“Personne n’est là pour nous aider” : des précipitations records provoquent le chaos en Grèce, en Bulgarie et en Turquie
Les équipes de secours se mobilisent en Grèce, en Bulgarie et en Turquie. Les trois pays ont été touchés par des précipitations records et des crues soudaines, conduisant à la mort d’au moins 12 personnes et provoquant de gros dégâts matériels.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/70bb1a17-0ccf-40d5-a5f5-2d078d3af5ce.png)
- Publié le 06-09-2023 à 19h04
:focal(2587x1733:2597x1723)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/I4LJQNEECFA4FBXPR76YVWICWM.jpg)
”Il s’agit du phénomène le plus extrême en termes de quantité maximale de pluie sur une période de 24 heures depuis le début des relevés dans le pays”, a déclaré mercredi Vassilis Kikilias, le ministre grec de la crise climatique et de la protection civile, confirmant les impressions des citoyens désemparés face à la pluie qui tombe sans discontinuer depuis lundi soir dans le nord et le centre du pays. “C’est une situation extraordinaire”, a quant à lui reconnu Dimitris Ziakopoulos, vice-président du centre des études de la gestion des crises du ministère de la Crise climatique, lors d’une conférence de presse à Athènes. “Il semble que la région montagneuse de Magnésie a été touchée par 600 à 800 mm de pluie en 24 heures”, “un phénomène inédit dans les données météorologiques du pays”, mesurées depuis 1955, a-t-il indiqué.
Dans la ville de Volos, totalement inondée, 120 mm de pluie sont tombés ce mardi, en 24 heures seulement. La situation est pire encore dans le village voisin, à Zagora : la station météo a relevé jusqu’à 645 mm de pluie ce mardi. À titre de comparaison, l’épisode pluvieux à l’origine des inondations belges de juillet 2021 est considéré comme l’un des pires du siècle sur notre territoire. Il était tombé 160 mm de pluie le 14 juillet et de 120 mm le 15 juillet. Les pluies torrentielles en Grèce doivent durer jusqu’à jeudi après-midi, selon les prévisions du service météorologique national (EMY).
Colère des citoyens
”Je n’ai jamais rien vu de tel. Des milliers de magasins et de bâtiments ont été inondés à Volos et personne n’est là pour nous aider”, a déclaré à l’AFP Vassilis Tsalamouras, un habitant de 58 ans de cette ville du centre de la Grèce. Une colère qui se ressent également dans les témoignages recueillis par les médias locaux. “Personne n’est venu nous aider. Hier, deux véhicules des pompiers sont passés par là, ont constaté la situation et sont repartis, a regretté Sofia Vlachou, une habitante du quartier situé au-dessus du cours d’eau qui a débordé mardi, auprès du média Kathimerini. Je suis vraiment désolé de le dire, mais personne ne nous a aidés”. Certains citoyens ont aussi critiqué le manque de préparation des autorités. “Nous n’avons ni protection contre les inondations ni protection contre les incendies dans la ville, c’est la vérité”, déplore Thanos Tsombanopoulos, directeur d’un commerce dans la ville de Volos. Selon lui, des inondations ont lieu chaque année. “Mais cette fois, l’ampleur de la catastrophe est énorme. La municipalité a une part de responsabilité dans tout cela.”

Face aux critiques sur les victimes et les importants dégâts provoqués par les inondations en Magnésie et dans les départements voisins, Vassilis Kikilias a indiqué que les infrastructures du pays devaient être réorganisées pour parer à “la crise climatique”.
Situation critique en Bulgarie et en Turquie
Mais la Grèce n’est pas le seul pays touché : la Turquie et la Bulgarie ont aussi été frappées par des crues soudaines à la suite de pluies torrentielles. En Bulgarie, sur la côte de la mer Noire, les intempéries ont fait au moins trois morts et affecté environ 4 000 touristes, ont annoncé les autorités mercredi. “Il est tombé en 24 heures l’équivalent de plusieurs mois de pluie, du jamais vu depuis 1994”, a insisté le responsable des secours bulgares, Alexandar Djartov. La ville côtière de Tsarevo, la plus durement touchée, a décrété une journée de deuil. En Turquie, les fortes pluies qui se sont abattues sur la métropole turque d’Istanbul ont coûté la vie à deux personnes, tandis que plusieurs autres ont été blessées, a rapporté mercredi matin le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya. Plus de 1 700 maisons et magasins de la plus grande ville de Turquie ont été endommagés.
L’Europe est actuellement confrontée à un “blocage anticyclonique en oméga”, ce qui explique les fortes chaleurs en France et en Belgique ainsi que les intempéries records. Le nom de ce phénomène atmosphérique découle de la lettre grecque Ω. Lorsqu’il se forme, le bloc oméga perturbe la circulation atmosphérique à haute altitude et maintient les conditions météorologiques stables pendant une période prolongée, pouvant s’étendre de plusieurs jours à plusieurs semaines. Ce type de blocage peut conduire à des conditions météorologiques extrêmes, ce qui est actuellement le cas en Europe.