Un Belge confiné sur deux souffre psychologiquement
Le confinement, bien qu’il soit accepté pour des raisons de sécurité, ne fait pas que des heureux, bien au contraire.C’est ce que révèle une enquête internationale, intitulée “Covid et moi”, lancée au début du confinement à la mi-mars. Le professeur Vincent Lorant (UCLouvain) et son équipe ont sondé la population belge. Les premiers éléments de cette étude sont sans appel : le confinement est une souffrance psychologique. Parmi les 15 000 Belges qui ont répondu cinq jours après le début du confinement, 52 % se disaient – déjà — en situation de mal-être psychologique.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/8efaa0d7-4f12-4730-8dc1-0ee74988a5d3.png)
- Publié le 07-04-2020 à 20h22
- Mis à jour le 22-04-2020 à 18h34
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OOCMWYXFXJG23CW5J7DI5Q2OIE.jpg)
Le confinement, bien qu’il soit accepté pour des raisons de sécurité, ne fait pas que des heureux, bien au contraire.
C’est ce que révèle une enquête internationale, intitulée “Covid et moi”, lancée au début du confinement à la mi-mars. Le professeur Vincent Lorant (UCLouvain) et son équipe ont sondé la population belge. Les premiers éléments de cette étude sont sans appel : le confinement est une souffrance psychologique. Parmi les 15 000 Belges qui ont répondu cinq jours après le début du confinement, 52 % se disaient – déjà — en situation de mal-être psychologique. Rester enfermé chez soi renforce également le sentiment de solitude et un manque de soutien social pour plus de 20 % des personnes sondées. Mais ce mal-être n’est pas vécu de la même façon par tous les Belges.
Un sentiment d’isolement plus fort chez les jeunes
L’étude pointe notamment du doigt le fait que l’isolement augmente fortement le risque de mal-être psychologique en fonction de différents critères. “Ainsi, 80 % des personnes qui ont un sentiment d’isolement social se disent psychologiquement atteintes par le confinement”, explique le professeur. Dans une moindre mesure, les personnes sans emploi ou sans activité, les étudiants et les personnes soupçonnées d’être atteintes par le coronavirus se sentent aussi plus isolées.
Mais les différences les plus significatives concernent l’effet du confinement en fonction de l’âge. “Le confinement est un phénomène qui engendre un manque de soutien social pour 28 % des répondants, et un sentiment d’isolement pour 24 % d’entre eux. Le sentiment de solitude ne doit pas être confondu avec un isolement social objectif. Bien sûr, les personnes seules ressentent plus fort la solitude que celles qui sont en famille. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les jeunes ont deux fois plus de risques de se sentir isolés que les personnes plus âgées”, explique Vincent Lorant. Un résultat qui s’explique notamment par le fait que les jeunes avaient une vie sociale plus importante avant que le confinement vienne tout freiner brusquement. “Notre hypothèse de départ était que les personnes âgées, plus à risque, seraient plus en mal-être psychologique. Mais ce n’est pas le cas et on peut le comprendre à présent grâce à l’analyse des données. Car le confinement affecte surtout le rythme des activités professionnelles, l’activité sociale et le bien-être social des jeunes, parce que ce sont eux qui sont principalement affectés par le confinement”, poursuit le professeur.
Les réseaux sociaux empirent le mal-être
Les plus jeunes ont en fait plus de contacts sociaux que les personnes âgées qui se contentent de réseaux souvent plus réduits selon le professeur. Les jeunes, eux, ont vu ces contacts se réduire drastiquement du jour au lendemain. Certains se sont donc tournés vers Facebook ou Instagram, pour avoir une vie sociale virtuelle plus animée. Une mauvaise idée selon Vincent Lorant. “Ceux qui ont une augmentation de l’utilisation de ces réseaux sociaux ont une plus grande fréquence de mal-être psychologique par rapport à ceux qui ne l’utilisent pas. Ce n’est donc certainement pas quelque chose à indiquer pour essayer d’aller mieux”.
Enfin un public particulier a également été sondé dans cette étude : le personnel de soins de santé. L’effet du confinement est moins important sur les 2 000 médecins ou infirmiers qui ont répondu à cette enquête. 42 % d’entre eux craignent surtout d’être atteints par le coronavirus.
Que faire de ces premiers résultats globaux. Pour Vincent Lorant, c’est un signal que les pouvoirs publics doivent prendre en considération. “Si la population adopte et respecte ces mesures, il faut que nos décideurs politiques adoptent une sorte de “contrat social” avec la population. Il faut s’assurer et monitorer l’évolution de la qualité de vie de la population. Ensuite, au-delà du risque sanitaire, il ne faut pas oublier que les Belges ont d’autres problèmes de santé. L’autorité publique doit veiller sur la santé de la population, et sur toute la santé de la population”, conclut le professeur qui mène toujours son étude et invite les Belges à s’exprimer à ce sujet sur le site de l’UCLouvain dédié à cette enquête.