Qui est Vanessa Nakate, surnommée la "Greta Thunberg africaine" ?
D’une expulsion du cadre d’une photo recadrée, à la une pleine page du magazine Time, voilà le résumé abrupt du parcours de Vanessa Nakate, 24 ans.
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Publié le 06-11-2021 à 11h57 - Mis à jour le 08-11-2021 à 08h13
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Celle que l'on surnomme aussi la "Greta Thunberg africaine" est également présente à la Cop 26 à Glasgow, en tant que jeune militante du mouvement climatique. Les médias internationaux l'ont découverte lors du sommet de Davos en 2020, à la suite de son coup de gueule en vidéo, posté sur Internet. Ce jour-là, le 24 janvier, elle avait donné une conférence de presse sur l'urgence climatique, aux côtés de quatre autres jeunes activistes dont Greta Thunberg. Mais sur la photo de groupe prise par l'agence AP, Vanessa Nakate avait disparu, en raison du recadrage du cliché. Pour Vanessa Nakate, cette éjection était plus que symbolique, comme elle le raconte dans son nouveau livre Une écologie sans frontières (Harper Collins). Elle est en effet la seule Noire parmi les jeunes protagonistes. "J'ai alors compris que par ce recadrage, on ne m'avait pas juste éliminée moi, mais qu'on avait gommé un continent entier". "Nous ne méritons pas cela, dénonçait-elle dans sa vidéo, qui deviendra virale. L'Afrique est le plus faible émetteur de CO2 mais c'est nous qui sommes les plus touchés par la crise climatique."
C'est justement à la suite d'inondations meurtrières dans son pays, en 2018, que la jeune Ougandaise se met à s'informer sur le réchauffement climatique. "Abasourdie" par la disparité entre l'ampleur de la crise et les actions prises, elle décide d'organiser des grèves pour le climat, s'inspirant de Greta Thunberg.
Malgré sa "timidité", son "goût pour la solitude", sa crainte de se faire arrêter par la police - "dans un pays où la liberté de parole n'a pas vraiment cours" - et de contrevenir à l'image de la jeune fille ougandaise convenable - "sage" et "qui cède la parole aux garçons" -, la fraîche diplômée en administration des affaires convainc ses petits frères, cousins et cousines, de concevoir des pancartes et d'aller les brandir dans quatre zones commerçantes très fréquentées de Kampala. Elle poste ensuite ces images sur les réseaux sociaux avec le hashtag "Fridays for Future". Plus tard, elle va s'éclipser de son travail tous les vendredis jusqu'à 10 heures du matin "pour arpenter les rues les pancartes à la main", comme lui reproche un membre de sa famille éloignée. À quoi son père répond : "Vanessa fait ce qu'elle a à faire".
Même si elle s’est souvent retrouvée seule dans ces manifestations - interdites en Ouganda -, elle a été depuis lors invitée au sommet de la jeunesse pour le climat de l’Onu à New York, à la Cop 25 et donc à la Cop 26, où elle rappelle une fois de plus l’importance de prendre en considération les voix des militants africains dans ces rassemblements et face à ces enjeux.