Colombie, terre de tous les contrastes

Le pays, qui vient de signer un accord de paix avec les Farc, entend s’ouvrir au tourisme. Il y a, effectivement, mille raisons de s’y rendre.

Isabelle Monnart

Le pays, qui vient de signer un accord de paix avec les Farc, entend s’ouvrir au tourisme. Il y a, effectivement, mille raisons de s’y rendre.

C’est un pays qui traîne un reste de mauvaise réputation. Pour preuve, quand, trop heureuse, on lance à ses amis, “Je pars en Colombie”, les remarques fusent : “Mais qu’est-ce que tu vas y faire ? Du trafic de drogue ? Tu n’as pas peur ?” Peureuse, non. Mais curieuse, oui. Infiniment. Grand comme plus de 37 fois la Belgique (soit 1.142 millions de km²), ce pays est celui de tous les contrastes et de toutes les richesses. Café, bien sûr. Mais aussi émeraudes, orchidées, roses. De Bogota à Carthagène, de la cordillère des Andes à Armenia, de la montagne à la mer, ce sont autant de territoires à découvrir et d’histoires qui s’écrivent sous nos yeux.

Colombie, terre de tous les contrastes
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Les premières lignes, c’est sur la place Bolivar, dans la capitale, qu’elles s’écrivent. Sous une pluie soutenue, des pacifistes allument des bougies. Cela fait des mois qu’ils sont là, et ils entendent y rester jusqu’à ce qu’un accord soit signé avec les Farc. Quelques jours plus tard, tandis que nous déjeunons au bord d’un lac où frayent des truites arc-en-ciel, la télé annonce que cette fois, ça y est et c’est tout le pays qui pousse un ouf! de soulagement. À commencer par Diego Zapata, notre guide dans la région caféière d’Armenia. “Les gens sont fatigués de la guerre”, nous explique-t-il. “Aujourd’hui, le pays est sûr et j’espère que le tourisme va pouvoir se développer. Nous avons tellement de choses à offrir. Les cartels de la drogue et les Farc ont fait tellement de mal à la Colombie.

Après les maisons basses de la Candelaria – centre historique de Bogota –, le musée de l’or (lire ci-contre) et la basilique du Senor de Montserrate, perchée sur la colline, à 3.162 m, nous laissons derrière nous une ville grouillante de 8 millions d’habitants pour découvrir un autre visage de la Colombie. Celui des Andes et de ses kilomètres de galeries de mines de sel. À Zipaquira, dans une zone d’extraction désaffectée, a été érigée une cathédrale de sel. “Première merveille de Colombie”, selon un vote public, l’endroit est effectivement hallucinant. Dans le ventre même de la montagne, les stations du chemin de croix, stylisées à l’extrême, sont entièrement taillées dans des blocs de chlorure de sodium.

L’étape suivante de notre circuit nous emmène à Villa de Leyva, petite ville coloniale où la vie s’articule autour d’une majestueuse place de 14.000 m². Un véritable décor de cinéma. Sur la plus grande place de Colombie, datant du XVIe siècle, les festivals (astronomie, cerfs-volants, lumière) se succèdent tout au long de l’année. C’est une ville où il fait bon flâner et craquer pour l’artisanat (vraiment) local, où s’acheter un poncho en alpaga pour les froides soirées d’hiver. Voir le soleil se lever sur les Andes, depuis la terrasse de l’hôtel Plaza Mayor, tandis que les cloches de l’église appellent les écoliers à rejoindre leurs bancs est une expérience réellement inoubliable.

