Des scientifiques mettent en garde sur les tests sérologiques: "Il existe une confusion"

Des spécialistes américains ont fait part de leur inquiétude à la Maison-Blanche.

M.R.

Des spécialistes américains ont fait part de leur inquiétude à la Maison-Blanche.

Vus par certains comme la porte de sortie du confinement, les tests sérologiques donnent l'espoir à de nombreux pays de pouvoir relancer leur économie avant la création d'un vaccin. De telles analyses généralisées permettraient, en effet, de mesurer l'immunité de la population. Il serait alors possible de déterminer qui a contracté la maladie et surtout qui a développé des anticorps. "C'est très important quand on pense aux gens qui vont retourner travailler", avait détaillé le Docteur Anthony Fauci, qui aiguille la Maison-Blanche dans sa lutte contre le covid-19. Une étude franco-néerlandaise avait également placé ces tests au rang de solution miracle pour sortir de la crise que nous connaissons.

Mais le sujet semble créer le débat au sein de la communauté scientifique. Un groupe d'importants experts américains a d'ailleurs contacté la Maison-Blanche ce 6 avril, a annoncé CNN. Plusieurs points problématiques ont été soulignés au cours de l'entretien téléphonique portant sur les fameux tests sérologiques. Tout d'abord, les chercheurs du National Academy of Sciences' Standing (NAS) Committee on Emerging Infectious Diseases and 21st Century Health Threats ont fait part de leurs inquiétudes quant à la fiabilité de ces analyses. Il existerait une confusion dans les résultats. Certains tests confondraient les anticorps développés suite à une contamination au covid-19 et ceux qui résultent d'une simple grippe provoquée par les autres membres de la famille des coronavirus. "De nombreux tests confondent les deux", a affirmé le docteur Relman.

Un autre aspect pose problème aux scientifiques : le fait qu'il est dès à présent possible aux Etats-Unis de se procurer des tests sérologiques sans s'enquérir au préalable de leur efficacité. "Cela aboutit à des analyses merdiques qui inondent le marché", a notamment pointé l'American Public Health Lab Association. Les experts ont toutefois souligné qu'il existait des bons tests, mais que jusqu'à présent ils n'étaient que trop peu disponibles dans le pays.

Enfin, les chercheurs ont mis en évidence qu'il n'était pas encore certain que le développement d'anticorps voulait systématiquement dire que la personne était immunisée. Comme l'OMS l'a également souligné, il se pourrait que des patients qui aient contracté le virus et en aient guéri retombent malades par la suite. "C'est la question que tout le monde se pose", a conclu le Docteur Harvey Fineberg, président du comité du NAS, qui a également participé à l'appel téléphonique. "Le niveau d'anticorps du patient équivaut-il à la résistance de ce dernier face à une nouvelle infection au coronavirus?"

Cette discussion entre les scientifiques et les spécialistes de la Maison-Blanche aurait été prise très au sérieux par les autorités compétentes.

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