La Belgique est-elle schizophrène à propos de la tarification du carbone ?
Publié le 05-12-2018 à 15h44 - Mis à jour le 05-12-2018 à 16h58
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Notre pays va refuser de s'associer à une proposition française dans le cadre de la COP 24.
Un âne ne bute pas deux fois sur la même pierre, dit un adage que semblent ignorer les responsables politiques belges. Après s'être illustré par son attitude d'opposition lors d'un vote sur les objectifs européens en matière d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique ce mardi, notre pays s'apprête en effet à refuser de se joindre à une déclaration de plusieurs pays européens visant à renforcer et étendre le principe de la taxation carbone au sein de l'Union européenne à travers une collaboration accrue entre les Etats membres.
Cette proposition - formulée par la France dans le contexte de la réunion des Nations unies sur le climat qui se déroule actuellement en Pologne (la COP 24) - vise à accentuer le « signal prix » adressé aux acteurs économiques en leur donnant une visibilité sur le long terme. Elle doit permettre d'encourager l'orientation des investissements vers les technologies et les mesures permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Une « taxe carbone », pour dire simplement les choses, qui peut prendre plusieurs formes et qui s'applique déjà au secteur industriel via le système d'échanges de quotas d'émissions européen. Une philosophie qui est appelée à s'étendre aux autres secteurs (transport, bâtiments…). Le texte en question prévoit que les pays signataires se réfèrent aux recommandations établies par les économistes Nicholas Stern et Joseph Stiglitz pour élargir ces mesures et les faire progressivement converger au niveau de l'Union "prenant en compte les circonstances nationales".
Schizophrénie belge
Après analyse, cette nouvelle tentative qui a pour but de rehausser les ambitions européennes pour les mettre en droite ligne avec l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne mondiale à 1,5 °C a été recalée par la Belgique. Celle-ci ne serait « pas en ligne avec la position belge définie antérieurement ».
Une justification piquante quand on sait qu'une résolution interparlementaire récemment adoptée par tous les partis (à l'exception du PTB) engageait nos gouvernements à « oeuvrer, au niveau européen, en faveur de l’instauration d’une contribution carbone, selon le principe pollueur-payeur, pour décourager l’usage des énergies carbonées. »
Une approche à laquelle se sont en outre montrés favorables les représentants des administrations régionales et fédérales, des entreprises, des syndicats, des ONG, des associations de consommateurs et du monde académique rassemblés dans le cadre du « Dialogue national » organisé sur ce thème il y a quelques mois.