"Plus de trois personnes sur quatre considèrent que c’est insatisfaisant" : les jeunes demandent plus d’éducation à l’environnement à l’école
Neuf jeunes interrogés sur dix estiment que l’éducation à l’environnement devrait être davantage abordée au cours de leur parcours scolaire. Le nouvel avis publié par le Forum des Jeunes propose plusieurs pistes pour changer les choses. À Genappe, l’école NESPA met déjà en pratique plusieurs de ces recommandations.
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Publié le 07-02-2023 à 16h58 - Mis à jour le 07-02-2023 à 17h06
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Quelle devrait être la place de l’éducation à l’environnement dans le secondaire ? Les jeunes désirent-ils être mieux armés pour comprendre les enjeux climatiques actuels ? Selon une enquête du Forum des Jeunes, c’est le cas pour 91 % des répondants, en majorité âgés de 16 à 18 ans. “On s’est rendu compte qu’il y avait plus de trois jeunes sur quatre qui considèrent que c’est vraiment insatisfaisant et qui estiment qu’il faut vraiment beaucoup d’éducation à l’environnement”, explique Jean Servais, délégué Onu au Forum des Jeunes.
L’enquête a montré que les jeunes attendaient une réforme du programme scolaire, avec une meilleure intégration de la thématique de manière transversale dans toutes les branches, insistant aussi sur la nécessité de former les professeurs sur les différentes thématiques liées à l’environnement (crise de la biodiversité, justice climatique, etc.).
L’avis met aussi en évidence le souhait des jeunes, qui désirent plus d’interventions d’acteurs et d’actrices externes à travers des spécialistes ou des associations. “Ce serait bien de financer davantage ces acteurs-là pour qu’ils puissent venir dans les écoles”, note Jean Servais.
Débats et actions concrètes
Près de la moitié des jeunes interrogés assurent également vouloir plus de débats et événements sur les thèmes écologiques au sein de leur école. “Ces moments de débats nous paraissent avoir une véritable plus-value, car ils permettent aux jeunes de se questionner sur les causes et les conséquences des défis environnementaux actuels, de s’outiller pour comprendre la complexité du monde et ainsi, de pouvoir mieux faire face aux crises successives, qui sont pour la plupart systémiques “, souligne l’avis.
Outre la formation, les étudiants sont aussi nombreux à vouloir des actions concrètes : 57 % d’entre eux souhaiteraient en effet que leurs écoles mettent en place des initiatives écologiques comme des potagers, des cantines durables ou encore des composts. “C’est ce qui revitalise la mobilisation”, souligne Jean Servais. Avant de poursuivre : “Ce qui était aussi assez frappant, c’est le fait qu’ils soient tournés vers des solutions.”
L’enquête montre en effet qu’un jeune sur deux souhaite se voir enseigner des solutions à apporter face aux différentes crises environnementales. “On est souvent bombardé d’informations qui disent que la situation va mal. On est souvent assez démuni face aux solutions”, poursuit-il. L’avis recommande donc d’aborder avec les élèves tant les solutions individuelles (sobriété numérique, réduction de la consommation de viande, promotion de la seconde main, etc.) que collectives (politiques, entreprises, société civile).
“Il est vraiment temps de restructurer tout ça et de donner un cadre scolaire pour permettre à toute la jeunesse de vraiment concrétiser ses aspirations”, conclut Jean Servais.
”Dès qu’on peut, on en parle”
Ce matin-là, une quarantaine d’élèves de cinquième secondaire participent à une matinée axée sur la désobéissance civile et le changement climatique. Qu’est-ce que la désobéissance civile et pourquoi en parle-t-on de plus en plus souvent dans les médias ? Pourquoi les militants écologiques se tournent-ils vers ce type d’action ? Comment s’organisent-ils ? Est-ce que cela fonctionne ? Pendant toute la matinée, plusieurs intervenants sont présents (un philosophe, un militant du mouvement Extinction Rebellion, une journaliste) pour donner plusieurs points de vue aux jeunes et débattre avec eux.
Cette journée consacrée à l’environnement fait partie d’une semaine sur le thème des révolutions. Pour les professeurs, c’est une occasion parmi d’autres d’aborder les crises environnementales avec les adolescents, déjà très sensibilisés à la cause. La plupart des recommandations mises en lumière par l’Avis du Forum des Jeunes se retrouvent dans la Nouvelle École secondaire à pédagogie active (NESPA) de Genappe.
“On le fait déjà parce qu’on est en pédagogie active : on a envie de les confronter à tout ce qu’ils vont connaître en sortant d’ici”, explique Mélanie, professeure de géographie, qui assure que le climat est abordé dès la première année. “Dès qu’on peut, on en parle : on a créé un atelier 'main verte' où on sensibilise à l’environnement avec un compost créé par les élèves et on essaye que plein d’activités aient lieu”, poursuit-elle. Les élèves avaient également pu participer à une “mini COP” cette année ou à un rassemblement dans la cour de l’établissement pendant le mouvement “stand up for climate”.
Éducation à l'environnement à l'école NESPA
Éco-anxiété, ras-le-bol, etc.
Parler de ces thématiques à l’école implique de gérer les émotions de chacun. “Il y a des élèves qui sont éco-anxieux et qui ne supportent pas qu’on leur parle de ce genre de choses. A contrario, il y a des élèves qui sont super-intéressés et qui ont vraiment envie de se mobiliser pour ça”, remarque Mélanie. C’est le cas de Thibault, 16 ans, qui dit vouloir se destiner à une carrière de météorologue ou de climatologue. “Je viens tous les jours à l’école à vélo, j’ai grandement diminué ma consommation de viande et j’étais à la dernière marche pour le climat qui avait rassemblé 50 000 personnes à Bruxelles”, explique-t-il, malgré tout conscient que ces actions ne suffiront pas à elles seules. “Mon avis est très clair : si le gouvernement ne fait rien, il n’y a rien qui va bouger. Je commence à être un peu pessimiste quant à l’avenir et à me dire que si on ne fait pas quelque chose maintenant, là, tout de suite, ça va être compliqué.”
D’autres jeunes sont moins engagés ou en ont simplement marre. “Il y a un petit peu de tout, mais de manière générale, ils sont quand même réceptifs et demandeurs, résume la professeur de géographie. Mais il y a des élèves qui se distinguent vraiment parce qu’ils ne sont pas d’accord ou qu’ils ne veulent plus qu’on en parle.” Mais l’établissement compte continuer ses efforts pour sensibiliser les jeunes et espère développer un projet d’école durable l’année prochaine.