Une Côte d’Albâtre qui vaut de l’or
Des falaises d’Étretat à la ville du Havre, deux destinations qui n’ont pas la même notoriété mais qui méritent toutes deux le voyage.
- Publié le 30-07-2023 à 14h05
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La Côte d’Albâtre longe une partie de la Manche. Elle commence à Dieppe qui marque la limite du pays de Caux. Elle descend ensuite vers l’embouchure de la Seine en suivant les 130 kilomètres du littoral de la Seine-Maritime. Elle comprend plusieurs villes à destination touristique dont Le Tréport, Fécamp et Étretat pour s’arrêter au Havre.
La région est connue mondialement grâce aux falaises d’Étretat, un des sites les plus visités de France, ce qui ne va pas sans poser problème pour la quiétude des habitants et le confort des touristes. En effet, lors des périodes de grande fréquentation, la ville est littéralement envahie par un flot de voitures et stationner devient problématique. Il en va de même pour la visite des falaises dont la découverte suscite d’immenses chapelets de visiteurs.
Mieux vaut donc, quand cela est possible, décaler sa visite à des périodes plus creuses de l’année. Car il se pose également la question de la préservation du site. Formées sous l’eau il y a plusieurs millions d’années, les falaises semblent éternelles mais elles n’en demeurent pas moins fragiles et sont en constante mutation : le vent, les marées, l’infiltration d’eau de pluie, le gel puis le dégel les fragilisent : l’érosion provoque des éboulements réguliers et le retrait de la falaise. Un projet de labellisation nationale "Grand Site" est en cours. Il permettra de mieux valoriser et préserver les lieux.
Dans cette optique, ainsi que pour la sécurité des promeneurs, il est ainsi demandé de rester sur les chemins balisés et de ne pas ramasser de galets sur la plage, ces derniers servant de rempart naturel contre les tempêtes.
Quinze jours avant Lindbergh
Les falaises d’Étretat ont de tout temps fasciné les imaginations. C’est dans l’Aiguille creuse, un piton rocheux situé face à la porte d’Aval, au sud d’Étretat, que Maurice Leblanc situe le décor d’une des plus fameuses aventures de son héros Arsène Lupin. Et c’est de la falaise d’Amont, située de l’autre côté de la ville, que s’envolèrent, en 1927, les aviateurs Nungesser et Coli pour une traversée de l’Atlantique dont ils ne revinrent jamais. Quinze jours plus tard, Charles Lindbergh réussissait l’exploit dans le sens inverse.
À une heure de route environ d’Étretat se trouve Le Havre. Changement radical de décor. Nous nous trouvons dans une grande ville, deuxième plus grand port de France et bien moins victime du surtourisme. Ce n’est pas une raison pour la négliger. Entièrement détruite en septembre 1944 par les bombardements américains, la ville fut reconstruite en partie grâce à des capitaux alloués par l’Oncle Sam qui entendait ainsi payer sa dette. Cela a permis de faire appel à de grands architectes comme Oscar Niemeyer, Jean Nouvel et, surtout, Auguste Perret. Cela a valu au Havre d’être inscrite au Patrimoine mondial de l’Humanité pour la modernité de sa reconstruction.
C’est vrai que Le Havre a de quoi intéresser le visiteur curieux qui ne recherche pas que les bains de mer (encore que, sur ce plan, il y a ce qu’il faut du côté de Sainte Adresse.)
Pour bien comprendre cette ville, il faut commencer par visiter l’appartement témoin Perret. Le saut dans le temps est garanti. Vitrine des créateurs des années cinquante dont les formes inspirent encore les designers actuels, cet appartement offre des volumes et une distribution très contemporaine, une luminosité étonnante. Séduction assurée.
Le Volcan de Niemeyer
On montera aussi au 17e étage de la tour de l’Hôtel de Ville afin de comprendre la géographie de la cité. Le panorama est à couper le souffle. On aperçoit les courbes blanches du Volcan de Niemeyer (Théâtre et bibliothèque), baptisé ainsi en raison de sa forme, l’avenue Foch (les Champs Elysées havrais) débouchant sur les deux tours de la Porte Océane, et, bien sûr, la tour lanterne de l’église Saint-Joseph, l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture du XXe siècle.
Face aux jetées du port, le premier musée reconstruit après-guerre, conçu au départ comme musée Maison de la Culture, a été inauguré en 1961 par André Malraux. Ce bâtiment conjugue toujours, soixante ans après son ouverture, élégance et modernité. Ses collections impressionnistes (fruit d’acquisitions, de legs, de dons, de dations) sont les secondes de France après celles d’Orsay. Le mouvement fauve y est aussi dignement représenté : Dufy, Friesz, Marquet, Derain, Van Dongen… Autant dire que sa visite est incontournable.
Le Havre n’est pas seulement une vitrine de l’architecture moderne. C’est, aussi, une ville qui s’est ouverte à l’art sous l’inspiration de son ancien maire, Antoine Rufenacht, et de son successeur actuel, Édouard Philippe. C’est ainsi que le parcours "Un été au Havre" permet d’arpenter les rues de la ville à la découverte d’œuvres d’art d’une grande originalité.
Comme Le Havre est un port de mer, une visite du bassin s’impose, à la découverte des navires d’aujourd’hui, essentiellement de gigantesques porte-conteneurs venant d’Amérique du Sud ou d’Extrême Orient mais aussi pétroliers et navires de croisière car Le Havre est une escale importante du tourisme maritime. Richard Mermin et Charles Furic, à la barre du "Ville du Havre" vous attendent sur le ponton d’embarquement de la digue Olsen. Ils vous emmènent au plus près de ces géants des mers
Siège du gouvernement belge
Au Havre, la plage est en ville ! Depuis la gare ou le centre-ville, en voiture, à pied ou en tramway s’y arrêtant en mode terminus, la plage, longue de plus de deux kilomètres, est immanquable, incontournable et cela en toutes saisons. La promenade de la plage du Havre s’étend jusqu’au "Bout du monde" à Sainte Adresse, les baigneurs s’arrêteront probablement avant, à proximité de l’Estacade, ou des bars-restaurants à la vue imprenable. On rappellera que c’est à Sainte Adresse que s’est réfugié le gouvernement belge entre 1914 et 1918. Une plaque sur le bâtiment commémore cet épisode ainsi qu’une statue du roi Albert Ier.
On l’a compris, loin d’une image de port austère et gris, la ville s’est métamorphosée en une cité où il fait bon vivre, animée et conviviale, avec une offre culturelle riche et parsemée, en outre, de bonnes tables. Épinglons "Le Chat bleu" à Sainte Adresse, bistrot bio, "Les fauves", le restaurant du Muma, "Chez André", une adresse très recommandable dans le quartier du port ou dans un registre haut de gamme, "Les enfants sages" ou "Le Lyonnais"
Adresse utile
Le Havre et Étretat disposent d’un office de tourisme commun.
Le Havre Étretat Normandie Tourisme, 186 boulevard Clemenceau, BP 649, 76059 Le Havre, 00.33.2.32.74.04.04.
Bureau d’information d’Étretat, Place Maurice Guillard, 76790 Étretat, 00.33.2.35.27.05.21