Le "Biais Vert", un coup de jeune à l'écologie
Du haut de ses 20 ans, Félicien Bogaerts a déjà la voix d'un vieux routard des ondes. Depuis quatre ans, les fans de Classic 21 ont l'occasion d'apprécier le timbre grave et l'énergie de cet autodidacte du micro. Un hyperactif qui vient de lancer un projet personnel de capsules vidéos pour sensibiliser les jeunes aux problèmes environnementaux.
Publié le 12-09-2017 à 17h51 - Mis à jour le 12-09-2017 à 18h54
Du haut de ses 20 ans, Félicien Bogaerts a déjà la voix d'un vieux routard des ondes. Depuis quatre ans, les fans de Classic 21 ont l'occasion d'apprécier le timbre grave et l'énergie de cet autodidacte du micro. Un hyperactif qui vient de lancer un projet personnel de capsules vidéos pour sensibiliser les jeunes aux problèmes environnementaux.
« Je ne sais pas pourquoi, quand j'étais petit j'avais vraiment en tête qu'il fallait que je fasse de la radio à 16 ans », raconte Félicien Bogaerts. Parole tenue. Passionné par les classiques du rock – « je suis très Beatles » –, il envoie au culot un mail à Marc Isaye, le directeur-monument de la chaîne radio, pour lui expliquer qu'il trouvait dommage que la moyenne d'âge des animateurs soit de 45-50 ans alors que celle-ci compte de nombreux jeunes parmi ses auditeurs. Une rencontre en tête à tête plus tard, le voilà embarqué sur le paquebot Classic 21.
Sortir l'écologie de son ghetto
Féilicien est comme ça. Il a besoin d'évacuer son « ouragan intérieur » en défendant des choses qui lui « semblent justes » dans ses chroniques radiophoniques ou en faisant de la musique – il joue de la guitare. Toute occasion de lancer un nouveau projet qui a du sens est donc bonne à prendre à ses yeux.
Issu d'une famille « un peu bourgeoise » mais qui lui a « laissé beaucoup de liberté », Félicien a grandi dans le petit village de Bousval. Une enfance joyeuse dans un environnement rural qui a enraciné en lui le respect de la nature dont nous sommes aujourd'hui bien trop déconnectés, juge-t-il. Il y a deux ans, en compagnie de son amoureuse de l'époque, il a découvert – comme beaucoup de monde – le documentaire « Demain ». Et – comme pour beaucoup de monde – « cela a vraiment été l'étincelle ». « A la sortie du cinéma, je me suis dit qu'il fallait absolument faire quelque chose » et contribuer « à cette révolution lente ».
Conscient du fait qu'il n'est pas « un expert des tenants et aboutissants de la crise environnementale » et qu'il existe déjà une offre médiatique assez pointue en matière d'infos sur ces questions, lui veut sortir l'écologie de son « ghetto » où elle reste encore trop souvent contingentée aux spécialistes ou à un public déjà sensibilisé.
«Avant de vouloir aller plus loin sur ces questions-là, il faut déjà en avoir conscience. Il y a énormément de jeunes aujourd'hui qui ne se rendent toujours pas compte que prendre la bagnole pour faire un trajet qui prendrait 15 minutes à pied ou 5 minutes à vélo, ce n'est pas responsable. Ou que manger un steack n'est pas sans impact. Mon objectif n'est pas de les faire changer d'avis à tout prix, mais simplement de leur montrer que cela existe », souligne-t-il, tout en reconnaissant qu'il s'agit aussi d'une manière d'exprimer sa propre colère par rapport à l'inaction actuelle face à la destruction de notre maison commune.
Un ton ludique et engagé
Avec une poignée d'amis partageant les mêmes préoccupations, Félicien a donc lancé le « Biais Vert », une petite séquence vidéo diffusée via les réseaux sociaux. Outre la dimension engagée totalement revendiquée, « en français, un biais signifie aussi chercher une solution pour résoudre un problème », sourit-il.
Chaque billet fait ainsi le point sur un sujet, distribuant au passage ses bons (le kiwi) et mauvais points (le mégot). Sur un ton à la fois sérieux et décalé, Félicien déroule son argumentaire – « qui repose sur un travail de fond fouillé » – en s'appuyant sur des inscrusations ou des animations pour illustrer son propos. Un style qui n'est pas sans rappeler celui du « Quotidien » de Yann Barthès ou les pastilles vidéos de Brut. C'est rafraîchissant et plutôt bien foutu. Sans être vraiment fan de ces programmes, «il faut se servir des outils de notre époque pour accrocher les gens », assume Félicien, qui y voit plutôt une espèce de « C'est pas sorcier » moderne dédié à l'environnement.
Hormis un modeste coup de pouce obtenu via la plate-forme de financement participatif Tipee, le tout est réalisé à frais d'auteurs.
Consacrés à la faiblesse de la politique écologique du président Macron, au climatoscepticisme criminel de Donald Trump ou encore à la pollution par le plastique, les premiers épisodes ont rencontré un joli succès. Le quatrième (lien), diffusé ce mardi à partir de 18h30, est consacré à la disparition des abeilles.
Félicien, qui avait proposé en vain son projet aux chaînes TV de la RTBF, ne désespère pas de voir un jour le « Biais Vert » ou une formule similaire émerger sur le petit écran national.