Votre patrimoine et votre pension sous pression : comment y faire face ?

La pression fiscale belge devrait légèrement diminuer sur les revenus du travail (actuellement parmi les plus taxés au monde !), mais l’objectif de cette réforme n’est point de diminuer les recettes fiscales de l’État, mais bien de les faire basculer vers d’autres assiettes imposables, notamment sur le patrimoine et la pension. Comment y faire face ? Réponse avec Gauthier Ramaekers, planificateur financier et associé chez Pareto.

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Gauthier Ramaekers, on parle de plus en plus de réforme fiscale en Belgique. Pourriez-vous nous dire quels projets sont actuellement sur la table ?

Une légère diminution fiscale sur les revenus professionnels est prévue (du moins sur les premières tranches d’imposition) mais dans le contexte actuel de déficit budgétaire, l’État ne peut pas se permettre de trop perdre – il s’agit donc là d’un tax shift – et la taxation va irrémédiablement basculer ailleurs. La première douloureuse qui est sur la table concerne la taxation des loyers réels pour tous les bailleurs. Il semble cependant que le ministre des Finances ait abandonné ce projet faute d’accord politique sur ce point. En revanche, la réforme fiscale n’a toujours pas abouti et on n’est peut-être pas encore au bout de nos surprises…

Le deuxième secteur touché est celui des plus-values boursières et immobilières. Aujourd’hui, ces dernières sont totalement exonérées dans le chef d’une gestion en bon père de famille. Un taux forfaitaire de 15 % serait d’application avec la possibilité de déduire les moins-values. Pour les immeubles (actuellement après cinq ans de détention, la taxation sur plus-value tombe), une taxation de 15 % serait d’application. Cela nous mènerait donc indirectement à une double taxation immobilière puisque nous payons déjà des droits d’enregistrement élevés lors de l’achat d’un bien.

Cette réforme fiscale affectera également les pensions. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Les dirigeants d’entreprises qui se constituent une pension complémentaire ne seront peut-être plus confrontés à la règle des 80 % (la somme du montant de la pension légale estimée et des capitaux de pension complémentaire du dirigeant, convertis en rente, ne peut dépasser 80 % de son revenu imposable brut actuel). On se dirigerait vers un système plus simple et a priori plus avantageux où le dirigeant pourra cotiser jusqu’à 12 % de son salaire s’il gagne jusqu’à 71.000€ et jusqu’à 32 % s’il gagne davantage. Attention, néanmoins, que l’on envisage des mesures pour taxer plus lourdement le capital lorsqu’il sera perçu à la pension…

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En tant qu’expert, quels conseils pourriez-vous nous donner ?

Étant donné que l’environnement fiscal continue à être en mouvement et que la charge fiscale sur notre patrimoine est de plus en plus lourde, il est primordial de planifier son avenir de façon plus rigoureuse encore que par le passé.

Comment expliquez-vous que la charge fiscale soit de plus en plus lourde ?

C’est surtout lié au problème de la pyramide des âges qui s’inverse peu à peu. Autrefois, le système créait 3, 4 ou 5 travailleurs pour un pensionné, mais aujourd’hui, seulement 2 ou 3. Avec un travailleur pour un pensionné annoncé dans un futur proche, nous pouvons craindre le pire où l’État ne pourra plus subventionner les pensions légales de tous les pensionnés. Pour colmater la brèche, nous conseillons aux futurs pensionnés de se constituer un patrimoine complémentaire ; notamment via le 2ème et 3ème pilier, que l’État encourage d’ailleurs…

Quels sont ces piliers ?

Le premier est la pension légale, qui est annoncée à 67 ans après 2030. Mais comme je l’appréhende, celle-ci risque d’être insuffisante pour s’assurer une retraite confortable. Vient alors le deuxième pilier, qui concerne les montants épargnés pour la pension dans le cadre de l’activité professionnelle. Pour les employés, il s’agit de ce que l’employeur prévoit pour ses travailleurs, comme l’assurance-groupe, par exemple. Pour les indépendants, je citerais l’EIP (Engagement Individuel de Pension). Dans ce cas, c’est le dirigeant d’entreprise qui cotise pour sa pension complémentaire à travers sa société. Épinglons aussi la PLCI (Pension Libre Complémentaire pour Indépendants). Des avantages fiscaux sont prévus pour toutes ces mesures.

Il existe également une épargne-pension pour tous, qu’il s’agisse d’employés ou d’indépendants…

Oui, il s’agit là du troisième pilier… Elle concerne les résidents âgés de 18 à 65 ans. En pratique, vous investissez annuellement jusqu’à 990 euros avec un avantage fiscal de 30 % (soit 297 euros). En parallèle, il existe aussi l’épargne à long terme, permettant de cotiser jusqu’à hauteur de 2.350 euros par an. Cette épargne est moins populaire que la précédente car elle prend en compte l’amortissement en capital de votre emprunt hypothécaire et le plafond est donc rapidement atteint pour peu que l’on ait souscrit un emprunt pour financer son bien. Toutefois, il arrive que les propriétaires qui ont fini de payer leur maison, parfois vers 50 ou 55 ans, oublient cette possibilité, pourtant très attractive. Ce 3ème pilier est également sous pression et certains préconisent même sa suppression.

Chez PARETO, nous encourageons nos clients à profiter de ces niches fiscales tant qu’elles existent, sachant que les avantages fiscaux ne seront plus attribués pour les contrats d’épargne à long terme souscrits à partir de 2024…

Venons-en maintenant au 4ème pilier…

Oui, en effet, il existe un 4ème pilier, qui représente en moyenne plus de 50 % des besoins nécessaires aux pensionnés afin qu’ils puissent conserver leur train de vie et compléter leur pension légale. Il s’agit des autres éléments du patrimoine, qui incluent tant l’épargne constituée que les placements mobiliers et immobiliers.

Face aux mesures annoncées, il est plus que jamais primordial de s’organiser et de planifier son avenir financier afin de se garantir une retraite sans souci, d’éviter au mieux les taxes actuelles et de planifier la transmission de son patrimoine pour éviter une imposition supplémentaire lors du décès.

Infos : www.pareto.be

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