"Si ça ne change pas radicalement dans les prochaines semaines, ça va être la catastrophe" : l’huile d’olive espagnole menacée par la sécheresse

La situation est très préoccupante en Espagne, qui fournit en temps normal 50 % de l’huile d’olive mondiale.

AFP

Production en berne et risque de pénurie : en Espagne, premier producteur mondial d’huile d’olive, la sécheresse et les températures anormalement élevées font craindre un désastre pour le secteur, déjà ébranlé par une année 2022 très difficile.

En près de quatre mois, seules quelques gouttes d'eau sont venues arroser les sols. Pas de quoi étancher la soif des arbustes. Propriétaire de 10 hectares d'oliviers et secrétaire général de l'Union des petits agriculteurs (UPA) d'Andalousie, centre névralgique de l'olive espagnole, Cristobal Cano n'avait jamais vu de situation aussi inquiétante en vingt ans de carrière. "Si ça ne change pas radicalement dans les prochaines semaines, ça va être la catastrophe", avertit-il.

Selon l’Agence météorologique Aemet, le cumul de précipitations depuis le 1er octobre est inférieur de 25 % à la normale sur le territoire espagnol, et de 50 % dans une grande partie de l’Andalousie, où les réservoirs d’eau ne sont plus qu’à 25 % de leur capacité. Ce manque criant de précipitations a été aggravé fin avril par une vague de chaleur exceptionnellement précoce. Un record absolu pour un mois d’avril en Espagne continentale a été atteint à Cordoue, en Andalousie, avec 38,8°C. Une température digne du mois d’août.

"Cela a coïncidé avec la floraison" des oliviers, souligne Rafael Pico, directeur de l'association de producteurs et exportateurs Asoliva, qui craint de voir les fleurs sécher sur pied. Or "sans fleurs, il n'y a pas d'olives, et sans olives, il n'y a pas d'huile", soupire-t-il.

"Au bord du gouffre"

Pour l'Espagne, qui fournit en temps normal 50 % de l'huile d'olive mondiale, avec près de trois milliards d'euros d'exportations par an, la situation est d'autant plus préoccupante que la filière sort d'une campagne 2022-2023 calamiteuse. En raison du manque d'eau et des températures extrêmes déjà, la production espagnole d'huile d'olive a enregistré une chute de 55 %, par rapport à la saison précédente, selon le ministère de l'Agriculture. Et le scénario est bien parti pour se répéter cette année. De quoi mettre en péril de nombreuses exploitations. "Une mauvaise année, on peut s'en remettre, cela fait partie des aléas de l'agriculture. Mais deux années consécutives, ça va être un désastre. Beaucoup sont déjà au bord du gouffre", assure Rafael Sanchez de Puerta, directeur général de Dcoop, première coopérative oléicole d'Espagne.

Une situation qui va se répercuter sur les consommateurs. "Le prix mondial de l'huile d'olive dépend en grande partie de ce qui se passe en Espagne", rappelle Rafael Pico, qui anticipe des tensions sur le marché. Ces derniers mois, le prix de l'huile a de fait déjà bondi de 10 %. Une tendance qui risque de se poursuivre.

À voir également sur LaLibre.be

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...