Solvay conteste les révélations de l'enquête menée par la RTBF : des analyses "biaisées"
Du côté de Solvay, on semble gêné aux entournures par l’enquête de #Investigation, l’entreprise allant jusqu’à contacter quelques rédactions préalablement à la diffusion de l’émission pour réagir à celle-ci.
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- Publié le 07-09-2022 à 07h18
- Mis à jour le 07-09-2022 à 07h19
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"Nous sommes une entreprise chimique. Nous sommes bien d'accord que nous faisons partie du problème, mais aussi de la solution", commente Nathalie van Ypersele, responsable de la diversité, de l'équité et de l'inclusion au sein du groupe. Pour autant, le reportage de la RTBF comporte "pas mal d'éléments contre lesquels on s'inscrit tout à fait en faux", poursuit-elle.
Des rejets contrôlés
S'il est exact que les activités de l'usine de Spinetta Marengo émettent certaines substances dans l'environnement, "ces rejets sont très en dessous des limites acceptées par les autorités italiennes et sont l'objet de contrôles quotidiens", affirme Mme van Ypersele. Et de souligner les efforts continus et les investissements importants consentis pour réduire au maximum ces problèmes, alors que Solvay a hérité d'une importante pollution que l'ancien propriétaire de l'usine lui aurait dissimulée.
Début juillet, le chimiste a également annoncé son intention d'abandonner, d'ici à 2026, l'utilisation des tensioactifs fluorés (une sous-famille de PFAS) dans le processus de fabrication de fluoropolymères de l'usine piémontaise, rappelle au passage notre interlocutrice. "Il reste encore 1 % de notre production de polymères dans cette usine pour lequel nous n'avons pas de solution alternative. Pendant que nos recherches se poursuivent, cette fabrication se poursuivra donc, mais en circuit totalement fermé."
Une annonce dont le timing n'a pas manqué d'étonner l'équipe de #Investigation, qui relève que celle-ci a eu lieu alors que Solvay a refusé, malgré ses multiples demandes, toute rencontre pour répondre à ses questions et que, quelques semaines plus tôt, des agents de sécurité de l'usine italienne sont venus la contrôler alors qu'elle effectuait des prélèvements d'eau dans l'espace public. Quant à l'étude basée sur les prélèvements sanguins des riverains de Spinetta, elle repose sur l'utilisation de données qui seraient, selon Solvay, présentées de façon volontairement "biaisée" afin d'augmenter artificiellement les résultats obtenus.
"La population échantillonnée à Spinetta comprend des personnes ayant une plus forte probabilité d'exposition aux PFAS, par rapport au groupe témoin vivant plus loin de l'usine : des personnes plus âgées, en majorité de sexe masculin, et ayant pour 20 % d'entre elles travaillé à l'usine de Spinetta", avance notamment Solvay, qui pointe l'influence d'une exposition passée à une substance - le PFOA - que le groupe a cessé d'utiliser en 2013.
"Rien n’est plus important que la santé de nos collègues"
Des accusations que réfute le journaliste Emmanuel Morimont, soulignant que ces biais ont été pris en compte par les scientifiques de Liège qui ont réalisé ces analyses, qu’ils rendront par ailleurs publiques ce mercredi.
Le personnel de l’usine est suivi médicalement depuis vingt ans et si les analyses sanguines montrent qu’il est exposé aux PFAS, les scientifiques de l’Université de Milan qui supervisent ce monitoring affirment qu’elles ne mettent en évidence aucun impact clinico-toxicologique, avance encore Mme van Ypersele. Des données couvertes par la confidentialité mais qui feront prochainement l’objet d’une publication scientifique soumise à la relecture par les pairs, promet-elle.
Solvay prend le sujet abordé par l'émission de la RTBF très au sérieux, mais conteste avec véhémence son contenu, insiste l'entreprise, qui réaffirme que "rien n'est plus important que la santé et la sécurité de nos collègues et de nos communautés locales". Celle-ci a par ailleurs communiqué mardi matin sur un accord conclu avec le fonds activiste Bluebell Capital qui la harcelait dans un autre dossier de pollution.