Coronavirus: Le risque pour les fumeurs de développer une forme sévère est augmenté de 50%
Sophie Gohy, pneumologue au sein des Cliniques Universitaires de Saint-Luc, alarme sur l'impact du virus dans cette population à risque.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/9a65cfe0-1da5-4444-a30b-1af2ed95b52f.png)
Publié le 19-03-2020 à 17h25 - Mis à jour le 19-03-2020 à 19h05
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/EEYDEZPRNJGQNLMZWSUORKW52Q.jpg)
Sophie Gohy, pneumologue au sein des Cliniques Universitaires de Saint-Luc, alarme sur l'impact du virus dans cette population à risque.
Les données chinoises sur le coronavirus et publiées dans le New England Journal of Medecine le week-end dernier montrent un lien (chez 1063 fumeurs et non-fumeurs) entre statut tabagique et risque de présenter une forme sévère de Covid-19 (risque augmenté de 50%), ou une forme très sévère nécessitant soit ventilation artificielle, soit passage en réanimation ou encore aboutissant au décès (risque augmenté de 133% par rapport au risque d’un non-fumeur).
Des résultats qui ne surprennent pas Sophie Gohy, pneumologue au sein des Cliniques Universitaires Saint-Luc.
"Il y a des données récentes qui viennent de Chine et qui vont dans ce sens. Dans une publication, on voit l'évolution du patient deux semaines après hospitalisation si le patient allait bien ou pas. Et dans le groupe où les gens se portaient moins bien, des facteurs comme l'âge et le fait de fumer sont ressortis comme étant des facteurs engendrant une évolution défavorable".
Pour rappel, la cigarette est le premier facteur évitable de maladie et "pour les cancers, les maladies chroniques et respiratoires, le tabac est évidemment un pourvoyeur important".
"Jamais trop tard pour arrêter"
Si ces données ne démontrent pas un lien causal car les facteurs de confusion ne sont pas pris en compte et le pourcentage de fumeur indiqué est étonnamment bas au regard du tabagisme en Chine, elles constituent un argument de plus en faveur de l’arrêt du tabac grâce à des substituts nicotiniques ou à la varénicline (gratuits sur prescription) ou encore la cigarette électronique avec l’aide d’un médecin ou d’autres professionnels de santé lors de consultations en tabacologie.
"Le tabac induit une immunodépression. Les gens qui fument sont donc plus à risques d'avoir une infection que les autres. Pour le Covid-19, on sait qu'ils présentent des risques d'évolution défavorables de la maladie supérieurs aux autres catégories de population".
On sait par ailleurs depuis longtemps que fumer augmente de 21% à 59% le risque d’être touché par la grippe saisonnière, double le risque de contracter une tuberculose et d’en mourir et triple le risque de contracter une pneumonie à pneumocoque ou une légionellose. Le moment idéal pour arrêter ? "Il n'est jamais trop tard pour cesser de fumer ! L'arrêt du tabagisme est toujours favorable et de nombreux effets peuvent rapidement se voir, mais au niveau des risques cardiovasculaires, il faut des années avant de constater une évolution", conclut celle qui est aussi professeur à l'Université Catholique de Louvain.