La controverse scientifique se fait désormais sur la place publique

Comme pour bien d'autres secteurs, le Covid-19 ne fait que surligner le mode de fonctionnement de la recherche, son attrait comme ses dysfonctionnements. Le soir du vendredi 27 mars, un microbiologiste marseillais poste une étude sur le site internet de l'institut hospitalier qu'il dirige. Bien que réalisé sur un panel réduit d'individus, dénué du "groupe-contrôle" requis pour comparer les sujets testés à des sujets vierges, et non publié dans une revue scientifique, le papier fait grand bruit. Sûr de son fait, le professeur Didier Raoult y " confirme l'efficacité de l'hydroxychloroquine" dans le traitement du Covid-19. Une partie de la communauté scientifique émet rapidement des doutes sur la fiabilité de ses résultats et appelle à la prudence quant à des conclusions jugées hâtives voire dangereuses, mais une partie du public est convaincue. En un rien de temps, une communauté d'adeptes entoure virtuellement Didier Raoult. Superstar autoproclamée, "sauveur de l'humanité" adepte des vidéos YouTube, le chercheur multiplie les déclarations fracassantes sur ses confrères, et qualifie prestement de "Fake News" l'étude américaine qui remet en cause ses conclusions. Sur le plan de la communication, le populisme n'est plus l'apanage de la politique, le monde scientifique tient son Trump.

La controverse scientifique se fait désormais sur la place publique
©Jean-Luc Flemal

Comme pour bien d'autres secteurs, le Covid-19 ne fait que surligner le mode de fonctionnement de la recherche, son attrait comme ses dysfonctionnements.

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