De plus en plus de sangliers observés dans les rues de Bruxelles: faut-il s'en inquiéter ?
Ces dernières semaines, plusieurs sangliers ont été aperçus dans des communes autour et à l'intérieur de Bruxelles. En se rapprochant des villes, l'animal occasionne beaucoup de dégâts sur son passage et soulève par la même occasion un défi de gestion de l'environnement.
- Publié le 11-09-2023 à 16h29
- Mis à jour le 12-09-2023 à 12h41
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Le 27 août dernier, un sanglier a ravagé le jardin d'un habitant de Kraainem, en périphérie bruxelloise. Quelques semaines plus tôt, un autre sanglier avait été repéré dans l'avenue Baron d'Huart, à quelques centaines de mètres à peine de la place Dumon (Woluwe-Saint-Pierre). Selon Stéphane Vanwijnsberghe, responsable de la sous-division Forêt & Nature de l'Institut bruxellois pour la gestion de l'environnement (IBGE), même si ces observations ne sont pas des cas isolés, l'on ne peut pas pour autant parler d'un phénomène. "Ce qu'on constate en tout cas, c'est que les observations dans ces coins-là sont de plus en plus fréquentes, sans pour autant devenir courantes."
"Notre inquiétude, c'est d'avoir une faune qui s'installe et se développe fortement"
Selon lui, ces sangliers appartiennent probablement à la harde installée dans l'Arboretum de Tervuren et ses alentours. Une population est également à nouveau présente en forêt de Soignes après en avoir disparu en 1917. "Sur la partie bruxelloise du massif, les premières observations du retour de cette espèce datent de décembre 2006. Très sporadiquement, on y observait des sangliers. C'est une population qui est très mobile." Les derniers chiffres datent de 2007, lorsque la forêt comptait entre 15 et 30 individus. Actuellement, la Région ne dispose plus de données quantifiées sur cette population. "On collecte des informations sur l'endroit où ils sont observés, mais le sanglier n'est pas implanté dans la région bruxelloise. Notre inquiétude, actuellement, c'est d'avoir une faune qui s'installe et se développe fortement, grandement et rapidement, mais on n'a pas encore observé cela. Ceci-dit, depuis déjà quelques mois, on remarque des présences et des observations plus fréquentes dans des endroits où l'on ne l'avait pas par le passé."
Pour le responsable de la sous-division Forêt & Nature de l'IBGE, cela peut s'expliquer par plusieurs choses, mais la principale raison est incontestablement la forte croissance de la population de sangliers au niveau mondial, tant en Europe que dans des pays comme le Japon, où il est par exemple présent. "C'est lié au changement climatique, avec un milieu qui devient plus hospitalier, ce qui permet une augmentatinon des populations. Le changement climatique permet d'avoir plus de fruits forestiers, comme les glands et les faînes (fruits du hêtre, NdlR), et donc d'augmenter les ressources alimentaires, mais également d'avoir plus de portées sur une même année."
"Le défi sera de conserver cette population dans un niveau raisonnable pour limiter les dégâts"
Face à cette impressionnante croissance du nombre de sangliers dans les espaces verts aux alentours de la capitale, le défi sera, selon Stéphane Vanwijnsberghe, de "conserver cette population dans un niveau raisonnable pour limiter les dégâts sur les propriétés publiques et privées, ainsi que les accidents sur les axes routiers." Malgré les risques de destruction occasionnés par les sangliers, leur présence peut avoir de gros avantages. "C'est un animal qui a un effet bénéfique pour la forêt en étant dynamisant pour l'écosystème, pour autant que la population ne soit pas trop importante. A partir d'un certain seuil, une population trop élevée peut avoir un effet dommageable pour l'environnement, d'où la nécessité de la contrôler et de la maîtriser dans un niveau acceptable et soutenable pour le milieu." Pour Stéphane Vanwijnsberghe, le retour du sanglier en bordure de ville, voire dans certains cas dans la ville, participe à ce qu'il appelle le "rewilding" ("réensauvagement") de nos espaces urbains, à la mode depuis quelques temps.