Ces arbustes et petits arbres polyvalents dotés d’étonnantes capacités d’adaptation possèdent des qualités qui auraient pu en faire une plante idéale. Hélas, leur réputation pâtit encore aujourd’hui, d’un usage intensif au siècle dernier. Utilisés à profusion dans les parcs et les lotissements, ils ont été victimes de leur succès et de leur facilité de culture.

S’ensuivit tout naturellement une période de désaveu. À cela s’est ajouté leur rôle dans la propagation du feu bactérien, cette maladie redoutée des vergers et qui affecte particulièrement les rosacées. Une famille très présente dans nos jardins. À la suite de l’infection, les fleurs et les feuilles des bouquets floraux flétrissent et noircissent subitement. La pointe des jeunes rameaux infectés se recourbe. Les organes atteints restent attachés à l’arbre. Les variétés très sensibles à la bactérie ont, alors, été interdites de plantation.

Une famille pleine d’attraits

Les cotonéasters constituent un genre de buissons magnifiques. La majorité de ces arbustes sont originaires de l'ouest de la Chine. L'éventail de leurs possibilités d'emploi les rend quasi incontournables au jardin. Leurs fleurs, leurs fruits rouges, noirs ou jaunes, leurs belles couleurs d'automne, le port souvent graphique des plus grands, permettent de les utiliser en bien des circonstances. Ils se révèlent parfaits en haies taillées au cordeau tandis que dans les haies champêtres, ils accueillent les oiseaux du ciel qui raffolent de leurs baies à l'arrière-saison. Ils se font couvre-sol pour garnir les talus. Les esprits espiègles voient en eux "le couteau suisse" du jardinage. Ce qui n'est pas faux. Il existe, en effet, un cotonéaster pour chaque situation. Ils ont aussi bien leur place dans les jardins formels que dans les jardins à l'esprit plus naturel. L'un d'eux a remplacé en toute modestie les buis dévastés par la pyrale, Cotoneaster x suecicus 'Coral beauty'.

Un vaste choix

Ils sont dans l’ensemble assez peu exigeants et s’adaptent à tous les sols sauf si ceux-ci sont trop compacts. Ils craignent l’excès d’humidité. Ces arbustes ont tout pour plaire aux jardiniers. Encore faut-il savoir lequel choisir. Le choix est vaste. Cela va du couvre-sol au petit arbre. La floraison de la majorité se produit en mai-juin selon la météo.

Les buissons

Parmi ceux qui dépasseront deux mètres avec le temps, il y a des classiques que l’on trouve sans difficultés puis des plus rares car moins célèbres.

Le C. franchettii, au feuillage persistant ou semi-persistant, selon les rigueurs de l'hiver, atteint 3m. Le port est très décoratif. C'est une espèce très populaire à juste titre. Les feuilles sont ovales et pointues, argentées sur le revers un peu duveteux. Elles prennent des couleurs rouge orange en automne. Les baies sont abondantes en septembre octobre. Une espèce voisine est tout aussi remarquable quoiqu'assez différente.

Le C. lacteus à feuillage persistant et grandes feuilles. Les fruits sont rouges et assez petits. Ils sont produits en grosses grappes ce qui lui donne un aspect très différent du précédent. Ils persistent tard dans l'année.

C. watereri 'Cornubia'fait partie d'un groupe d'hybrides à forte croissance 7m. Il a de beaux gros fruits abondants. 'Rothschildianus'a la particularité d'avoir des baies jaunâtres et un feuillage d'un vert plus tendre.

Un d'eux devrait être plus connu, le Cotoneaster lucidus. Arbuste modeste à feuille caduque, doué d'une croissance rapide, il permet de créer assez vite des haies denses et fournies. Il prend de très belles teintes rouge pourpre en automne. La floraison rose pâle est suivie de fruits noirs et brillants.

Les couvre-sol

C. horizontalis a un port tout à fait typique avec ses branches qui s'étalent en éventail et qui lui ont valu son surnom d'"arête de poisson". Il atteint 80 cm de hauteur mais peut aussi être palissé. Contre un mur, attachez-le au fur et à mesure pour qu'il fasse une tapisserie homogène, supprimez les branches mal venues.

C. dammeri est une espèce à tiges prostrées et feuillage persistant, idéale pour couvrir les talus et les espaces un peu déshérités sous les buissons. Planté au sommet d'un muret, il en camouflera les imperfections ou la laideur. Des hybrides de C. dammeri avec d'autres variétés intéressantes tel C. conspicuus ont donné le C. x suecicus 'Coral Beauty', qui avec un peu de patience, peut être taillé pour former des bordures intéressantes.

Conseils utiles

Plantez-les de septembre à avril. Paillez le sol l’année de plantation et arrosez régulièrement en cas de fortes chaleurs. Si des branches se dessèchent au cours de l’été, taillez-les au ras de leur intersection et brûlez-les. Désinfectez votre sécateur avec de l’alcool, et la plaie de taille avec de la bouillie bordelaise. Ensuite, restez vigilant et surveillez la plante, détruisez-la si les symptômes reviennent. C’est le signe en effet d’une attaque du feu bactérien, maladie sans remède et qui peut se propager aux autres rosacées présentes (pommier, poirier etc.)

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