Des céréales bio pour dormir sur ses deux oreilles ? Un vieux concept remis au goût du jour par deux jeunes Belges
À peine sortis de leurs études en marketing, Assia et Vincent lancent leur entreprise, Millet pillow, qui fabrique des oreillers écoresponsables en cosses de grains millet, pour des nuits plus confortables.
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- Publié le 30-08-2023 à 10h35
- Mis à jour le 30-08-2023 à 10h36
Belge, écoresponsable, durable, ergonomique, recyclable… L’oreiller en cosses de grains de millet, tel que conçu par ce couple d’étudiants fraîchement diplômés en marketing, est bel et bien dans l’air du temps.
Dans l’atelier d’assemblage, une entreprise de travail adapté qui se situe à Limal, Assia Beksultanova et son compagnon de vie et d’aventure professionnelle, Vincent Le Gal, ne sont pas peu fiers de vous conter l’histoire de leur petite entreprise. Elle, née en Russie et arrivée en Belgique à l’âge de 5 ans, âgée de 26 ans et lui, d’origine française, à l’aube de ses 28 printemps, ont manifestement l’entrepreneuriat dans le sang. “Lors de nos études en marketing à Namur, dans le cadre du travail de fin d’études, nous avons dû monter une petite entreprise de A à Z, se lance Assia. L’idée de l’oreiller en grains de millet est née d’un concours de circonstances”.

Plusieurs éléments étaient en effet réunis pour qu’aboutisse ce beau projet. “Mon père est ostéopathe, enchaîne Vincent. Dans sa patientèle, il rencontrait beaucoup de personnes souffrant de problèmes au niveau des cervicales et des lombaires. Malgré les séances, ces patients n’étaient pas soulagés. En cherchant les causes de leur problème, il a pensé aux oreillers. Les gens ont souvent tendance à investir dans le sommier et le matelas. Or, l’oreiller a lui aussi un réel impact sur la santé. Cette même année, j’ai lavé mon oreiller en plumes. Cela a fait des boules à l’intérieur. Impossible de retrouver le même confort. Mon papa dormait déjà avec un oreiller en céréales, en l’occurrence du sarrasin. C’est alors que l’idée de l’oreiller en grains de millet, dans le cadre du travail de fin d’études, a surgi”.
L’essayer, c’est l’adopter
Aussitôt fait et, dans la foulée, après avoir été essayé par le papa ostéopathe, l’oreiller est adopté. “Nous avons fait un test sur une cinquantaine de personnes qui semblaient satisfaites, complète Assia. Nous avons pu observer qu’il y avait un bon soutien des cervicales et que cela améliorait le problème des personnes qui avaient des douleurs au niveau de la colonne dans le bas du dos. Cet oreiller permet en effet un meilleur alignement des vertèbres”.
Ils en sont clairement convaincus : leur produit est de qualité. “Quand on a rendu notre travail de fin d’étude, on s’est dit que c’était vraiment le moment de faire quelque chose de réel et de ne pas rester dans le fictif”. De fait, les choses ne traînent pas : diplômé en septembre 2021, le couple lance son entreprise, Millet Pillow (qui sera prochainement rebaptisé), en octobre de cette même année.

Un vieux concept remis au goût du jour
Les oreillers en millet ne sont cependant pas une invention de ces deux jeunes. “Ils existent déjà depuis les années 1800 en Allemagne où ils sont aujourd’hui encore assez populaires, souligne Vincent. C’est simplement un vieux concept que l’on a remis au goût du jour avec les améliorations actuelles”. En revanche, “c’est une première belge”, nous assure Assia.
“Nous avons commencé par une version assez classique, l’Intemporel (75 €), que l’on peut retrouver chez nos concurrents, complète Vincent. Ce modèle permet d’adapter la densité à la morphologie de la personne en ajoutant ou en retirant des grains de millet. Nous fournissons en effet toujours une recharge de cosses de millet. Ensuite, nous avons développé une deuxième version, l’Exigeant, qui n’existe pas sous cette forme sur le marché. La première couche stabilise et la seconde module”.
Les avantages du millet
Quant à savoir pourquoi ce choix du millet plutôt que le sarrasin ou l’épeautre, par exemple ? “Nous avons choisi le millet parce que c’est plus haut de gamme, expliquent les jeunes entrepreneurs. Il n’y a pas d’odeur, et cela ne fait pas de bruit, contrairement aux autres céréales qui sont plus grandes, font du bruit et dégagent une odeur champêtre.”
Mais avant tout, c’est 100 pc naturel. “Il s’agit de l’enveloppe qui entoure le grain de millet, que l’on décortique et qui est dépoussiéré, précisent-ils. Les cosses sont en réalité du déchet que l’on récupère à prix d’or. Étant donné la complexité du processus d’extraction pour séparer la cosse du grain, cela coûte finalement beaucoup plus cher qu’un kilo de grains de millet. Il y a environ 300 à 400 g de cosses pour un kilo de millet”.
Ceci étant, le millet a beaucoup de vertus. “C’est naturellement antiacarien, il n’y a aucun souci d’allergie, détaille Assia. De plus, le millet régule la chaleur, ce qui signifie que l’on n’a plus cette sensation de chaleur qui nous oblige à retourner l’oreiller pendant la nuit. Puis surtout, ces cosses sont tellement petites (0,15 cm) qu’elles vont véritablement épouser la forme de la nuque et des cervicales, ce qui va permettre un relâchement des tensions musculaires au niveau du cou et du dos”. Quant aux taies, elles sont “en coton bio, sans produit chimique ni métaux lourds, souligne encore la jeune entrepreneuse. C’était très important pour nous, vu que l’on est en contact avec le tissu pendant toute la nuit”.

Un souhait de s’internationaliser
Si le volume de vente avoisine aujourd’hui les 300 à 400 oreillers par année, avec un stock de 50-75 pièces en permanence, les jeunes entrepreneurs ne comptent pas en rester là. Pour les vacances, un oreiller de voyage a été lancé et un coussin d’allaitement est aussi prévu. “Notre volonté est de nous internationaliser et que nos produits (oreillers, accessoires de sommeil, coussins de voyage, ou d’allaitement) deviennent une alternative saine et efficace pour les personnes qui souffrent de problèmes de cervicales ou de sommeil, explique Vincent, qui tient cependant à maintenir la production en Belgique. On aurait pu faire produire en Chine ou ailleurs, mais en travaillant avec une entreprise de travail adapté, ici à Limal où se fait tout l’assemblage, on est en lien avec nos valeurs. Nous pouvons aussi maîtriser tout le processus et garantir un article de qualité pour nos clients. Nous sommes présents dans une quinzaine de magasins revendeurs (literie, bandagistes, magasins bio) en Wallonie. Tous des magasins indépendants, qui peuvent donner des conseils personnalisés, et non des grandes chaînes”. Car, une fois encore, “ce n’est pas en accord avec nos valeurs”.