“C’est fou de se dire que, dès le mois de mars, c’est comme si on n’avait plus rien”: à Louvain-la-Neuve, les jeunes sensibilisés à l’overshoot day
Le kot à projet Kap sur l’Avenir a organisé un jeu de mise en situation pour alerter et sensibiliser sur le “Jour du dépassement”, qui tombe le 26 mars en Belgique.
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Publié le 26-03-2023 à 08h04
Que feriez-vous s’il n’y avait plus de ressources sur Terre ? C’est la question posée par les étudiants du kot à projet Kap sur l’Avenir, qui a pour objectif de sensibiliser les étudiants et habitants de Louvain-la-Neuve à la problématique de la crise écologique actuelle, en se focalisant sur la transition énergétique.
“Nous sommes le 27 mars, le lendemain du jour du dépassement en Belgique. Il n’y a donc plus de ressources disponibles”, lance l’une des membres du KAPSLA pour planter le décor du jeu de mise en situation. “Comment feriez-vous pour aller faire vos courses alimentaires ?”, questionne la fiche sélectionnée au hasard par la demi-douzaine d’étudiants qui se tient devant elle.
Rapidement, le groupe réalise les nombreuses contraintes d’une vie sans ressources. “Déjà, il n’y aura plus de frigo !”, lance un étudiant. “Ni de voiture, ni de vélo électrique”, renchérit un autre. Ils évoquent ensuite quelques solutions et arrivent très rapidement à la nécessité de créer des potagers, même si des interrogations persistent. “S’il n’y a plus de ressources, on n’a plus d’eau non plus”, questionne l’un des garçons. “S’il n’y a plus rien, alors on meurt !”, conclut l’un de ses camarades.

Comme lui, plusieurs personnes ont participé au jeu et sont arrivées à cette conclusion. “Ce n’est pas très marrant”, concède Géraldine, du KAPSLA, pour qui le but de l’activité est “d’entamer une réflexion” et “de faire prendre conscience que c’est super dur de vivre sans ressources”. “Il faut vraiment faire attention”, ajoute-t-elle.
La Belgique, mauvais élève
L’activité était organisée ce jeudi 16 mars sur la Grand-Place de Louvain-la-Neuve, dix jours avant la date officielle du “Jour du dépassement” pour la Belgique. Plus qu’un jeu, l’événement est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur cette date clé. “Il y a deux overshoot day : celui par pays et celui du monde”, détaille Loïc, membre du KAPSLA depuis cette année.
Le premier, qu’on appelle “Jour du dépassement de la Terre” ou “Earth Overshoot Day”, est calculé chaque année par le Global Footprint Network et marque la date à laquelle la demande de l’humanité en ressources et services écologiques au cours d’une année donnée dépasse ce que la Terre peut régénérer au cours de cette même année. Calculé depuis plus de 50 ans, celui-ci arrive de plus en plus tôt dans l’année. Il tombait le 28 juillet en 2022…

L’ONG réalise également un second calcul pour chaque pays, à partir des données des Comptes nationaux d’empreinte écologique et de biocapacité. Cette date correspond à celle à laquelle tomberait le jour du dépassement mondial si toute la planète avait le même niveau de consommation que le pays en question.
Notre pays occupe la 14e place du classement dominé par le Qatar et le Luxembourg, dont les jours du dépassement tombent respectivement les 13 et 14 février. “Chez nous, c’est le 26 mars. C’est fou de se dire que dès le mois de mars, c’est comme si on n’avait plus rien pour tout le reste de l’année”, poursuit-il.
Prise de conscience
Le kot à projet a donc décidé de marquer le coup en prenant possession de la place et en y inscrivant à la craie “overshoot day”. “On invite tout le monde à venir participer et à venir s’informer”, ajoute Loïc, montrant le stand d’information qui propose des infographies, des cartes et des textes explicatifs. “Le but n’est pas de culpabiliser mais de se dire qu’il faut prendre conscience qu’on consomme et émet énormément pour un petit pays”. En effet, selon les dernières données utilisées par l’ONG, l’empreinte écologique de la Belgique dépassait sa biocapacité de 801 %.

“J’en avais déjà entendu parler, mais je ne savais pas qu’on faisait la distinction par pays”, assure Nathan, 20 ans, qui s’interroge sur la méthode de calcul. “Ce qu’ils font, c’est qu’ils prennent toute surface qui est productive, donc un désert ou le fond des océans, ça ne marche pas. Ils prennent ça pour tous les pays et ensuite, ils prennent la consommation. Ils essaient de faire une pondération entre tes émissions de CO2, l’alimentation que tu vas avoir, ta culture et tout ce genre de choses…”, détaille Loïc, antisèche en main. “En Belgique, notre consommation fluctue au cours du temps et on voit qu’on est largement au-dessus de ce que la Belgique peut produire”, conclut le bénévole du KAPSLA.
“Ça nous remet en question de voir qu’au final, le pays où on habite a quand même un grand impact négatif écologique sur le monde entier”, conclut Nathan.