L'Union européenne pourrait totalement se passer de gaz russe d’ici à 2028
Des investissements massifs dans les technologies vertes permettraient de se passer totalement de gaz russe, estime un nouveau rapport de l’Oxford Sustainable Finance Group.
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Publié le 09-05-2023 à 06h32 - Mis à jour le 09-05-2023 à 10h20
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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Vingt-sept ont mis en œuvre des politiques d’urgence. Nommé “RePowerEU”, ce paquet de mesures vise à réduire la dépendance de l’UE au gaz russe d’ici à 2028. Une nouvelle analyse de l’Oxford Sustainable Finance Group publiée ce mardi examine le coût du remplacement intégral de ce gaz pour l’électricité et le chauffage par des énergies propres, plutôt que de remplacer l’approvisionnement par des combustibles fossiles provenant d’autres pays.
Bien que le gaz russe représentait environ la moitié de l’approvisionnement en gaz naturel dans l’UE en 2021, s’en passer n’est pas invraisemblable. Selon les auteurs du rapport, en investissant dans des technologies vertes, l’Union européenne pourrait totalement remplacer le gaz russe d’ici à l’échéance 2028. En plus des investissements prévus dans le cadre du Green Deal européen, 512 milliards seraient nécessaires pour mener à bien cette transition. Au total, ce sont donc 811 milliards d’euros qui seraient investis, répartis entre les énergies renouvelables (706 milliards d’euros) et les pompes à chaleur (105 milliards d’euros).

Des investissements importants qui pourraient être en partie récupérés grâce aux économies réalisées. En effet, les auteurs du rapport estiment que, grâce aux différentes mesures remplaçant le gaz russe, 254 milliards d’euros pourraient être économisés, soit environ 50 % des investissements supplémentaires requis.
”La transition du gaz russe vers l’énergie propre est non seulement réalisable, mais elle offre de multiples avantages. Le remplacement du gaz naturel par l’énergie éolienne et solaire élimine la nécessité de payer le gaz à l’avenir”, assure Gireesh Shrimali, coauteur du rapport et responsable de la recherche sur le financement de la transition à l’Oxford Sustainable Finance Group. À l’en croire, éliminer la dépendance au gaz russe pourrait donc atténuer des problèmes allant de la sécurité énergétique à la crise du coût de la vie, en passant par la crise climatique.
Quatre axes d’action
Pour mener à bien cette transition, le rapport préconise une série changements politiques, focalisée sur quatre axes :
- Mise en place d’un système de subvention et de financement favorable aux technologies vertes, y compris les énergies renouvelables et les pompes à chaleur ;
- Renforcement et amélioration les capacités des réseaux de transmission et réduire les délais d’autorisation de déploiement de l’électricité renouvelable, comme le propose REPowerEU ;
- Formation de travailleurs spécialisés dans les énergies renouvelables, qui possèdent les compétences et l’expertise nécessaires pour déployer les technologies renouvelables à l’échelle requise ;
- Mise en place de chaînes d’approvisionnement durables et fiables, capables d’assurer la production d’énergie renouvelable aux niveaux nécessaires à un déploiement rapide.
Pour ce faire, les auteurs encouragent la collaboration entre les décideurs politiques et investisseurs par le biais d’un “partage approprié des investissements et le développement d’instruments financiers innovants”.

”Cette analyse souligne que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ne sont pas un rêve lointain, mais une voie économique immédiate, sûre sur le plan énergétique et éthique pour s’éloigner du gaz russe coûteux”, commente Laurence Tubiana, directrice générale de la Fondation européenne pour le climat (EFC) et l’une des architectes de l’accord de Paris. “En tant que principaux importateurs européens de gaz, les dirigeants politiques de l’Allemagne, de l’Italie et de la France doivent tirer parti d’une énergie renouvelable propre, sûre et bon marché pour leurs citoyens, tout en réduisant les efforts de guerre de la Russie.”