Une "Maker Faire" pour stimuler la créativité
La créativité et la débrouillardise étaient au coeur de la "Maker Faire Wallonia", ce jeudi. La première édition wallonne du genre a attiré un public curieux et enthousiaste.
Publié le 26-05-2017 à 12h15 - Mis à jour le 26-05-2017 à 14h50
La créativité et la débrouillardise étaient au coeur de la "Maker Faire Wallonia", ce jeudi. La première édition wallonne du genre a attiré un public curieux et enthousiaste.
"Tout le monde est créatif. Tout le monde a les capacités de créer et donc d'innover !" Mais entre l'idée, qui un jour surgit, et sa réalisation, il y a un pas que la plupart d'entre nous ne franchissent pas. La faute au manque de temps, de capacités, de matériel, d'infrastructures. Et pourtant, certains n'hésitent pas (ou pas longtemps) avant de se lancer, de tester, de rater et de recommencer puis d'améliorer une idée devenue un produit. Eux, ce sont les "makers". Comprenez ceux qui apportent des idées neuves, explorent, expérimentent, bricolent. Dans le hall de Médiarives, dans des stands aux structures de palettes en bois, ils présentent leurs produits et machines. " On est dans la pratique : on essaie, on améliore, on voit si ça correspond à un besoin du public", explique David Valentiny. "Les makers produisent de l'utile", poursuit le président de Creative Wallonia Engine. La technologie, largement mise en valeur lors de cette journée, est vue comme un outil, déclinée selon des besoins et des idées. "Le maker fait au quotidien et utilise la technologie pour produire mieux", appuie Benjamin Pailhe, fondateur de REStore, dont la particularité est l' "upcycling" : la revalorisation des objets et matériaux de récupération.
Art, design, ingénierie, sciences, les domaines d'innovation représentés sont nombreux. Certains sont organisés en "FabLab", appellation venue tout droit du Massachussets Institute of Technology (MIT) qui vente les mérites du Do It Yourself (DYI), ayant pour préoccupation d'amener la technologie auprès du grand public. "Un FabLab est un espace de création partagé. Les gens viennent apprendre à utiliser les machines afin de donner vie à ce qu'ils ont en tête. C'est un incitent à la créativité", explique Xavier Willot, fondateur de YourLab, alors que Benjamin Pailhe voit ces lieux comme des "centres de ressources et de production".
Stimuler la créativité
"Il est important de créer les structures qui mettent les utilisateurs/testeurs au coeur de la démarche de création", explique Bérengère Fally, au milieu des visiteurs venus nombreux en bord de Meuse. Cette créativité a besoin d'être "stimulée". Voila le rôle que s'est donnée l'organisatrice de la "Maker Faire Wallonia". Cette foire, c'est l'occasion de faire se rencontrer les acteurs de l'innovation, de créer entre eux des synergies et d'ainsi favoriser l' "esprit collaboratif" qui les anime. C'est aussi l'occasion pour ces entrepreneurs "bidouilleurs" de présenter leur travail au grand public. Ici, tous les âges se côtoient. Les visiteurs s'émerveillent devant l'imprimante 3D de chocolat, Les yeux s'écarquillent à la vue des robots. "Il est primordial que les familles s'approprient l'innovation et les logiques qui favorisent la créativité", insiste Bérengère Fally. "Que les enfants prennent conscience qu'ils peuvent être acteurs et non pas uniquement consommateurs; qu'ils sont capables et que les moyens existent de faire des choses". Qui plus est, "cette innovation favorise l'économie locale et est à la base du développement du territoire", croit-elle. Propos auxquels font échos ceux de Xavier Willot, qui ajoute : "La création fait partie d'un besoin d'émancipation qui passe par la fabrication plutôt que par la consommation. Et si cela prend plus de temps, c'est aussi moins cher".

A contre-temps
"On a oublié de prendre le temps", regrette l'organisatrice qui fait l'éloge de la lenteur et de la proximité. La Maker Faire voulait ainsi répondre à des préoccupations actuelles. "On est arrivé à un moment où il faut anticiper la manière dont on produit et consomme. On veut montrer aux gens qu'ils peuvent aussi s'inscrire dans une démarche locale, respectueuse de l'environnement et des écosystèmes. Certains makers font du neuf avec du vieux, travaillent en économie circulaire et montrent que la surconsommation n'est pas inévitable". Cette logique, Xavier Willot la résume en une phrase : "Réparer plutôt que racheter. Fabriquer plutôt que consommer".
L'innovation telle que Bérangère Fally la conçoit est "une solution parmi d'autres aux défis actuels", raison pour laquelle elle, et les makers, tenaient à faire connaitre leur philosophie lors de cette journée, partie intégrante de la "Semaine de la créativité".