Les hôpitaux belges disposent-ils des capacités suffisantes pour faire face au coronavirus?
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- Publié le 12-03-2020 à 10h22
- Mis à jour le 13-03-2020 à 18h36
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Les hôpitaux belges disposent-ils des capacités suffisantes pour prendre en charge les patients infectés par le Covid-19 et qui nécessiteront une hospitalisation ? Selon le pire scénario calculé la semaine dernière par les experts qui conseillent les autorités, entre 2000 et 3000 patients devraient être hospitalisés, parmi lesquels 500 à 700 en soins intensifs. Des patients qui viendraient s’ajouter à ceux qui sont hospitalisés pour d’autres causes, raison pour laquelle les autorités tentent de réduire la vitesse de propagation du virus dans notre pays, afin d’étaler les besoins.
Point positif : le réseau hospitalier est dense. En 2018, la Belgique comptait 5,6 lits d’hôpitaux pour 1000 habitants, selon l’OCDE, et apparaissait à la 9e place d’un classement européen emmené par l’Allemagne (8,0 lits pour 1000 habitants) et l’Autriche (7,4).
Bonne capacité de soins intensifs
Ces données ne sont guère pertinentes concernant le coronavirus car elles comprennent l’ensemble des lits d’hôpitaux disponibles (avec personnel), y compris les lits de revalidation ou les soins psychiatriques. Mais si l’on prend en compte les seuls lits aigus (destinés aux soins curatifs), la Belgique figure en meilleure position. Selon une étude d’ING, en Belgique, en 2015, plus de 90 % des lits d’hôpitaux étaient des lits aigus, une des proportions les plus élevées en Europe. Dans une situation normale, cette répartition n’est sans doute pas optimale, mais dans une situation de crise comme celle que le pays traverse, cela pourrait se révéler utile.
Les capacités en matière de soins intensifs sont également bonnes en Belgique. Selon une étude internationale menée en 2012, on comptait en moyenne en Europe 11,5 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants. La Belgique en comptait pour sa part 15,9 et figurait à la 5e place d’un classement dominé par l’Allemagne (29,2), le Luxembourg (24,8) et l’Autriche (21,8). Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) avait pour sa part comptabilisé 2026 lits agréés en soins intensifs en Belgique en 2014 (lits agréés ne signifiant pas lits réels cependant). Des chiffres qui datent, certes, mais qui donnent une indication de la capacité de la Belgique à faire face à l’épidémie.

Sur le terrain, on se prépare
Une capacité théorique cependant. Car, au-delà des statistiques, c’est l’état des lieux sur le terrain qui dira si les patients pourront être pris en charge. À ce stade, selon nos informations, il n’existe pas encore de plan de répartition des patients. Le SPF Santé publique collecte les informations fournies chaque jour par la centaine d’hôpitaux du pays, concernant le nombre de patients infectés, de patients hospitalisés et de lits disponibles. Le SPF Santé n’a pas encore pu nous fournir de chiffres globaux. "Des concertations ont lieu avec les hôpitaux pour dégager des capacités", se contente de répondre l’administration.
Mais sur le terrain, on s’active. De nombreux hôpitaux ont pris des mesures pour faire face au Covid-19 : interdiction ou forte limitation des visites aux patients ; installation d’un centre de tri des patients à l’extérieur de l’hôpital (sous une tente ou dans des containers) ; création d’une filière dédiée au coronavirus aux urgences ; report des soins non urgents pour libérer des capacités… et, bien entendu, préparation à l’hospitalisation de patients contaminés.
Ainsi, à Mont-Godinne, un espace spécialement dédié au coronavirus est en cours d’aménagement. Au CHU Marie Curie à Lodelinsart, 30 lits ont été rendus disponibles. À l’UZ Leuven, des lits sont prêts à accueillir des patients en état grave. À Saint-Luc à Bruxelles, une dizaine de lits sont d’ores et déjà prêts également.
Quelques exemples parmi d’autres de la préparation des hôpitaux sur le terrain. Préparation qui va monter en puissance dans les prochains jours, dans la perspective de la propagation du virus dans le pays. À ce stade, les hôpitaux belges ne sont pas à saturation et il en va de même concernant le matériel nécessaire aux soins (respirateurs…). Les hôpitaux et les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour que cela continue.
