Faut-il cohabiter avec les chauves-souris ? "L’éradication ne sert à rien"
Porteuses de nombreuses maladies, devons-nous nous éloigner des chauve-souris ?
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- Publié le 14-05-2021 à 17h38
- Mis à jour le 16-05-2021 à 10h48
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Pour en savoir plus sur la cohabitation entre les hommes et les chauve-souris, La Libre a posé 3 questions à Frédéric Keck, directeur du laboratoire d’anthropologie sociale du CNRS, ayant codirigé l’ouvrage "Les Chauves-souris".
Que les chauves-souris soient classées comme réservoir à virus peut les menacer. Vous citez ce village du Pérou où l’on a brûlé vives des chauves-souris au début du Covid…
Quand les chauves-souris se rapprochent des habitats humains, elles créent des nuisances (sonores, olfactives). Il y a donc de toute façon la tentation de s’en débarrasser ou de les éloigner. C’est accru par la menace pandémique. On a vu cela aussi en Australie, au moment d’Hendra, où on a éloigné les chauves-souris. Alors que, comme on le dit dans le livre, les chauves-souris ont peu de chances de transmettre directement le pathogène. Cela passe souvent par un intermédiaire. L’éradication ne sert donc à rien. Et elle est impossible car il y a un très grand nombre d’espèces et souvent protégées. La chauve-souris doit plutôt faire l’objet d’un émerveillement, de par leur longue évolution. Il faut aussi rappeler les services rendus par les chauves-souris : la pollinisation, la consommation d’insectes… Y compris chez nous. Et dans beaucoup de sociétés, la cohabitation avec les chauves-souris est vue comme possible.
Comment cohabiter, justement ?
C’est la question de vivre à bonne distance des chauves-souris. Il faut éviter les concentrations comme les marchés de viande de brousse. Mais, dans les villes, il faut que les chauves-souris aient des espaces, des corridors, afin qu’elles puissent se rapprocher des habitats humains, sans que ce soit dangereux. Multiplier à la fois les lieux de densité et de vide favorise les niches où elles peuvent se développer et nous apporter des pathogènes. Par ailleurs, les morsures ou griffures sont dangereuses, donc il faut se limiter à garder le contact par le regard.
Les chauves-souris sont aussi des "sentinelles" de pandémies…
Il y a des territoires où on collecte des chauves-souris pour faire des prélèvements. Cela se fait en prenant soin de ces animaux. Cette pratique de chauves-souris sentinelles permet aussi de prêter attention à leurs conditions de vie, à leur diversité.So. De. En Chine, c’est une aussi une façon de relier les grands centres industriels avec des régions où l’écosystème est menacé comme le Yunan.