Une forêt primaire à cheval sur la France et la Wallonie ? Les choses se précisent
Le botaniste français Francis Hallé et les membres de sa fondation sont venus visiter les forêts du Sud namurois.
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Publié le 15-03-2022 à 14h41
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Rien n'est fait, mais les choses avancent. Un projet transfrontalier franco-belge, franco-wallon même, de création d'une forêt primaire pourrait bien voir le jour. Rappelons qu'une forêt primaire est une forêt où l'homme n'intervient plus. Une forêt où la nature reprend ses droits. La Fondation Francis Hallé et Francis Hallé lui-même étaient en Belgique la semaine dernière, pour tâter le terrain. Ce botaniste français de 83 ans fut l'une des chevilles ouvrières du Radeau des cimes, qui pendant trente ans explora la canopée des forêts équatoriale du monde entier.
À l'invitation de la l'ASBL Forêt et naturalité - qui, parmi ses activités de formations et de conférences, milite pour la création de grandes réserves naturelles intégrales -, Francis Hallé et ses acolytes ont rencontré un grand nombre d'acteurs. Que ce soit les pouvoirs publics, le DNF et autres naturalistes locaux, il s'agissait de voir si leur projet qui impose de trouver un territoire de 70 000 hectares avait des chances de s'implanter en partie chez nous. "L'idée est que cette forêt primaire soit sur les deux territoires. C'est un projet européen, donc nous n'envisageons pas de le faire seulement en France", explique Francis Hallé. Il précise qu'il a rencontré un conseiller du président Macron qui voit cette initiative d'un très bon œil. "En tout cas, l'endroit me plaît beaucoup, mais rien n'est encore décidé", précise le scientifique au moment d'entamer une visite forestière à Regniessart (Nismes) après avoir visité la région de Gedinne. En parallèle, précisons que la Fondation Francis Hallé a aussi des contacts dans les Vosges pour un projet franco-allemand ainsi qu'au grand-duché de Luxembourg.
Pourquoi une forêt primaire ? "Parce qu'il n'y en a plus en Europe, à l'exception de la forêt polonaise de Białowieza, mais elle est en grande difficulté. C'est un projet sur du très long terme, sur plusieurs siècles. Il me semble nécessaire d'accepter qu'à l'instar des bâtisseurs de cathédrales celui qui pose la première pierre ne voit pas le projet terminé", explique notre interlocuteur. D'un point de vue environnemental aussi, une forêt primaire présente des avantages. "Plus les arbres sont gros, plus ils permettent de fixer le carbone. Tout cela favorise la biodiversité, le drainage vertical qui alimente les nappes phréatiques en eau pure."
Utopique mais nécessaire
Francis Hallé sait que son projet est nourri d'une certaine utopie, mais, "si ça continue à se dégrader, on se retrouvera dans une situation difficile en Europe de l'Ouest".
Cette future forêt primaire ne sera pas fermée au grand public. "L'idée est aussi de l'ouvrir au grand public dans le respect de la nature qui nous entoure, bien entendu. Ce sera un tourisme de contemplation et d'apprentissage." De la recherche pourra aussi y être menée. "Cela devra nous obliger à nous interroger sur les pratiques agricoles et sylvicoles", ajoute Éric Fabre, qui coordonne l'association. Les recherches vont continuer et, lorsque la Fondation Francis Hallé aura vu tout ce qu'elle voulait voir et obtenu les réponses à toutes ses questions, elle reviendra avec un projet concret. Elle invitera ceux qui ont marqué un intérêt à acter ou non leur participation. Ce sera peut-être en Wallonie.