Plan climat 2030 : les Wallons appelés à bâtir leur avenir bas carbone
En janvier prochain, un panel de citoyens wallons sera invité à se prononcer sur la révision du Plan énergie climat 2030. Une consultation qui sera élargie aux écoles et aux secteurs économiques concernés. Afin d’aboutir à une stratégie portée par l’ensemble de la société.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/50f2df15-e66c-436e-8046-e2369826279b.png)
Publié le 30-09-2020 à 06h34 - Mis à jour le 30-09-2020 à 06h36
:focal(2357x1579.5:2367x1569.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2OXAJQKSURGZZNASJOWMFMCKM4.jpg)
Officialisée il y a une dizaine de jours, la volonté de la Commission européenne de rehausser les objectifs climatiques européens à l’horizon 2030 est accueillie avec satisfaction par le ministre wallon de l’Énergie et du Climat, Philippe Henry (Écolo). " D’une certaine manière , observe-t-il, la Wallonie a anticipé cela dès l’an dernier, en se fixant pour objectif de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire wallon d’ici à 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050 de façon à être en ligne avec l’accord de Paris. "
Mais tout reste à faire pour réaliser cette ambition, car si la Wallonie avait déjà réduit ses émissions de CO2 de 36 % en 2018 (par rapport à 1990), une partie de cette diminution est due à l’arrêt d’une série d’activités industrielles comme la sidérurgie. "On a aussi commencé à mettre en œuvre une série de politiques, mais une forte accélération est nécessaire. Pour y parvenir, il faudra des mesures dans tous les secteurs et que tous les citoyens s’approprient ces enjeux. Cela demande des choix ‘basculants’ , poursuit Philippe Henry. Or, aujourd’hui, je pense qu’il y a un soutien général dans la population pour respecter l’accord de Paris, mais beaucoup de personnes ne mesurent pas ce que cela veut dire concrètement."
Pour bâtir ce consensus, le gouvernement wallon organisera une consultation citoyenne qui débutera en janvier prochain et dont il nous détaille les modalités.
Comment les citoyens vont-ils être associés à la révision du Plan climat 2030 ?
Il y aura plusieurs niveaux. Nous venons d’attribuer le marché à deux prestataires, Trame et Sonecom, qui vont constituer un panel de 50 citoyens et 25 suppléants. La sélection se déroulera durant le mois de novembre via un tirage au sort parmi une base de 5 000 personnes représentatives de la diversité de la population. Ce panel commencera à se réunir en janvier à raison de cinq sessions de deux jours qui auront lieu toutes les trois semaines. Un dédommagement est prévu pour les participants.
Pour éclairer leurs discussions, un travail préparatoire est réalisé par l’administration, avec l’avis du comité d’experts qui supervise le décret climat. Ils vont apporter une contextualisation scientifique qui permettra aux membres du panel citoyen de se positionner. Ils auront aussi la possibilité de faire appel à l’intervention d’experts, y compris contradictoires, en cours de processus s’ils le souhaitent. Le but est de leur expliquer le diagnostic de la situation et les hypothèses dans lesquelles on travaille pour qu’ils puissent choisir parmi les leviers d’actions possibles. C’est un travail sérieux qui mise sur l’intelligence collective des citoyens. Ce sera un test puisque c’est la première fois que la Wallonie organise une consultation de ce type.
À côté de cela, nous voulons aussi toucher la population dans son ensemble. Une série d’outils de communication vont être créés, notamment un site internet qui permettra d’envoyer des contributions, des questions, etc. On y mettra aussi en ligne le diagnostic et les éléments sur lesquels le panel travaille.
Sur quoi devront-ils précisément se prononcer ?
Il ne s’agit pas d’entrer dans le détail technique de mesures comme le type de motorisation des véhicules ou le niveau d’isolation des bâtiments et d’élaborer ligne par ligne le Plan énergie climat 2030. Ils pourront définir les grandes orientations entre plusieurs scénarios de développement possibles que l’administration de l’air et du climat est en train d’élaborer. Des scénarios simplifiés qui reprennent les types d’options possibles : va-t-on miser sur beaucoup de travail à distance, sur beaucoup de transports en commun, sur l’économie circulaire… L’intérêt est d’avoir une approche d’ensemble : quel type de société voulons-nous dans la perspective de la neutralité carbone en 2050 ? Et de définir une orientation dans l’équilibre général des mesures à prendre par rapport à l’impact sur notre société, sur l’emploi, le vivre ensemble, l’organisation des villes… Même s’ils pourront formuler des recommandations plus précises.
Une consultation est également prévue dans les écoles ?
Oui, c’est en cours de discussion avec ma collègue de l’Enseignement Caroline Désir (PS). On souhaite organiser des moments de débats avec les jeunes du secondaire, selon des modalités que l’on doit encore affiner. Ce travail serait mené en parallèle à la consultation au deuxième quadrimestre, en partie par les enseignants mais avec des apports extérieurs sous la forme de documents ou de propositions à débattre. On veut que les jeunes se sentent impliqués et écoutés dans le processus car les décisions prises vont les concerner très longtemps.
Comment les secteurs économiques vont-ils être impliqués ?
Nous allons mener des consultations spécifiques par secteur afin de co-construire avec les professionnels les politiques qui alimenteront le Plan climat 2030. C’est un travail transversal qui sera mené avec mes collègues du gouvernement. À mon niveau, nous allons mettre en place des partenariats avec le secteur de la construction et celui des énergies renouvelables, pour voir quels sont les instruments à mettre en œuvre pour massifier rapidement la rénovation et l’isolation des bâtiments privés et publics. Actuellement le taux de rénovation annuel, est de 1 % en Wallonie, nous voulons tripler ce chiffre. Pour cela, nous voulons renforcer l’effet de levier des financements publics. C’est aussi un outil de relance, de création d’activité et donc d’emplois dans ces secteurs-là.
Notre objectif est de rassembler tous les résultats de ces consultations pour juillet. Ils seront ensuite traduits dans le cadre du Plan air-climat-énergie révisé qui sera soumis à enquête publique. La population pourra se pencher à nouveau sur les détails de ces mesures.