Sur les toits des écoles, des panneaux solaires pour mieux comprendre les enjeux énergétiques

Comment faire en sorte que les écoles participent à la transition vers une société moins polluante ? Sun for Schools installe des panneaux solaires sur leurs toits. Et dispense aux élèves un accompagnement pédagogique autour des questions environnementales et énergétiques.

“Certains d’entre vous sont-ils partis au ski, cet hiver ? ”, demande Arthur Maistriaux, porteur de projets pour Sun for Schools, à la vingtaine d’élèves de troisième primaire qui l’écoutent avec attention. Les doigts se lèvent promptement. Oui, certains ont profité de vacances à la montagne. “Mais il n’y avait pas beaucoup de neige”, commente l’un d’eux, du haut de ses huit ans. La porte d’entrée est toute trouvée puisqu’il s’agit d’aborder, avec ces élèves de l’École Européenne III, la question du réchauffement climatique, ses causes, ses effets et les solutions pour limiter le phénomène. Avec une attention toute particulière sur les énergies renouvelables, au rang desquelles, le photovoltaïque.

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Arthur Maistriaux donne une animation sur les sources de pollution et les énergies renouvelables aux élèves francophones de troisième primaire de l'Ecole Européenne III. ©cameriere ennio

Energie et pédagogie

Il y a quatre ans, en partenariat avec Sun for Schools, l’école s’est en effet dotée de panneaux solaires. “Il y en a 532”, disposés sur les toits des bâtiments, précise Mme Sciberras, la directrice de l’établissement. Ils permettent de produire 12 % des besoins annuels de l’école, soit “la consommation de 64 ménages”, illustre-t-elle. Cela lui permet d’économiser plus de 60 000 euros sur la facture annuelle. Des gains qui fluctuent en fonction du prix de l’énergie. Fait rare : l’école autoconsomme 100 % de l’électricité que son installation produit. “On a longtemps pris l’énergie pour acquise… ce n’est plus le cas : il est essentiel de diminuer notre consommation”, concède Mme Sciberras.

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L'Ecole Européenne III a fait installer 532 panneaux photovoltaïque sur ses toits. ©cameriere ennio

“En plus des économies d’énergie et des gains financiers, il y a un aspect pédagogique important : les panneaux solaires, c’est aussi une manière de rendre certains apprentissages concrets”, insiste la directrice. Les données récoltées sur la production et la consommation – et qui sont diffusées en temps réel sur un écran dans le hall d’entrée de l’école – non seulement permettent la prise de conscience et encouragent à passer à l’action, mais elles nourrissent aussi le cursus de math, sciences et physique. “Un panneau produit 360kWh en un an. C’est comme si on rechargeait 18 000 fois un téléphone”, illustre Arthur Maistriaux. “Il y en a 532 à l’école. Ça fait combien de recharges ? ”, poursuit Valérie Le Goff, professeur de la classe de 3e primaire. Une élève sort sa calculatrice : “9 576 000 ! ”, expose-t-elle, suscitant les réactions ébahies de ses camarades.

Une étincelle

“On a constaté qu’en se limitant à l’installation des panneaux, on manquait une opportunité en termes d’impact environnemental et sociétal”, analyse Alexandre Pirson, fondateur de Sun for Schools. La jeune société bruxelloise a donc développé une série d’activités pédagogiques qu’elle propose aux écoles, principalement lors de la première année qui suit l’installation des panneaux. Elle laisse ensuite aux écoles un kit pédagogique dont les enseignants peuvent se saisir à leur guise.

“Il est important que les projets durables se poursuivent après notre passage”, insiste M. Pirson. Sun for Schools est, selon lui, “une étincelle” qui peut déclencher une dynamique positive, un mouvement vers la “transition des établissements scolaires”. Ainsi, “les gains financiers – ou même un petit pourcentage de ceux-ci – peuvent être réinvestis dans des projets pédagogiques ou d’efficacité énergétique : achat de vannes thermostatiques, fontaines à eau, gestion des déchets”, détaille-t-il. À l’Ecole Européenne III, une équipe d’élèves (”EEB Green”) porte les projets liés à la protection de l’environnement. “C’est d’ailleurs eux qui ont eu l’idée des panneaux solaires”, concède la directrice. Depuis lors, la durabilité est devenue l’un des objectifs du plan annuel pédagogique et se traduit dans plusieurs actions éducatives et d’aménagements.