Colombie, terre de tous les contrastes
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Si les distances entre les villes visitées ne sont jamais très grandes, l’avion s’impose toutefois en Colombie, eu égard à la géographie. Les trois cordillères qui s’étirent du nord au sud compliquent singulièrement les déplacements par voie terrestre. C’est donc un saut de puce qui nous amène dans la région du café. Nous déposons les bagages à l’Hacienda Coimba, accueillis par les colibris qui butinent en toute quiétude. Gorgée de richesses – des avocats gros comme des ananas poussent lentement au bord de la piscine ! – la région est connue pour sa production de café (lire ci-contre). Nous la découvrons, au départ de Salento, à bord d’une jeep Willis, qui fait la fierté de leurs conducteurs. Sur un air de salsa, on déambule dans les plantations, jouant à cache-cache avec les nuages.

Même décor fantomatique dans la vallée de la Cocora, où les palmiers de cire lancent leurs interminables (jusqu’à 60 mètres) troncs dans les airs. La promenade dans la réserve naturelle restera comme l’un des moments les plus intenses d’un voyage qui n’en a pourtant pas manqué. Même Carthagène la bigarrée, la chaleureuse, aura du mal à rivaliser. Pourtant, cette perle des Caraïbes, où la fête est permanente, a elle aussi beaucoup à offrir. Porte d’entrée des esclaves venus d’Afrique, Carthagène fut une ville coloniale florissante. L’architecture – proche de celle de sa cousine La Havane – en témoigne, le métissage de la population également, qui se retrouve, au soleil couchant, sur les murailles de la Getsemani. Soit 11 kilomètres de fortifications qui enserrent le cœur battant de la cité.

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5 BONNES RAISONS DE DECOUVRIR LA COLOMBIE

Le musée de l’or Ouvert en 1939, le musée de l’or, à Bogota, fait partie des visites incontournables de la ville. Des milliers de bijoux, masques, objets rituels y sont exposés, qui donnent une idée de la richesse culturelle du pays. Le travail de l’or qui, dans la région, remonte à 500 avant Jésus-Christ, y est décortiqué, expliqué puis illustré d’innombrables merveilles. Qui ne sont qu’une infime partie des trésors d’autrefois puisque les Espagnols ont fondu des tonnes d’or pour en faire des pièces, ramenées au pays dans les navires qui, dans l’autre sens, transportaient les esclaves.

Les plantations de café Quatrième producteur de café (après le Brésil, le Vietnam et l’Indonésie), la Colombie ne cultive que l’arabica, dont on cueille les baies quand elles sont bien rouges. Historiquement, les plants poussaient à l’ombre des bananiers plantains ou à côté des bambous. Depuis le réchauffement climatique, ces précautions ne sont plus d’usage. Chaque plant produit entre 500 et 700 grammes de café par récolte, les deux plus importantes ayant lieu en mars-avril et en octobre.

La douceur de carthagène Quand Bogota n’affiche que 16 degrés, Carthagène, elle, fait monter la température. Plus de trente quand nous y étions. Si ce n’était la queue de l’ouragan Otto et de grosses pluies résiduelles, le dépaysement est donc total. Finir le circuit par la mer des Caraïbes est une très bonne idée puisqu’on y mêle visites et farniente au bord de la mer (ou de la piscine).

La majesté des andes Dans toutes les villes visitées, à l’horizon, s’étire la majestueuse cordillère. Sur ses sommets s’accrochent les nuages et, à tous les étages, la végétation est luxuriante. Sur les routes de montagne – les personnes sensibles au mal des transports n’oublieront pas leur petit médicament – le paysage change à chaque seconde : cultures, élevage, maisons colorées, champs de roses…

La vallée de Cocora Réserve naturelle protégée après que ses emblématiques palmiers de cire aient été surexploités, la vallée de Cocora est un espace hors du temps. Sur le sentier écologique qui nous mène au sommet de l’une des collines, notre guide nous explique comment des écologistes locaux s’investissent pour la sauvegarde des lieux. Ils proposent que chaque groupe plante un palmier, au terme de la visite. Le nôtre s’appelle Franco (comme le prénom du seul garçon de notre groupe, durant ce voyage). Et dans un siècle, il accueillera peut-être nos arrière-arrière-petits-enfants…

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