Proposer une alternative à l'agrobusiness: le pari de Cédric, Mariam et Diamar
La Trois diffuse le documentaire belge "Sur le champ !" ce lundi soir, consacré à ceux qui ont fait le pari d’une autre agriculture à travers la planète.
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- Publié le 06-11-2020 à 12h17
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Diamar, Mariam et Cédric sont tous les trois agriculteurs. Chaque matin, leur rituel est le même : ils se rendent dans leurs champs pour récolter salades, tomates ou pommes de terre, qu’ils cultivent sans pesticides, et qu’ils préparent pour les vendre le plus directement possible à leurs consommateurs, sur place à la ferme ou au marché. Les habitudes sont identiques, mais les cadres sont bien différents : ils habitent à des dizaines de milliers de kilomètres l’un de l’autre. Cédric Saccone a implanté sa ferme à Remicourt dans la province de Liège, qu’il exploite avec son épouse Céline. Diamar Ponce Villar, elle, cultive ses "patates", avec sa famille, dans les hautes montagnes de Huanuco, au Pérou. Enfin, Mariam Zango est une agricultrice du Burkina Faso. Elle a créé un groupe avec une quarantaine d’autres femmes pour exploiter un jardin collectif de 4,5 ha.
Pour leur film Sur le champ !, trois réalisateurs belges sont partis à la rencontre de ces trois jeunes fermier et fermières. Trois exemples de "ces paysans et paysannes qui, aux quatre coins du monde, proposent des initiatives de transition et des alternatives à l’agrobusiness", explique Michaël Antoine, réalisateur du documentaire qui sera diffusé sur La Trois ce lundi 30 novembre à 21 h 05 dans l’émission "Regards sur…"
Les réalisateurs sont en fait partis d’un constat, qualifié de "paradoxe de la faim" : 800 millions de personnes souffrent actuellement de la faim sur la planète, alors que l’ensemble du système produit assez pour nourrir 12 milliards d’individus. Et la moitié des personnes qui meurent de faim dans le monde sont des paysans. Ainsi, au Pérou, pays d’origine de la pomme de terre ou de la tomate, où 80 % de la surface est non urbanisée, la malnutrition touche 20 % de la population et peut grimper jusqu’à 80 % en milieu rural.. "Pourquoi ceux qui produisent la nourriture sont-ils ceux qui sont les plus pauvres ?", interroge dans le film l’agronome péruvien Luis Gomero.
Riz burkinabé face au riz thaïlandais
Comme le souligne le documentaire, chez nous, les agriculteurs, qui travaillent jusqu’à 60 heures par semaine en saison, gagnent environ 7 euros de l’heure brut. Au Burkina Faso, les oignons importés des Pays-Bas coûtent moins cher sur les marchés que la variété locale cultivée dans la région. Et dans les magasins burkinabés, le riz local doit se mesurer au riz thaïlandais, portugais ou japonais. "Nos pays n’ont pas les moyens, n’ont pas les capacités de mettre en place ces barrières drastiques, comme les pays occidentaux les mettent pour les produits qui viennent chez eux. C’est cela l’injustice de l’ouverture des barrières qui joue sur le paysan burkinabé ou de la sous-région", regrette Fulgence Yameogo, coordinateur d’une association qui forme les agriculteurs à l’agroécologie. Cette discipline consiste à recréer dans l’espace disponible un écosystème équilibré, à la biodiversité variée (animale et végétale), où les interactions des uns avec les autres ont été pensées pour soutenir la production. "Regardez ce plant de maïs là tout seul, il protège le champ du reste des bêtes nuisibles car on utilise que du compost et pas d’engrais chimiques, détaille Mariam dans son champ. Quand ce maïs commence à s’ouvrir, il dégage une odeur qui éloigne les petites bêtes ou les attire vers lui." Les pesticides ? "On utilisait tellement ces produits qu’on en est tombé malade. On les portait tous les jours sur nos épaules pour pulvériser nos champs."
La solution de la souveraineté
Car Sur le champ ! cherche surtout à mettre en évidence les solutions. Celles du film se résument en un concept : celui de la souveraineté alimentaire. "L’idée que chaque peuple a le droit de définir le système alimentaire et agricole le plus adapté à sa réalité, explique le réalisateur Nicolas Bier. Cette souveraineté alimentaire favorise le développement d’une agriculture de proximité et familiale, de cultures vivrières et de pratiques agricoles respectueuses de l’homme et de l’environnement. En réduisant ainsi la dépendance au commerce international, chaque peuple devient plus résilient et assure sa sécurité alimentaire."