Menacées par un parasite mortel, des millions d'abeilles confinées en Australie
Le varroa destructor, parasite tueur d'abeilles, a été détecté pour la première fois en Australie. Des millions d'abeilles ont été mises en quarantaine, tandis que près de 600 ruches ont été détruites dans l'espoir d'endiguer sa propagation à travers le continent.
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- Publié le 30-06-2022 à 14h40
- Mis à jour le 30-06-2022 à 14h52
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Le varroa destructor, un parasite qui s'attaque aux abeilles, a été détecté pour la première fois en Australie en début de semaine. D'abord dans un port situé près de Sydney, puis dans des ruches à une centaine de kilomètres de là. À l'heure actuelle, neuf sites ont été découverts. C'est une très mauvaise nouvelle pour les apiculteurs australiens et leurs ruches, qui y échappaient jusqu'ici.
Pour tenter de limiter sa propagation, les autorités ont décidé que toutes les ruches situées à moins de 10 kilomètres des sites infestés seraient détruites. Cela représente plusieurs centaines de ruches, euthanasiant plus de 6 millions d'abeilles. "C'est beaucoup d'abeilles", a reconnu le ministre de l'Agriculture de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Dugald Saunders. Les colonies situées à entre 10 et 25 kilomètres seront quant à elles inspectées et surveillées par les autorités. Une quarantaine a également été décrétée dans l'Etat : les apiculteurs concernés ont l'interdiction formelle de déplacer ruches, abeilles ou rayons de miel.
Si des mesures aussi drastiques ont été prises, c'est que le varroa a de quoi inquiéter. "Le varroa se propage par différents facteurs, par exemple via les abeilles mâles qui vont dans différentes ruches. Une fois qu'il s'installe, il va venir parasiter les larves. Quand la nouvelle abeille naît et sort de sa cellule, le varroa va venir exercer une pression négative sur toutes les abeilles sur lesquelles il va s'accrocher", explique-t-on du côté de Centre de recherche et d'information pour les apiculteurs francophones (Cari). "En fait, il va venir s'accrocher au niveau de leur thorax et va les épuiser."
À peine plus grand qu'une graine de sésame, le parasite peut sembler inoffensif. Mais pas pour les abeilles. "C'est un peu comme si nous, on avait un gros lapin sur nous, qui nous suce le sang en permanence, à longueur de journée. Ce n'est pas négligeable pour l'abeille", souligne le Cari. Le varroa est aussi porteur de virus et de bactéries, qui peuvent également causer bien des problèmes. Les apiculteurs estiment que le varroa représente la cause la plus importante de mortalité des colonies d'abeilles, avec l'exposition à certains produits pesticides et la dégradation globale de l'environnement. "On considère en général que, si on ne fait rien pour lutter contre le parasite, la population de varroa est telle après deux ans qu'elle mène à la mort de la colonie d'abeilles", précise le Cari.
Des craintes pour la production agricole
Une invasion généralisée du varroa pourrait avoir un effet dévastateur sur l'industrie agroalimentaire australienne, avec un impact de plusieurs millions de dollars. Pommes, fruits rouges, amandes... Au total, 35 types de cultures présentes en Australie dépendent de la pollinisation des abeilles, soit environ un tiers de la production alimentaire du pays. L'Australien Murray Watt, ministre fédéral de l'Agriculture, a estimé le coût d'une invasion généralisée de varroa à 70 millions de dollars australien par an, soit 46,5 millions d'euros.
La production de miel serait elle aussi affectée par un tel scénario. "La dernière chose que nous voulons, c'est une sorte d'obstacle à la production de miel, ce qui aurait évidemment un effet sur les prix. En outre, il y a beaucoup de miel qui est exporté et cela aurait aussi des répercussions sur l'emploi", a ajouté le ministre.
Les prochains jours seront déterminants, estime le directeur général du Conseil australien de l'industrie apicole, Danny Le Feuvre. "Nous avons toujours bon espoir de pouvoir l'éradiquer. Nous n'en sommes qu'au début et il n'y a aucun moyen de savoir combien de temps cette crise peut durer", confie-t-il. "Si le varroa sortait de la zone de biosécurité définie par les autorités, les apiculteurs seraient touchés, et cela aurait un impact sur les services de pollinisation et la production de miel dans tout l'État", prévient-il quand même.
Les abeilles indigènes ne sont quant à elle pas affectées par le parasite. Un soulagement pour les agriculteurs qui se sont assurés que les populations d'abeilles indigènes soient en plein essor dans leurs vergers.