À bord d’une “croisière bien-être” sur le Rhin: dépaysement total
Proche et original, le tourisme fluvial fait des émules. Si l’escapade est brève, le dépaysement, lui, n’a d’égal que le confort à bord. Bien-être et bonne chère s’y conjuguent, pour repartir de plus belle à la découverte des perles de la vallée rhénane.
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Publié le 09-04-2023 à 15h08 - Mis à jour le 11-04-2023 à 15h47
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À trois arrêts de métro de la gare de Düsseldorf, on aperçoit le Rhin en longeant l’imposante bâtisse du Kunstpalast, le musée des beaux-arts. Une dizaine de minutes à pied plus tard, voilà qu’apparaît, amarré, le MS Viva One. Du long de ses 135 mètres, il ne dépasse que de peu la hauteur du quai, sans commune mesure avec les effarants paquebots marins.
Brèves formalités : réservations vérifiées, bagages étiquetés avant d’être acheminés vers la cabine indiquée. La passerelle passée, on découvre ce qui sera, pour quatre jours, notre logis au fil de l’eau. Le salon d’abord, avec le Panorama Lounge: moquette épaisse, sièges moelleux, bar fourni, et surtout grandes baies vitrées.
Le paysage défile
Le crépuscule descend. Battant pavillon suisse, le MS Viva One, bâtiment le plus récent de la flotte Viva Cruises, a levé l’ancre il y a une petite heure. Dans le lobby, passagères et passagers devisent, observent, sirotent qui un café, qui une bière, qui un smoothie. En toile de fond, collines et maisons se découpent sur le ciel que quittent les dernières lueurs du jour.
À cette période de l’année – notre escapade a eu lieu du 24 au 28 février –, nous explique Rony Broun, directeur des croisières pour le Benelux, “la majorité des armateurs sont en pause, mais Viva a un taux d’occupation de près de 80 % en hiver”. Étonnant? À moitié seulement. Car, si les bains de soleil sur le pont supérieur relèvent alors, sinon de l’utopie, du moins de l’aléatoire, les équipements à bord permettent quant à eux de profiter pleinement des vues romantiques de la vallée rhénane, mais aussi de s’offrir une pause bien-être réconfortante ou énergisante. Un massage tonique pour entamer la journée? Testé et approuvé. Une séance de sauna après une escale un peu fraîche? Chaudement recommandé.
Avec ses 88 cabines pour une capacité totale de 176 personnes (environ 130 lors de notre séjour), et une quarantaine de membres d’équipage, le bateau présente un aménagement optimal, élégant, contemporain, qui donne partout l’impression d’espace malgré ses dimensions compactes. Jusqu’aux cabines et à leur salle de bains, pensées avec soin, pour offrir une belle aisance.
Éloge de la lenteur
Trônant dans son poste de pilotage, le capitaine paraît très détendu. Sa fonction suppose cependant de 8 à 12 ans de formation. Et si, cet après-midi-là, le temps est clair, le soleil brille, il pilote un œil sur les écrans, un doigt sur le stick de commande, il devra bientôt négocier un passage délicat, aux abords du rocher de la Loreleï. Et les paramètres à prendre en compte en tout temps sont nombreux: vents, vagues, manœuvres…
Le tout à une vitesse moyenne de 12 à 15 km/h, dépendamment des courants, des eaux basses ou hautes, du trafic… Une vitesse peu ou prou équivalente à celle d’un vélo à l’allure tranquille; on se prend à s’imaginer sur deux roues, parcourant ces mêmes paysages le long du fleuve. On notera d’ailleurs que Viva a prévu quelques bicyclettes à emprunter (sur réservation) pour les visites matinales.
Si tout est mis en œuvre pour rendre plus que plaisant le séjour à bord – du cocktail de bienvenue du capitaine au dîner d’au revoir le dernier soir, en passant par les mille et une attentions du personnel –, le principe même d’une telle croisière est les escales, autant de visites concentrées en quelques heures à terre. Et c’est là que l’allure s’accélère…
Explorations express
Première étape de notre “croisière bien-être sur le Rhin”, Coblence (Koblenz en v.o., du latin Confluentes) se situe à la jonction du Rhin et de la Moselle. Sa riche histoire, ses abords boisés ponctués de châteaux et autre forteresse, ses églises, musées, demeures élégantes font de cette cité – également universitaire – une escale attachante. Haltes recommandées à la basilique Sankt-Kastor, et au Deutsches Eck, le coin allemand, où du haut de son monument Guillaume Ier embrasse du regard la confluence des fleuves.

