Des ONG réagissent à l'accord sur la réforme du marché du carbone: "L'Europe échoue à protéger la planète et les citoyens"
A travers sa réforme du marché du carbone, "l'Europe privilégie les industries et échoue à protéger la planète et les citoyens", ont dénoncé dimanche plusieurs ONG, après que les négociateurs du parlement européen et des Etats membres se sont entendus sur une vaste réforme du droit des émissions de gaz à effet de serre.
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Publié le 18-12-2022 à 15h14
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Fin progressive des "droits à polluer" gratuits pour les industriels, taxation des émissions liées au chauffage et aux voitures, fonds social pour la transition.... Selon l'accord trouvé - pièce maîtresse du plan climat européen visant à réduire de plus de moitié les émissions de l'UE à l'horizon 2030 - citoyens et entreprises devront débourser davantage pour les émissions rejetées.
Ainsi, les producteurs d'électricité et industries énergivores (sidérurgie, ciment...) verront leur "quota d'émissions" (ou permis de polluer) diminuer plus rapidement, avec d'ici 2030 une baisse de 62% par rapport à 2005 (contre un objectif précédent de 43%). Dans l'ensemble, les industriels concernés devront automatiquement diminuer d'autant leurs émissions. Les crédits gratuits disparaitront en outre progressivement d'ici 2034.
Aux yeux du WWF, le rythme de réduction des quotas proposés est toutefois "bien trop lent" au regard de l'objectif de contenir le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
"Cela aurait été un bon accord il y a dix ou vingt ans, mais en 2022, c'est trop peu et trop tard", déplore le responsable Climat et Energie du WWF Europe, Alex Mason. Cet accord "favorise les grands pollueurs au lieu d'aider les citoyens à s'affranchir des combustibles fossiles coûteux, tout en continuant à distribuer des milliards de quotas d'émission gratuits avec peu de conditions", poursuit-il.
Parmi les points les plus controversés de l'accord, les ménages paieront bien un prix du carbone sur le carburant et le chauffage à partir de 2027, mais ce prix sera plafonné à 45 euros/tonne au moins jusqu'en 2030. Si la flambée actuelle des prix énergétiques devait se poursuivre, l'entrée en application de cette mesure serait repoussée à 2028.
Or, dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine et de l'envolée des prix énergétiques, "une politique climatique beaucoup plus forte associée à un soutien solide aux ménages vulnérables est essentielle", souligne le réseau européen CAN Europe, qui fédère plus d'une centaine d'ONG environnementales.
"Les législateurs privilégient clairement la protection de l'industrie à celle des personnes et de la planète. Les grands pollueurs rentrent chez eux les poches pleines d'argent gratuit, tandis que les citoyens en comparaison reçoivent des miettes de pain pour passer un énième hiver fossile", a ajouté son responsable Climat, Klaus Röhrig.
Le réseau d'ONG salue cependant la mise sur pied dès 2026 du "Fonds social pour le climat", doté de 86,7 milliards d'euros, mais regrette que celui-ci ne vise qu'à aider les ménages vulnérables à réduire leur recours aux énergies fossiles, plutôt qu'à s'en affranchir.