Quels sont les risques sanitaires des incendies au Canada ? "Cela posera des problèmes à court ou moyen terme"
Les images ont fait le tour des écrans.
- Publié le 09-06-2023 à 06h43
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Les photos de la ville de New York, embaumée par un inquiétant voile orangé inspirent un climat d’apocalypse. Tandis que l’air est devenu quasi irrespirable, dans les rues de la grande métropole les passants se recouvrent le visage de masques rappelant l’ère pandémique.
Se propageant sur des milliers de kilomètres, la fumée issue des feux de forêt en cours au Canada, composée de gaz et de particules fines toxiques, est dangereuse pour toute personne pouvant l'inhaler. "L'inhalation des gaz ou particules toxiques agresse l'épithélium, c'est-à-dire la membrane qui protège nos bronches, un peu comme la peau qui protège la surface de notre corps. Lorsque cette membrane est agressée, elle libère des substances chimiques qui induisent une réaction inflammatoire dans les voies aériennes pouvant poser des problèmes à court ou moyen terme", explique Alain Michils, pneumologue à l'hôpital Erasme à Bruxelles. Les risques pour la santé augmentent également avec la durée d'exposition et la quantité d'air polluée inspirée.
Multipliant les messages d'alerte depuis le début de la semaine, le gouvernement américain a appelé ses concitoyens dont la santé est fragile à "prendre des précautions" face à la dégradation de la qualité de l'air.
Des risques cardiaques
Pour Didier Cataldo, pneumologue et chercheur à l'Université de Liège, la fumée d'incendie peut toucher tout le monde mais les personnes dites plus vulnérables aux méfaits de la fumée sont celles qui souffrent déjà de pathologies respiratoires, comme les asthmatiques, sensibles aux bronches, mais également les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires : "Une petite série des particules inhalées circulant dans le sang, après être entrée par les poumons, peut avoir des effets sur la coagulation mais également sur la composante vasculaire, soit un dysfonctionnement des vaisseaux. L'exposition à cette série de particules peut induire une proportion plus importante à réaliser des AVC, infarctus ou myocardes", explique-t-il. Les enfants, "respirant plus vite, plus d'air et généralement plus actifs" ainsi que les personnes âgées sont également des populations à risque.
Ce qui interpelle le Docteur Michils concernant la fumée, c'est l'étendue et l'importance des feux d'une ampleur ravageante : "Contrairement à ce qu'on a pu observer dans le sud de la France ou en Belgique, les feux au Canada sont d'une tout autre grandeur. La production de particules toxiques est donc bien plus importante", affirme-t-il.
Pour se protéger au mieux, les recommandations des spécialistes sont unanimes : limiter les activités extérieures afin d’éviter au maximum le contact avec les particules toxiques mais également porter un masque FFP2 ou M95 si on doit absolument circuler à l’extérieur.
La fumée peut causer des maux de tête, des étourdissements, des difficultés respiratoires et une toux légère. Face à une exposition plutôt modérée, les premiers symptômes se manifestent dans une phase tardive, soit après plusieurs heures à quelques jours, note le Dr Michils. En revanche lorsque l’exposition est dite massive, "la paroi bronchique peut être détruite, ce qui induit des dégâts plus immédiats".
D’une intensité considérable, les brasiers du Québec ont généré des panaches de fumée dans plusieurs villes américaines, dégradant fortement la qualité de l’air. Touchant les milieux urbains, une question se pose : celle du contact des particules toxiques émises par les feux de forêt avec les polluants urbains.
"En émettant de grandes quantités de CO2, le risque de propagation de la fumée d'incendie dans les villes, est juste de rajouter des polluants. L'effet n'est pas multiplicateur simplement additionnel", explique Didier Cataldo. Dans l'après-midi de mercredi à New York, l'indice de pollution de l'air a connu un pic record jamais atteint par la ville, s'élevant à 484 sur une échelle de 0 à 500.