Après un an de recherches au pôle Nord, la plus grande expédition scientifique jamais menée dans cette zone dresse un constat alarmant
L'expédition Polarstern rentre au port, alarme pour la banquise.
Publié le 09-10-2020 à 08h05
Après un an de recherches au pôle Nord, la plus grande expédition scientifique jamais menée dans cette zone rentre lundi en Allemagne sur un constat alarmant: la banquise dans l'Arctique fond "à une vitesse dramatique". Pour cause de pandémie de coronavirus, le retour du brise-glace Polarstern de l'institut allemand Alfred-Wegener dans son port d'attache de Bremerhaven, au nord-ouest de l'Allemagne, se fera dans une relative discrétion. Mais les données exhaustives que les équipes internationales ont récoltées durant les mois où le navire s'est laissé dériver dans les glaces du pôle Nord promettent de livrer des informations précieuses sur le changement climatique.
Au cours de l'été, les scientifiques ont pu constater par eux-mêmes l'ampleur du recul de la banquise dans cette région considérée par les scientifiques comme "l'épicentre du réchauffement global", selon le chef de la mission, Markus Rex. "Nous avons vu de larges surfaces d'eau liquide quasiment jusqu'au pôle, entourées de glace qui était elle criblée de trous en raison d'une fonte massive", s'alarme ce climatologue et physicien. Et de dresser un constat sans appel: "La banquise dans l'Arctique fond à une vitesse dramatique".
Un diagnostic confirmé par des observations satellites aux Etats-Unis qui ont révélé que la banquise d'été avait fondu jusqu'à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012.
Durant 389 jours, la mission, baptisée MOSAIC, a étudié à la fois l'atmosphère, l'océan, la banquise et l'écosystème pour recueillir des données évaluant l'impact du changement climatique sur la région et le monde entier.
L'analyse complète des précieuses données récoltées devrait prendre un ou deux ans, avec pour objectif de mettre au point des modèles de prédiction du climat pour déterminer à quoi ressembleront les vagues de canicule, les pluies diluviennes ou les tempêtes dans 20, 50 ou 100 ans.
Des chercheurs sont aussi partis à la découverte de la vie sous les glaces, récoltant durant la nuit polaire des prélèvements d'eau afin d'étudier le plancton végétal et les bactéries et mieux comprendre le fonctionnement de l'écosystème marin dans des conditions extrêmes.