Enfin un cadre wallon dans le vent

Un nouveau "cadre de référence" des éoliennes voit le jour en Wallonie. Une plus inédite cartographie y est jointe. Celle-ci sera définitive après consultation des communes et enquêtes publiques.

Enfin un cadre wallon dans le vent
©Jean-Luc Flémal

Décoiffant. C’est en pleine apparence de déglingue sur le front même de l’énergie que le gouvernement wallon PS/Ecolo/CDH a sorti, jeudi, des décisions éoliennes qu’il reportait de semaine en semaine et que l’on attendait depuis des mois Comme prévu, elles sont doubles, et restent à compléter par un décret (pour début 2014 ?) fixant notamment les partenariats et retombées des implantations. Elles s’inscrivent dans l’objectif gouvernemental, objectivement ambitieux, d’atteindre une production électrique en énergies renouvelables de 8 000 giga watts en Wallonie à l’horizon 2020, dont plus de la moitié (4 500 GWh) à assurer par l’éolien.

Trois fois plus de mâts

Dans le reste, on trouve notamment l’énergie solaire. Les objectifs prévus y sont d’ores et déjà atteints, non sans les dérapages financiers dans le photovoltaïque que l’on sait et que d’aucuns font mine de découvrir En revanche, pour l’éolien, on est encore loin du compte. La capacité aujourd’hui se situe à hauteur de 1 250 GWh. Autrement dit, davantage de mâts restent à construire que ceux qui parsèment déjà les campagnes wallonnes avec plus ou moins d’ordre et de bonheur. On table sur quelque 80 nouveaux mâts par an, en moyenne, d’ici à 2020. Soit à peu près le triple (tout dépend évidemment des puissances) des 260 mâts existants ! Concrètement, ce ne sera pas rien. Ainsi, courant 2012, le ministre de l’Aménagement du territoire, Philippe Henry (Ecolo), a octroyé des permis pour 70 nouveaux mâts dont pas plus de 15 ont été installés, pour cause de recours devant le Conseil d’Etat.

Au fait, ces dernières années, l’attente de nouvelles balises a ralenti les implantations, entre 2008 et 2011. "Il n’y a jamais eu de moratoire, mais une certaine hésitation des promoteurs, c’est vrai", convient le ministre. Et si le mouvement a donc repris l’an dernier, c’est dans un flou souvent décrié. Voici que les nouveaux instruments visent à le dissiper. En tout cas, tant la fédération d’entreprises Edora (ci-contre) qu’Inter-Environnement ont exprimé, dès hier soir, leur satisfaction globale. Il y a là un enjeu énergétique solide : 4 500 GWh couvriraient les besoins d’1,2 million de ménages. Des enjeux économiques aussi. L’éolien wallon, indique le ministre de l’Energie, Jean-Marc Nollet (Ecolo), concerne aujourd’hui 80 entreprises en Wallonie et y pèse 3 500 emplois; "il pourrait y avoir le double". Bref ?

1 Le cadre de référence. C’est celui qui définit les règles et critères d’implantation des éoliennes dans les années à venir. "On ne peut pas les mettre n’importe où, rappelle Philippe Henry. Les demandes locales n’intègrent pas toujours toutes les contraintes. Or, il y en a beaucoup, il faut une approche d’ensemble." L’actuel cadre datait de 2002, aux premiers coups de pales; c’est dire s’il pouvait être dépassé. On annonce ici (*) 45 pages de textes assez techniques sur la taille, la visibilité, l’encerclement, les distances Ainsi, la distance minimale entre les zones d’implantation d’éoliennes et les habitations sera égale à trois fois la hauteur des mâts.

Priorité au long des autoroutes

Et puis, priorité sera donnée à la pose d’éoliennes le long des grandes infrastructures : voies ferroviaires et en tout cas autoroutes. Ici, le ministre des Travaux publics, Carlo Di Antonio (CDH), avance le chiffre de 250 éoliennes à implanter au long des 874 kilomètres autoroutiers wallons. La Sofico en serait l’opérateur, public donc. Il n’y aurait là que des avantages : de recettes pour l’organisme régional et donc pour le budget wallon; de simplicité des procédures foncières; d’intégration dans le paysage que l’on dit idéale; enfin de nuisances sonores puisque le bruit du trafic couvre celui des pales

2Une cartographie. Si le cadre est une resucée, la carte est une nouveauté. Le précédent ministre de l’Energie et du Territoire, André Antoine (CDH), s’y était toujours refusé, par crainte de spéculation foncière sur les sites d’implantation identifiés. L’inconvénient, c’est qu’on pouvait en arriver à implanter n’importe où, sur le ton "premier arrivé/premier servi", parfois sur un terrain moins indiqué et même moins venteux qu’une zone contiguë. Le compromis, c’est le concept de cette carte. Il ne s’agit pas de préciser le lieu d’implantation des mâts. Il s’agit de découper tout le territoire wallon en portions de taille suffisante pour envisager les implantations de manière cohérente. "Il y a des lots partout", ajoute Philippe Henry, hormis des espaces d’exclusion, où à chaque fois sont identifiés potentiels venteux et "zones les plus favorables".

Carte encore indicative

Les permis actuels vont suivre leur cours, mais examinés selon le nouveau cadre, d’application immédiate.

La cartographie, elle, n’a pas fini de faire du vent. Elle va être envoyée sous peu dans son état actuel aux communes, qui auront quelques semaines pour réagir. Sur base de ces avis, le gouvernement lancera les enquêtes publiques à la mi-avril. Après quoi le gouvernement adopterait la cartographie définitive d’ici à la fin 2013. Enfin, le futur décret éolien lui donnera "plus d’importance" [?] , dit-on au gouvernement, à un niveau contraignant qu’il reste sans doute à préciser encore.

(*) Cadre et cartographie, adaptés aux derniers arbitrages d’hier, devraient être consultables dans les prochains jours, au moins sur les sites des ministres Henry et Nollet.

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