Marée noire à l'île Maurice: le bateau échoué menace de se briser
Le temps presse pour pomper le carburant et éviter que la marée noire n’empire.
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Publié le 10-08-2020 à 18h59 - Mis à jour le 10-08-2020 à 19h00
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Les équipes d’intervention sur l’île Maurice étaient confrontées lundi à une course contre la montre pour empêcher une nouvelle fuite d’hydrocarbures dans ses eaux. Le vraquier MV Wakashio, échoué avec plus de 4 000 tonnes de carburant à bord, menaçait de se briser, faisant craindre une catastrophe écologique sans précédent dans cet espace maritime protégé.
Le 25 juillet, le bateau avait heurté un récif à Pointe d’Esny, joyau écologique situé sur la côte sud-est et connu pour ses sites de conservation classés internationalement, ses eaux turquoises et ses zones humides protégées. Une fissure dans la coque a alors entraîné une fuite de plus de 1 000 tonnes de carburant, selon Akihiko Ono, le vice-président de la Mitsui OSK Lines, la société japonaise qui exploitait le navire battant pavillon panaméen. La nappe d’hydrocarbure est ensuite venue souiller les récifs coralliens, les lagons et les mangroves. "C’est tout un écosystème qui est menacé et il n’est pas évident qu’il puisse s’en remettre", a souligné Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement à Maurice, au micro de RFI. Les images aériennes montrent l’ampleur des dégâts : d’immenses étendues d’eau auparavant cristalline noircies par le carburant s’écoulant du bateau.
Le temps joue en défaveur des Mauriciens
Lundi, des hélicoptères acheminaient une partie du carburant pompé vers la côte. Mais les efforts pour en prélever davantage étaient entravés par une mer agitée et les forts vents de l’hiver austral qui soufflent sur cette île de l’océan Indien. Les conditions météorologiques, qui ont aussi pour effet de rapprocher de la côte la nappe d’hydrocarbures déversée par le vraquier, ne devaient d’ailleurs pas s’améliorer avant le début de soirée, favorisant la progression de la pollution.
Quelque 2 500 tonnes de fioul restaient encore à bord, selon le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth, qui a prévenu du risque réel que le navire se brise. "Nous sommes à un état avancé du processus de fracturation. Le vraquier n’a pas beaucoup de temps devant lui", a déclaré un scientifique participant aux efforts de secours, sous couvert de l’anonymat. Des plongeurs ont repéré de nouvelles fissures dans la coque du bateau et de sourds craquements en provenant pouvaient être entendus de la côte, où une importante opération de nettoyage est en cours.
Une large mobilisation citoyenne
Depuis plusieurs jours, des milliers de volontaires et membres d’ONG tentent en effet tant bien que mal de circonscrire la nappe polluée et d’ainsi limiter la marée noire qui menace l’île, en tressant des barrages flottants en chanvre et en tissu, ou en ramassant dans des seaux les produits échappés du navire. Une mobilisation qui se poursuivait lundi alors que le Japon envoyait une équipe de six membres, dont des gardes-côtes, pour aider les autorités mauriciennes. La France a quant à elle envoyé plus de 20 tonnes de matériel ainsi qu’une dizaine d’experts. Un porte-parole de la Mitsui OSK Lines a également indiqué à l’AFP que la compagnie allait envoyer mardi une équipe d’experts, aussitôt qu’ils auront été testés négatifs au Covid-19.
La société japonaise Nagashiki Shipping, propriétaire du bateau, a présenté par voie de communiqué ses "profondes excuses au peuple mauricien" et s’engage à faire son "maximum pour protéger l’environnement et atténuer les effets de la pollution". Selon une source maritime mauricienne citée par Le Monde, l’accident a été vraisemblablement causé par "une grave erreur de navigation". La pression monte aussi sur le gouvernement de Pravind Jugnauth accusé d’un manque de réactivité.
L’île Maurice possède parmi les plus beaux récifs coralliens du monde et constitue un sanctuaire pour une faune rare et endémique. Ses 1,3 million d’habitants dépendent de ses eaux pour la nourriture et l’économie - dont le secteur du tourisme a déjà été fortement affecté par le coronavirus.