20.000 erreurs médicales par an en Belgique, 2.000 décès liés: les chiffres noirs du monde de la santé
En 2018, 20 000 erreurs médicales se sont produites dans les hôpitaux belges, menant au décès de 2 000 patients.
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Publié le 28-11-2019 à 09h26 - Mis à jour le 28-11-2019 à 11h01
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En 2018, 20 000 erreurs médicales se sont produites dans les hôpitaux belges, menant au décès de 2 000 patients. Négligence du médecin, mauvais diagnostic, traitement inadapté ou encore opération ratée. Si elles ne signifient pas nécessairement le décès du patient, ces erreurs médicales seraient responsables, selon l’association Premisse, qui "développe des activités pour répondre au mieux aux différents problèmes que les personnes rencontrent au niveau de la santé et du bien-être", de la mort de 2 000 à 4 000 personnes chaque année, ce qui en ferait la troisième cause de décès en Belgique, après les cancers et les maladies cardiovasculaires.
Comment définir une erreur médicale ? "Cela va du manque d’information du médecin envers le patient à une attitude froide, ou encore à une erreur de diagnostic, de traitement ou d’imprudence. La situation la plus courante, c’est quand un patient n’a pas été suffisamment alerté par le médecin sur les risques d’une opération ou sur la prise d’un traitement", explique Thierry Monin, chargé de projets au sein de la Ligue des usagers des services de santé (LUSS).
20 000 erreurs médicales se produiraient ainsi dans les hôpitaux belges tous les ans. "Et il faut savoir que ces erreurs médicales en Belgique entraînent plus de décès que les accidents de la route. Nous appelons à plus de transparence pour briser le silence autour de ces erreurs", indique Rachida Essannarhi, responsable de l’association Premisse, qui développe des activités pour répondre aux différents problèmes que les personnes rencontrent au niveau de la santé et du bien-être.
Des procédures longues et coûteuses
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime même qu’en Europe, 8 à 12 % des interventions médicales en milieu hospitalier mènent à des erreurs médicales.
D’après la plupart des observateurs, un grand nombre de ces erreurs, mortelles dans 10 % des cas, pourraient être évitées. Que ce soit des effets indésirables, un malaise, une hospitalisation ou un handicap plus ou moins important, ces séquelles peuvent être graves et définitives.
Pourtant, un grand nombre de victimes ne déclarent pas l’erreur médicale, craignant les procédures longues et potentiellement coûteuses.
Selon le rapport d’activité 2018 du service de médiation fédéral "droits du patient", les plaintes envers le corps médical se sont élevées à 477. "Tous les faits n’aboutissent pas à une plainte. Les recours judiciaires sont trop longs et coûtent beaucoup trop cher. Pour aller au bout d’une procédure, il faut engager des moyens importants, ce qui n’est pas à la portée de tous. Et il n’y a aucune garantie de résultat", poursuit-elle.
Via la création du fonds des accidents médicaux il y a quelques années, l’Inami a tenté de simplifier la procédure. En vain. "Il y a eu énormément de demandes depuis sa création. Il est donc impossible de toutes les traiter. Du coup, après deux ou trois ans, l’attente est tellement longue que la procédure est arrêtée ou abandonnée par le patient."
Une loi pour encadrer le droit des patients dès 2021
En Grande-Bretagne ou en Allemagne, les praticiens ont l’obligation de déclarer les erreurs qu’ils commettent, de manière à ce que leurs collègues ne les reproduisent pas. Un système de retour d’expérience qui n’est toujours pas implanté chez nous. "Il y a un vrai travail informatif et communicationnel à mener auprès des patients. Ils doivent être au courant des risques que peut engendrer une opération", expose Rachida Essannarhi, responsable de l’association Premisse. Dans le cadre de la nouvelle loi encadrant les droits des patients qui verra le jour en 2021, "le législateur a voulu impliquer davantage le patient au niveau des échanges avec les prestataires de soins, tout en approfondissant ses droits". Les prestataires devront démontrer qu’ils sont compétents pour les soins qu’ils prodiguent. "Toutefois, la procédure de facilitation de la prise en charge des erreurs médicales n’est pas clairement définie." Du côté de l’ordre des médecins, on juge intéressant d’établir un point d’enregistrement national pour signaler les erreurs médicales.