Malines, l’histoire en vitrine

Une petite ville agréable et très vivante, à mi-chemin entre Bruxelles et Anvers. L’habitante la plus célèbre de Malines est assurément Marguerite d’Autriche, dont la statue occupe une position centrale sur la Grand-Place.

Jean-Marie Antoine

Une petite ville agréable et très vivante, à mi-chemin entre Bruxelles et Anvers. L’habitante la plus célèbre de Malines est assurément Marguerite d’Autriche, dont la statue occupe une position centrale sur la Grand-Place. Au début du XVIe siècle, la jeune veuve de Philibert le Beau, duc de Savoie, écrivit les pages les plus glorieuses de l’histoire de la ville en y installant le gouvernement des Pays-Bas bourguignons. Il s’agissait alors d’assurer l’indispensable intérim pendant la minorité de son neveu Charles, le futur et illustre empereur Charles Quint.

Marguerite, femme très cultivée, attira à Malines les artistes et les plus grands esprits de l’époque. Elle fit également construire un palais, de style gothique finissant, où apparaissent déjà des éléments Renaissance venus d’Italie. C’est ici que siégea aussi le Grand Conseil, institution judiciaire en forme de Cour Suprême qui rendait la justice sur les 17 provinces. Il devint successivement résidence de l’archevêque et siège du Grand Conseil.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment sert de palais de justice. Ses jardins renaissance se visitent également.

Mais le monument le plus emblématique de Malines, c’est la fameuse cathédrale Saint-Rombaut et particulièrement sa tour qui domine la cité et veille sur plus de 300 monuments protégés parmi lesquels 8 églises historiques situées dans le centre. La tour figure aussi en tant que beffroi sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Elle mesure près de 98 mètres au lieu des 167 mètres initialement prévus et qui auraient dû en faire la plus haute du monde chrétien. Mais Guillaume d’Orange est passé par là, confisquant les pierres pour construire la forteresse de Willemstad. Qu’importe, l’ascension de la tour inachevée, avec l’objectif de découvrir tout là-haut un splendide panorama, est une entreprise de haute lutte avec un total de 514 marches, réparties entre six paliers. Ce qui permet notamment, lors de la deuxième halte, d’admirer le plus gros des bourdons du carillon datant de 1480, soit le nommé Salvador qui affiche le poids respectable de près de 9 tonnes. Un niveau plus haut, le nouveau carillon (49 cloches pour un total de 40 tonnes) sert aussi de support aux exercices pratiques de la très sérieuse Ecole royale de carillon qui dispense un cycle d’études s’étendant de six à neuf ans.

Le saviez-vous ? Malines est l’un des centres européens (et sans doute le plus connu) de l’art campinaire, cet apprentissage des techniques musicales liées au carillon, autrement dit un ensemble de cloches qui s’activent de concert pour des prestations tout en harmonie.

Une fois revenu au niveau du sol, une petite visite de la cathédrale elle-même s’impose, pour admirer le maître hôtel baroque de marbre noir et blanc, le "Christ en croix" de Van Dijck, 25 panneaux des XVe et XVIe siècles racontant la légende de Saint-Rombaut, ou encore la magnifique chaire de vérité en style rocaille, garnie de petits animaux.

Retour sur la Grand-Place pour y observer quelques belles façades à pignon et volutes du gothique tardif et du style rococo. L’hôtel de ville est l’imbroglio architectural résultant de la réunion de parties de bâtiments anciens comme l’ancienne halle aux Draps, la base d’un beffroi qui n’a jamais vu le jour et encore le palais du Grand Conseil qui fut laissé à l’abandon pendant quatre siècles.

Au hasard de la promenade, on vous conseillera encore les magnifiques façades du Marché aux poissons, une place où se regroupent aussi des restaurants. Le quai aux Avoines présente un alignement de trois belles maisons du XVIe siècle, le quai au Sel est l’endroit de très belles façades en bois. On admirera ici la magnifique maison des poissonniers qui fut construite au début du XVIe siècle en style Renaissance, soit une réalisation architecturale d’avant-garde à une époque où le gothique régnait toujours en maître.

Sachez encore que le Grand Pont (c’est son nom) qui relie Ijzereleen à Guldenstraat est le plus ancien pont en pierres (XIIIe siècle) enjambant la Dyle. Dès le XIVe siècle, la Belgique s’est forgée une solide réputation dans l’art de la tapisserie, avec principalement les villes de Bruxelles et Tournai comme prestigieux foyers artistiques. Aujourd’hui, c’est la manufacture royale de Wit, établie à Malines depuis 1889, qui porte haut et loin la fierté nationale. Le responsable actuel, Yvan Maes De Wit, représente la quatrième génération de ce qu’on appelle des lissiers-restaurateurs.

Les plus grands musées du monde sont les principaux clients. Et si les magnifiques tapisseries du XVIIe siècle illustrant la vie de la Vierge resplendissent à nouveau dans la cathédrale de Strasbourg, c’est parce qu’elles ont connu une longue et minutieuse cure de jouvence dans les ateliers malinois où les techniques traditionnelles font noble cause artistique avec les technologies de pointe. La manufacture est établie dans un monument historique, le Refuge de l’abbaye de Tongerlo.

Elle y organise des visites guidées de ses bâtiments, de ses salles d’exposition et de ses ateliers.

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