Coronavirus: combien de temps va durer le confinement en Belgique ? Plutôt trois semaines, deux mois ou six mois ?
Les Belges pourront-ils partir en vacances à l’étranger cet été ? Peu probable, dixit le virologue Marc Van Ranst.
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Publié le 19-03-2020 à 20h47 - Mis à jour le 03-06-2020 à 23h52
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Les Belges pourront-ils partir en vacances à l’étranger cet été ? Peu probable, dixit le virologue Marc Van Ranst.
D’après lui, la crise du coronavirus sera toujours d’actualité. "On entre dans une période d’incertitude et planifier des vacances maintenant n’est pas prudent, nous explique-t-il. La probabilité est grande que les Belges qui ont réservé des vacances à l’étranger doivent les annuler car les pays où ils veulent aller pourraient ne pas les laisser rentrer." La question se pose : est-on parti pour trois semaines, deux mois, six mois de confinement en Belgique ? Place aux experts.
1) Quelle est la durée d’un confinement efficace ?
Officiellement, la fin du confinement en Belgique est prévue le 5 avril prochain. Tout porte pourtant à croire que cette période va être prolongée. "Nous espérons que cette période de confinement sera la plus courte possible mais elle sera inévitablement plus longue que souhaité", explique Emmanuel André, porte-parole interfédéral Covid-19. Pour Marc Van Ranst, il est "très improbable" que le 5 avril "tout soit réglé". "On doit évaluer la situation jour par jour. Mais si l’on regarde les autres pays, le confinement en Belgique durera probablement deux mois plutôt que deux semaines."
L’Italie a ainsi annoncé qu’elle allait prolonger le confinement de sa population, la France y songe également. Pour le docteur en santé publique Yves Coppieters, un confinement de "six semaines" est l’échéance théorique qui permettrait de stabiliser la courbe épidémique dans notre pays: "On peut imaginer différents paliers de mesures durant ces six semaines." Simon Dellicour, chercheur en épidémiologie à l’ULB, se montre, lui, plus prudent. "Personne n’a une boule de cristal. À ce stade ici, on ne sait absolument pas dire si les mesures qui ont été prises par le gouvernement ont été efficaces, s’il faut les durcir ou s’il faut les prolonger, explique-t-il tout en rappelant que la priorité actuelle est "d’éviter le scénario italien avec une saturation du milieu hospitalier." Le scientifique met en garde: "Si on lève les mesures de confinement trop tôt, on risque d’avoir un effet de vague, un rebond de l’épidémie. C’est un jeu d’équilibriste à trouver."
2) Faut-il attendre un vaccin pour enrayer le virus ?
Six semaines ou deux mois : nous sommes en tout cas très loin des 18 mois de confinement, plus ou moins strict, évoqués dans un rapport de l’Imperial College de Londres. "Parler de modèles mathématiques qui disent qu’on doit rester confiné dans sa chambre pendant un an et demi n’apporte pas grand-chose, s’insurge M. Van Ranst. C’est vraiment exagéré. Il faut donner un peu d’espoir aux gens. Même à Wuhan (NdlR : où est apparu le virus en Chine) , ils ne vont pas faire ça." Pour Simon Dellicour, ce scénario de 18 mois n’est "pas farfelu" même s’il est "extrême" et "simplifié". "I l ne se base que sur la découverte d’un vaccin pour enrayer le virus, ce qui reste le Graal mais n’arrivera pas tout de suite. Mais il existe une série d’autres solutions qui permettent de ne pas être dans une situation de confinement sur le long terme." Yves Coppieter va dans le même sens : "Le vaccin est une solution tardive, explique-t-il. Il faudrait développer massivement les tests de détection, comme en Corée du Sud. Cette stratégie est efficace car elle permet des maillages et d’éviter le confinement. On sait qui est malade, qui doit rester en quarantaine et qui peut circuler. La Belgique n’aurait pas eu à prendre des mesures si radicales si on avait fait ces tests. Mais on n’a pas la technologie, ni la capacité de recherche pour le faire." Pour Simon Dellicour, il faut profiter de ce temps de confinement pour effectuer une campagne massive de dépistage. "Il y a de bonnes initiatives allant dans ce sens en Belgique."
3) Faudra-t-il avoir peur des pays voisins ?
Une autre crainte des scientifiques pourrait venir de l’extérieur de nos frontières. "Même si la pandémie se termine en Belgique avant les vacances d’été, cela ne pourrait pas être le cas dans d’autres pays où le virus émerge seulement maintenant ou doit encore percer", explique M. Van Ranst. Le virologue imagine ainsi mal, par exemple, que des festivals internationaux de musique aient lieu sur notre territoire cet été. "Tant qu’il n’y a pas de politique européenne harmonisée, il est impossible d’imaginer une libre circulation des personnes dans quelques semaines", renchérit Yves Coppieters, qui pointe notamment les "incohérences" des stratégies néerlandaise ou suisse face au coronavirus. "Cette hétérogénéité des approches va faire qu’on aura peur l’un de l’autre." Simon Dellicour ne dit pas autre chose. "Le virus se fout de nos frontières européennes", explique le chercheur. Selon lui, ce manque de réaction d’autres pays face au coronavirus peut "nuire aux efforts" faits par les Belges et "limiter l’accès entre les États". Le chercheur rappelle que chaque citoyen est "soldat" de ce combat contre le virus. "Si les gens ne respectent pas les consignes, ils ne donnent pas de sens aux mesures collectives. C’est doublement égoïste car il y a non seulement un risque d’amener le virus vers des personnes sensibles, mais c’est aussi ne pas se soucier des gens qui se sont sacrifiés économiquement avec ces mesures."