Un regard décalé sur des modèles économiques alternatifs sérieux

Des chercheurs de l’ULB ont créé une série d'outils interactifs pour sensibiliser les jeunes étudiants aux modèles économiques alternatifs.

Qu’est-ce que l’économie sociale, solidaire, circulaire, de la fonctionnalité ou encore du partage ? Ces modèles économiques durables sont autant d’alternatives au système capitaliste qui organise notre société. Mais ces concepts restent parfois très abstraits pour les jeunes, acteurs en devenir du monde de demain. Un flou que des chercheurs de l'ULB veulent éclairer dans le cadre d'une action pédagogique baptisée SEMod (Sustainable Economic Models).

A l'aide de plusieurs outils développés pour la cause, Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels School of Economics and Management de l’ULB, et Alicia Dipierri - Doctorante et chercheuse ASP FNRS à l’ULB, proposent aux élèves du secondaire (14-18 ans) et aux étudiants du supérieur de se pencher sur ces différentes approches économiques, celles-ci étant « inscrites dans une réflexion plus large sur le système économique et sur les finalités d’une action », résume Marek Hudon.

Innovation pédagogique et artistique

Cette sensibilisation, les porteurs du projet ont voulu la placer sous le signe de l’innovation et de l’interaction. « SEMod, c’est d’abord une pièce de théâtre interactive », précise notre interlocuteur. En raison de l'épidémie de Covid, elle est désormais proposée en version digitale. Le comédien Martin Ophoven, y lie les concepts du développement durable à travers la métaphore d’une pizza (« elle est circulaire, partagée, fonctionnelle,… ») et amène les élèves à « apporter leurs réflexions au débat, et à poser des questions sur le monde économique qui les entoure. » Un questionnement renforcé par la crise du coronavirus. « Face à la pandémie, beaucoup soulignent la nécessité de repenser notre économie ; les modèles économiques durables contribuent à cette réflexion », ajoute Marek Hudon.

Pour autant, « on entend garder un esprit critique face à des modèles dont on ne veut pas faire des fétiches, insiste-t-il. L’économie du partage n’est ainsi pas forcément toujours durable; le local n’est pas systématiquement durable. L’idée est d‘amener les étudiants dans une réflexion critique. »

Pour les y aider, des capsules vidéo ainsi que des fiches pédagogiques complètent la panoplie d'outils mis à disposition des enseignants et permettent à ceux qui le souhaitent d’ « d’aller plus loin » dans la matière. « L’idée est de les laisser picorer, sans leur proposer un programme clé sur porte », précise Marek Hudon qui insiste, expérience à l’appui, sur la nécessité de repenser la pédagogie en développant de nouveaux contenus et outils afin de « parler aux jeunes dans leur langage ». D’ailleurs, analyse-t-il, « la crise du Covid-19 a incité de nombreux enseignants du secondaire et du supérieur à repenser leurs approches pédagogiques et à développer des contenus en ligne ». Ceux-ci pourraient venir compléter leur besace.

Moments charnières

Si l’action SEMod s’adresse aux jeunes au début de l’âge adulte, c’est avant tout parce qu’ils se trouvent alors à des moments charnières de leur vie. « Ils sont à un stade où ils se posent des questions sur leur avenir, motive Marek Hudon. L’idée est d’aborder ces modèles économiques avec ce point de départ : quelle est la finalité d’une entreprise et d’une économie ? Quelle est la responsabilité individuelle et mon rôle en tant qu’étudiant, consommateur, citoyen voire futur entrepreneur ? On voulait arriver avec des pistes d’action et leur donner des clés pour être acteur. »

D’une manière générale, l’objectif est de « compléter la palette des connaissances des modèles économiques des étudiants et de leur apprendre les forces, les faiblesses, les difficultés rencontrées dans les modèles enseignés. Qu’ils soient plus conscients, mieux informés et qu’ils développent des connaissances actives », résume le chercheur.

Les contenus résonnent auprès des étudiants en études de commerce comme des futurs architectes ; des élèves en secondaire général ou en option économie. « La pièce se veut accessible à tous et on a veillé à ce qu’il y ait un ancrage dans les programmes scolaires », souligne encore Marek Hudon.

Davantage que le programme, l’action vient répondre à « un intérêt prononcé et une forte demande pour l’entrepreneuriat social et la durabilité. Si ces modèles sont aujourd’hui couramment enseignés, de nombreux étudiants se posent la question de la finalité d’une action entrepreneuriale, observe le porteur du projet. Quand ces cours sont disponibles, beaucoup d’étudiants des écoles de commerce les choisissent. Cette popularité se vérifie aussi au sein des incubateurs de start-up où nombre d’entre elles tournent autour du développement durable. »

Actuellement, environ 2000 étudiants ont été touchés par l’action. L’enjeu, désormais, est de disséminer les outils et contenus et que « les enseignants voire les réseaux se les approprient ». Pour les y inciter, Marek Hudon fait savoir que les fiches pédagogiques et les vidéos sont libres d’usage.

Des vidéos didactiques

A travers cinq vidéos, l’équipe de l’ULB se penche sur les concepts de l’économie circulaire, qu’elle met en relief grâce à des initiatives concrètes d’entreprises ayant choisi ce modèle. Leurs fondateurs y expliquent les raisons de leurs choix, les difficultés rencontrées et livrent quelques conseils aux futurs entrepreneurs.

Dans la première vidéo, Martin Ophoven nous emmène à la rencontre de PermaFungi. Julien Jaquet et ses collègues y font pousser des champignons sur du marc de café.

Inspire diffusera, sur sa page Facebook, une vidéo par jour à partir de ce lundi.

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