Coblence se situe à l’orée de la vallée du Rhin romantique, avec ses paysages spectaculaires, son folklore et sa mythologie. Et notamment le célèbre rocher de la Loreleï. La légende veut que cette jeune fille – nymphe ou sirène – assise sur ce promontoire, chante d’une voix si ensorcelante que les marins qui l’entendent en oublient les courants dangereux, et chavirent.
C’est à Francfort que l’on s’éveille le lendemain matin, alors que le MS Viva One a emprunté pour un moment le Main, affluent du Rhin. L’escale dans la ville natale de Goethe sera la plus longue. Une chance, tant la métropole a de particularités à montrer. Centre économique de l’Allemagne, siège notamment de la BCE, la Banque centrale européenne – et parfois surnommée Mainhattan, en référence à la fois à la rivière qui la traverse et aux nombreux gratte-ciel qui composent son horizon –, Francfort affiche une histoire intense. Occupation romaine dans l’Antiquité, rôle de premier plan dans le Saint-Empire romain germanique au Moyen Âge, couronnements d’empereurs du XVIe au XVIIIe siècle…

Le 22 mars 1944, un bombardement massif détruit 80% de la ville. Après la guerre, les débats urbanistiques et politiques s’élèvent sur l’opportunité de reconstruire à l’identique ou de regarder vers l’avenir. Le résultat mêle plusieurs options, avec des reconstitutions fidèles (datant des années 1980), des formes hybrides, des bâtiments contemporains intégrant des vestiges anciens : ici une gargouille, là un portail baroque… Dotée à la fois de “la vieille ville la plus nouvelle du monde” et de tous les indicateurs verticaux de l’architecture ultracapitaliste, Francfort apparaît comme une juxtaposition paradoxale et passionnante.
On signalera aussi, sur la rive gauche du Main, le quartier des musées: art, histoire, cinéma, sculpture, technologies… le tout dans un environnement d’avenues arborées, aux demeures élégantes.

Vous reprendrez bien un peu de ville impériale? Troisième et dernière escale de notre croisière, voici Speyer (Spire en v.f.). Beaucoup plus modeste en taille, elle peut néanmoins s’enorgueillir d’une histoire mouvementée, et présente un charme certain. Tout proche du Rhin, avant la ville, le réputé Musée des Techniques est une option. Laissons-le de côté pour avancer, sous un ciel d’azur, vers la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption et Saint-Étienne. Avec ses quatre tours, ses deux dômes, sa façade à rayures, sa crypte, l’édifice n’est rien moins que la plus grande cathédrale de style roman au monde, classée en 1981 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Incontournable.
Impressionnante, et justifiant à elle seule une halte à Speyer, elle n’éclipse pourtant pas les autres attraits de la ville, avec ici une église baroque aux élégantes colonnes de bois, là une paisible place carrée, plus loin l’altière église gothique de la Commémoration et ses fameux vitraux, ailleurs un dédale de ruelles pavées bordées de maisons aux volets pimpants. Sans oublier la majestueuse Vieille Porte (Altpörtel), édifiée au XIIIe siècle.

L’heure est venue de rebrousser chemin vers le Rhin et notre bel hôtel flottant. Mais d’abord : un bretzel, ce nœud de pâte briochée salée, typique de ces contrées goûtées au rythme si particulier de la croisière fluviale.
En pratique
Comment y aller?
La voiture est une possibilité. Le train aussi, avec un très commode Thalys reliant Bruxelles à Düsseldorf en moins de 2h30.
Qu’est-ce qu’on mange?
À mille lieues des buffets pléthoriques mais dépourvus de personnalité, la cuisine à bord regorge d’originalité. Le Riverside Restaurant propose à chaque repas un choix d’entrées, plats et desserts – y compris systématiquement des options végétariennes ou vegan. Beaucoup plus intime, et sur réservation (sans pour autant sortir de la formule “all inclusive”), le Bistro peut accueillir midi et soir une trentaine de convives, avec sa propre carte, tout aussi alléchante. De même, le bar du Panorama Lounge offre une vaste gamme de boissons – de la tisane au champagne en passant par les cocktails, dont moult convaincantes propositions sans alcool.
Et le soir?
Tandis que le navire vogue vers sa prochaine destination, l’après-dîner est l’occasion de se retrouver dans le Lounge autour d’un verre, d’un jeu de société, voire d’un bingo ou une tombola. Bon enfant, détendue, jamais assourdissante, l’atmosphère supporterait une touche d’animation en plus. Rien cependant n’interdit l’amusement, ni ne fait obstacle au repos, histoire de profiter pleinement des découvertes au menu du lendemain.
La formule
Tout compris et sans surprise. Les seuls suppléments concerneront les visites guidées, facultatives et abordables.
La nouveauté
Avec pour langues d’usage l’allemand et l’anglais, les croisières Viva viennent d’élargir leur offre et, depuis ce printemps, proposent un accompagnement francophone sur une série de circuits Viva (Rhin, Danube, Rhin/Moselle, IJsselmeer, Rhône…)
Les infos
En agence de voyage, sur www.viva-cruises.com ou par téléphone +32.3.375.17.97 (B), +352.2786.20.00 (L)
On aime/On aime moins
Bravo
L’attention portée à l’écologie: équipement du pont supérieur en panneaux solaires qui fournissent une part non négligeable de l’électricité aux escales; réduction drastique de l’usage du plastique à bord (une bouteille réutilisable est fournie en cabine, et des fontaines sont disponibles, l’eau servie à table est filtrée et gazéifiée au besoin) ; vitesse mesurée de manière à réduire la consommation de carburant et, partant, l’émission de GES.
Bémol
La brièveté des escales: modeste bémol, s’il en faut un. Trois ou quatre heures de temps à terre peuvent laisser un goût de trop peu quand il s’agit de découvrir les villes remarquables qui jalonnent le parcours.