Encourager plutôt qu’imposer l’écoresponsabilité aux enfants
Une étude de l’UCLouvain met en évidence les vertus de l’"étiquetage social" chez les enfants.
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Publié le 28-09-2020 à 15h12 - Mis à jour le 28-09-2020 à 15h13
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"Tu dois…" "Il faut…" À l’heure où les comportements sont amenés à profondément se modifier pour répondre à la crise climatique et environnementale à laquelle font face nos sociétés, une approche éducative fonctionnant sur les injonctions ou le rappel de normes n’est pas forcément la plus pertinente auprès des enfants. Telles sont les conclusions d’une étude cosignée par les chercheuses Karine Charry (Louvain School of Management de l’UCLouvain) et Béatrice Parguel (CNRS - France), dont les résultats viennent d’être publiés dans le Journal of Environmental Psychology.
Basée sur la théorie de l’"étiquetage social", cette étude repose sur une expérience menée sur un groupe d’enfants âgés de 8 à 12 ans. "L’étiquetage social est une technique apparue dans des travaux de psychologie dans les années 70 et 80, décrit la professeure Charry. Cela consiste simplement à souligner des dispositions - à savoir un trait de caractère, une qualité, certaines valeurs… - souvent positives présentes chez une personne de façon à renforcer chez cette personne la prise de conscience de posséder ces qualités. En soulignant ce trait positif, on l’encourage à adopter des comportements cohérents avec celui-ci, car on sait que l’envie de se comporter de façon cohérente est partagée par les individus. Certaines études avaient déjà été réalisées sur des adultes mais jamais avec des enfants et dans une perspective d’agir sur les comportements de consommation."
Effet boule de neige
Concrètement, le groupe d’enfants en question a été divisé en deux sous-groupes : l’un qualifié d’écofriendly, l’autre pas. Après avoir rempli un questionnaire permettant d’évaluer leurs centres d’intérêt et leur sensibilité à l’environnement, les deux groupes ont été invités à répondre à une seconde série de questions, puis à choisir entre deux cadeaux pour les remercier de s’être prêtés à l’exercice : un cahier en papier de marque connue et un autre en papier recyclé, sans marque. "Dans le premier groupe, à qui nous avions indiqué avoir remarqué qu’ils étaient soucieux de la nature, les deux tiers des enfants ont pris le cahier en papier recyclé. Dans le deuxième groupe, auquel nous n’avions fait aucune allusion à l’environnement, seul un tiers l’a choisi. Cela démontre l’influence que peut avoir l’étiquetage social sur les comportements positifs et les choix de consommation des jeunes en faveur de l’environnement", souligne la Pre Charry, qui précise que les deux groupes étaient composés de façon similaire, avec des enfants issus de milieux socio-économiques différents. L’expérience a également mis en évidence le fait que ce mécanisme d’étiquetage fonctionne auprès d’enfants qui ont déjà une image très claire d’eux-mêmes et qui sont a priori moins sensibles au fait d’adopter un comportement pour faire partie d’un groupe et à l’influence des autres.
Même si l’environnement familial et l’éducation reçue sur ces questions jouent également un rôle, ces travaux démontrent que souligner les comportements positifs chez les enfants, plutôt qu’opter pour une approche coercitive, peut faciliter et accélérer l’adoption de comportements respectueux de l’environnement. "On pourrait imaginer des jeux ou des petites applications pour aider à renforcer ces bonnes dispositions. Et les pouvoirs publics pourraient également s’inspirer de l’étiquetage social pour mettre en évidence les actions citoyennes, même de petite envergure, pour en engendrer d’autres", observe la chercheuse.