À 1 300 km d’altitude, Sentinel 6 va mesurer la hausse du niveau des océans
Dans le cadre de son programme d’observation de la Terre Copernicus, l’Union européenne, avec l’Agence spatiale européenne (Esa), a lancé ce week-end le satellite Sentinel 6, destiné à étudier le niveau de la mer.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f744db9d-4059-49f1-b3ae-ab829b0df5cc.png)
- Publié le 23-11-2020 à 20h08
- Mis à jour le 24-11-2020 à 09h58
:focal(1275x909.5:1285x899.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YW4FRJ5ZHFAMHLIYDYPPLR7C5Y.jpg)
"La hausse du niveau de la mer, une grande menace pour nous tous, est entraînée par le changement climatique et le réchauffement global", a rappelé l’océanographe Craig Donlon, mission scientist de Sentinel 6 à l’Esa, lors d’une vidéoconférence donnée à l’occasion du lancement. "La Terre se réchauffe, la banquise fond, les glaciers fondent, et les océans eux-mêmes se réchauffent et sont en expansion. Les océans absorbent 93 % de la chaleur en excès causée par le réchauffement climatique. Tout cela contribue à une montée lente mais inexorable du niveau de la mer. Le niveau de la mer monte de 3,2 mm par an, et cela peut être détecté depuis l’espace, avec des satellites comme Sentinel 6." Baptisé Michaël Freilich du nom de l’ancien directeur du département des sciences de la Terre à la Nasa, Sentinel 6 se trouve pourtant en orbite à 1336 km d’altitude.
"Nous utilisons un altimètre satellite, éclaire Craig Donlon. Un altimètre est un instrument qui utilise la distance, le temps et la vitesse. On envoie le radar vers le niveau de la mer, il est réfléchi en retour et on mesure le temps que cela met. On stocke ces données et on peut calculer la hausse du niveau de la mer à partir de cela." Et pour un endroit précis. Sur dix jours, la mission est capable de cartographier 95 % de la surface des océans (sans glace) sur la planète. Le calcul est donc fait de manière répétée. "Ce sont des mesures très détaillées, mais ce radar lui-même est vraiment extraordinaire. […] Pour une mesure isolée, si l’on ignore les effets de l’atmosphère et de la rugosité de l’océan, on peut avoir des mesures d’une précision à moins d’1 centimètre. Et nous arrivons, en moyenne sur dix jours, à des estimations de l’ordre de quelques dizaines de millimètres." Depuis trois décennies, une série franco-américaine de satellites nommés Topex-Poseidon et Jason servent de référence. Les mesures de Sentinel 6 s’ajouteront donc à ces données existantes, mais il fournira une plus haute résolution et sera plus à même d’étudier l’océan proche des côtes que ses prédécesseurs.
La montée s’accélère
"Il aura une vue en haute résolution des niveaux de la mer et des courants océaniques près des côtes, où les populations sont les plus affectées par la hausse du niveau des mers", précise la Nasa, l’agence spatiale américaine, partenaire de l’Esa dans cette mission. "Ce monitoring de la hausse des océans est essentiel pour la science climatique, mais aussi pour la mise en place de politiques et protéger les populations", souligne l’Esa. Dans le monde, plus de 600 millions de personnes vivent à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les précédentes mesures ont déjà pu montrer que la hausse du niveau des océans s’accélérait (ces dernières années, c’est 4,8 mm par an) mais on constate aussi que la hausse n’est pas la même partout en raison de la différence des températures de l’eau, des courants…
Par ailleurs, les données récoltées par Sentinel 6 amélioreront les bulletins météo. "Elles permettront d’améliorer les prévisions des phénomènes météorologiques à fort impact et des phénomènes climatiques largement influencés par les océans, comme les canicules, les cyclones tropicaux et les étés ou hivers particulièrement chauds ou froids", a expliqué Alain Ratier, directeur d’Eumetsat, organisation européenne qui exploite des satellites météo, dont les Sentinel.