Un virologue fait le point : "Les variants ont un tour d’avance sur les vaccins"
Mais, selon le virologue Benoît Muylkens (UNamur), les vaccins restent efficaces. " Plus la couverture vaccinale va croître, plus on contrôlera les formes graves provoquées par ce variant"
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Publié le 28-03-2021 à 19h04 - Mis à jour le 29-03-2021 à 09h20
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On doit comparer ce qui est comparable", annonce d’entrée de jeu Benoît Muylkens, virologue et professeur à l’UNamur, à propos des différentes vagues épidémiques. Le variant anglais du coronavirus, qui est à l’origine de 75 % des infections actuelles, est plus contagieux et plus virulent. Ce qui fait que la vague actuelle est à prendre au sérieux, même si la hausse des contaminations a légèrement ralenti en fin de cette semaine.
"Deux études solides, évaluées par les pairs, prouvent que ce variant provoque plus de formes sévères et augmente le taux de mortalité d’environ 60 %" par rapport à la souche responsable des vagues précédentes. "Cependant, même s’il est plus létal, le taux de mortalité global reste assez faible", rappelle le virologue. "Il y a plus de chances de développer une forme mortelle mais, encore une fois, ce sont les personnes avec un profil à risque, avec des comorbidités, qui sont les plus concernées", ajoute-t-il.
L’occupation des soins intensifs est par contre plus inquiétante. "Le ratio de personnes en soins intensifs par rapport au nombre d’hospitalisations est passé de 20 à 25 % et augmente de jour en jour", commente le professeur à propos des 701 personnes actuellement en soins intensifs sur les 2 568 personnes hospitalisées rapportées dimanche.
"On a pu le constater lors des vagues précédentes : plus la charge virale est élevée chez les personnes atteintes, plus il y a de risques de contaminations. Avec le variant anglais, la charge est en moyenne plus élevée. Donc la transmission est favorisée", précise-t-il, rappelant que les mesures sanitaires sont d’autant plus importantes à respecter. "Le variant anglais a un avantage sélectif sur les autres, il domine, pour le moment, les variants brésilien et sud-africain", signale-t-il. C’est ce qui fait, par sélection naturelle, qu’il est prépondérant.
Couverture vaccinale indispensable
Le virologue veut tout de même rassurer : le variant anglais est heureusement maîtrisé par la vaccination. "Plus la couverture vaccinale va croître, plus on contrôlera les formes graves provoquées par ce variant", glisse-t-il. "De plus, la première dose de vaccin permet déjà d’avoir un effet protecteur" et de réduire les cas mortels. "Avec les deux millions de vaccins qui doivent arriver en avril, ça devrait permettre d’en sortir plus vite", affirme-t-il. Si le calendrier de Pfizer est fiable, il regrette tout de même les retards pris dans la production chez AstraZeneca et l’absence de calendrier clair chez Moderna, "mais le vaccin Johnson&Johnson devrait arriver en avril également", contrebalance-t-il.
"Le vaccin coupe l’herbe sous le pied du virus. Mais là nous assistons à un petit décrochage dans la course. Les variants ont un tour d’avance mais on ne peut qu’encourager la task force vaccinale à poursuivre l’administration des doses le plus vite possible."
Un retour à la normale ?
Le virologue salue les signaux encourageants, comme la croissance des contaminations qui ralentit, mais il ne faut surtout pas relâcher les mesures actuellement, selon lui. "Plus on veut revenir à une situation normale rapidement, plus il faut maintenir les efforts maintenant pour baisser à tout prix les contaminations et atténuer l’intensité de cette troisième vague", affirme-t-il.