Quand la crise du Covid-19 accentue le sens du Service Citoyen
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- Publié le 20-04-2020 à 17h38
- Mis à jour le 04-05-2020 à 15h33
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En ces temps de crise, les jeunes du Service Citoyen s'engagent dans les secteurs les plus exposés : maisons de repos, accueil des sans abri…
Damien et Ester témoignent de leurs premières semaines de mission.
Tous les matins, Damien enfile blouse, masque FFP2, gants et charlotte. Un petit quart d’heure pour revêtir l’essentiel attirail de sécurité avant de se mettre au travail. A 24 ans, il a rejoint les équipes d’une maison de repos dans le cadre de son Service Citoyen. Doué avec les outils numériques, il s’occupe principalement du lien entre les familles et les résidents, gère les demandes de contact et se charge d’organiser les appels téléphoniques ou en vidéo. « Certains jours, j’ai à peine trois appels et d’autres j’en ai une dizaine à passer », commente-t-il.
A peine le temps d’effectuer son stage d’intégration de quelques jours, et Ester débutait elle aussi ses six mois de mission, en pleine crise du Covid-19, au sein de la maison de repos liégeoise La Chartreuse. Initialement, la jeune femme était censée réaliser son Service Citoyen dans le secteur de l’animation. Mais le confinement a contraint l'organisation à suspendre une série d’activités. « Je me suis dirigée vers les maisons de repos car j’avais envie de découvrir la réalité de ce secteur, des métiers qui y sont exercés, de ce public », explique-t-elle. Elle est donc entrée de plein-pied dans un monde frappé de plein fouet par la crise. Dans cette maison de repos de 150 résidents, le travail ne manque pas, même pour une jeune bénévole. « Avec les changements occasionnés, il y a beaucoup à faire, on court partout », réagit-elle. L’équipe l’a donc vue arriver « avec soulagement ».
Ester est affectée là où les besoins se font sentir : « gestion de l’accueil, relais entre les familles et les résidents, distribution des colis (des vêtement, du linge, de la nourriture…) et, le week-end, la prise de température », énumère la jeune femme.
Même si les résidents de la Chartreuse sont relativement épargnés par la pandémie, ils subissent comme tout le monde le confinement. « Cette situation est triste pour les résidents confinés dans leur chambre. Certains n’en comprennent pas bien les raisons. Il faut leur expliquer et les rassurer, poursuit la jeune bénévole. C’est important de prendre le temps de discuter avec eux et de répondre à leurs petits besoins. »
Les résidents le lui rendent bien. « Ils sont contents d’être considérés, de constater qu’on est là pour eux malgré l’isolement dans lequel ils sont. » Rencontrer les demandes des familles s’avère plus compliqué. « C’est chargé en émotions », poursuit Ester.
"La crise donne encore plus de sens au Service Citoyen"
Et pourtant, la jeune femme se dit « heureuse » de se mettre au service des personnes âgées. « Je voyais le Service Citoyen comme une manière de me rendre utile, de mettre mon temps à profit, d’acquérir de l’expérience et d’y voir plus clair sur mon avenir. Objectifs atteints ! », se réjouit-elle. Sa mission « prend encore plus de sens » dans le contexte de la crise du Covid-19. « Cela me fait beaucoup de bien. »
Comme Ester et Damien, ils sont plus de 550 chaque année à faire un Service Citoyen. Développé à l’échelle européenne, il propose aux jeunes de 18 à 25 ans de s’engager durant six mois dans un projet utile à la collectivité, dans différents secteurs : solidarité et aide aux personnes, environnement, accès à la culture et à l’éducation, éducation par le sport.... Tout en bénéficiant de formations, d’indemnités et d’assurances. Si le statut manque encore de clarté en Belgique, les jeunes n’en sont pas moins actifs. Dans le contexte actuel, ils sont même nombreux a avoir maintenu leur engagement.
« En ces temps de crise sans précédent, il est important que chacun apporte sa pierre à l’édifice d’une nécessaire coopération interpersonnelle. C’est, par essence, le rôle du Service Citoyen : solidarité et citoyenneté engagée se couplent avec des besoins sociétaux urgents et offrent en retour une expérience, un apprentissage et souvent un épanouissement personnel lié au fait de se sentir vraiment utile aux autres ! », souligne son directeur général, Francois Ronveaux.
En temps de crise, le Service Citoyen se réinvente. Dans les maisons de repos et les centres pour sans abri, secteurs particulièrement touchés par la crise du Covid-19, les jeunes ont pu continuer à accomplir différentes tâches : aide à la logistique, accueil des personnes, service des repas, préparation de colis alimentaires, récolte de matériel de couture, confection de masques… Pour d’autres jeunes, dont les mesures de confinement ont mené à la suspension des missions initiales, « l'équipe de la Plateforme a réorganisé l’offre afin de proposer les services des jeunes à des organisations dans le besoin », explique Francois Ronveaux, directeur général du Service Citoyen. Depuis le 23 mars, l'organisation a « élargi le périmètre des besoins à des organismes non partenaires ciblés pour l’urgence des nécessités (BxlRefugees, Médecin Du Monde…) ». Elle met par ailleurs en relation (téléphonique, vidéophonique, épistolaire …) les jeunes prêt à s’impliquer depuis leur domicile avec des aîné(e)s confiné(e)s isolé(e)s ou en maison de repos. « Au regard des besoins émergents, notre plate-forme prépare une quatrième phase visant à mobiliser son réseau d’anciens jeunes ayant réalisé un Service Citoyen ces dernières années, soit un véritable « corps civique » de quelques 1500 jeunes », précise encore le directeur.