Des super héros pour sauver la planète

“Le réchauffement climatique fait fondre la banquise, qui est à son tour responsable de la montée des eaux”, expose Arthur Maistriaux. “On ne verra plus d’ours polaire ? ”, interroge alors un élève. “Attention ! Il n’est pas trop tard ! ”, assure l’animateur. Mais pour infléchir la tendance actuelle, il va falloir changer certains fonctionnements, avertit-il. Alors, “êtes-vous prêts à devenir des superhéros pour sauver la Planète ? ” Les élèves répondent par l’affirmative.

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Lia, comme nombre de ses camarades de classe, a des idées à la pelle, pour ajouter sa petite pierre à l'édifice de la protection de l'environnement. ©cameriere ennio

Il ne suffit en effet pas de “dresser les constats dramatiques, particulièrement pour ces jeunes qui ont encore pas mal d’années à passer sur Terre, poursuit Alexandre Pirson. Le dérèglement du climat n’est pas une fatalité. ” Raison pour laquelle il invite les élèves à avancer des solutions. “Éteindre la lumière, économiser l’eau, trier les déchets, acheter et vendre ses jouets en brocante”, avancent-ils avec d’enthousiasme. “Pensez à la règle des 3R : Réparer, réutiliser, recycler”, rappelle Valérie Le Goff. Les fondamentaux de l’économie circulaire et les écogestes ne sont manifestement pas une découverte.

“On veut sortir d’un discours culpabilisant : à 8 ans, ils ne sont pas responsables du réchauffement climatique, juge M. Pirson. Par contre, ils peuvent faire des petits gestes à leur échelle. Ce sont ces comportements positifs que l’on veut encourager. En sensibilisant les enfants, c’est non seulement une génération que l’on forme aux enjeux climatiques”, mais aussi des familles entières qui revoient leur manière de consommer biens et services.

À la fin de l’animation, Arthur Maistriaux invitera les élèves à choisir et à appliquer pendant un mois, trois écogestes dans une liste. “Si on s’y met tous ensemble, on arrivera à limiter le réchauffement climatique. Je compte sur vous ! ”


Sun for Schools équipe les écoles pour décupler l’impact

“En Région bruxelloise, 70 % des émissions carbone proviennent des bâtiments”, entame Alexandre Pirson, qui était consultant en énergie avant de fonder Sun for Schools. Pour avoir un impact environnemental important, c’est donc “là qu’il faut agir” : en démocratisant l’accès aux énergies renouvelables, en l’occurrence le solaire. Et plus particulièrement, selon lui, sur les bâtiments scolaires. “Ce sont souvent des passoires énergétiques, motive-t-il. Or, les écoles disposent de peu de moyens financiers. Il y a des barrières techniques, financières et administratives importantes à l’installation de panneaux photovoltaïques. ”

Pour “faciliter la transition énergétique”, Sun for Schools agit comme un tiers investisseur. La société propose ainsi aux écoles de conceptualiser, installer et entretenir des panneaux solaires sur leur toit. Ceci sans frais. Cette installation engendre des économies sur la facture d’énergie. Une partie de ces gains est alors reversée à Sun for Schools. Ceci en plus de la cession des certificats verts, encore d’usage à Bruxelles. Après 10 ans, les panneaux sont cédés à l’école, qui peut encore les utiliser, à moindre rendement, “pendant une quinzaine d’années”, précise Alexandre Pirson.

Une soixantaine d’écoles ont ainsi collaboré avec Sun for Schools depuis son lancement en 2016. La société bruxelloise lorgne maintenant sur la Région wallonne et la Flandre, ainsi que sur le monde de l’entreprise, où elle a déjà lancé ses activités.

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