Bénéfices, risques, accords, effets secondaires...: voici tout ce qu'il faut savoir sur la vaccination des 12-15 ans
La vaccination est désormais ouverte aux adolescents de 12 à 15 ans en Belgique. S’ils ne développent généralement pas de formes graves du Covid-19, ils peuvent toutefois avoir un rôle dans la transmission du virus.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/9a65cfe0-1da5-4444-a30b-1af2ed95b52f.png)
- Publié le 07-07-2021 à 13h39
- Mis à jour le 07-07-2021 à 16h04
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XBP4KMS7A5CGPDV4NSBBKWIZEM.jpg)
La conférence interministérielle Santé, réunie ce mercredi matin, a donné son feu vert à la vaccination des 12-15 ans avec Pfizer. Toutefois, une autorisation des parents sera nécessaire pour la vaccination.
Et même si les adolescents développent moins de formes graves du virus, leur rôle dans la transmission du virus n’est pas nul. On fait le point sur toutes les questions que vous vous posez avec Pierre Coulie, immunologue et professeur à l’Institut de Duve de l’UCLouvain.
Pourquoi vouloir vacciner les ados alors qu’ils ont très peu de formes graves du Covid ?
Tout d’abord, il faut souligner qu’il existe “un bénéfice individuel direct et indirect” ainsi qu’ “un bénéfice collectif de la vaccination des adolescents contre le Covid”. “Il est vrai qu’ils font très peu de formes graves de la maladie mais il sont des vecteurs de la propagation du virus comme les autres. Le problème étant de limiter sa circulation dans notre population (et surtout au sein des publics fragiles), d’autant plus que le variant Delta est plus contagieux, la seule façon de limiter les dégâts est d’augmenter notre couverture vaccinale de manière générale, et cela passe par la vaccination de cette tranche d’âge, il n’y a pas d’autres alternatives. Soit on fait ça soit on décide de limiter nos contacts. L’intérêt principal, c’est la protection collective”.
En vaccinant les ados, on contribue donc à augmenter la couverture vaccinale par tous les moyens.
Avec quel vaccin et pour quel schéma vaccinal ?
“Le schéma vaccinal sera le même, il n’y a pas de raisons de changer. Ensuite, le vaccin Pfizer sera utilisé car il est disponible chez nous avec moins de chaos que celui d'AstraZeneca. De plus, on a noté très peu d’effets secondaires suite à ce vaccin chez nous, il est tout à fait fiable et sûr pour les adolescents.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) avait d’ailleurs approuvé, vendredi 28 mai, la vaccination des adolescents de 12 à 15 ans avec le vaccin anti-Covid de Pfizer et BioNTech. Ce fut le premier vaccin à être autorisé pour les adolescents au sein des 27 pays de l'Union européenne. "Comme prévu, le comité des médicaments à usage humain de l'EMA a approuvé aujourd'hui l'utilisation du vaccin de Pfizer-BioNTech pour les adolescents de 12 à 15 ans", avait déclaré lors d'une conférence de presse Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale de l'EMA, selon qui le vaccin est "bien toléré" par les jeunes et il n'y a "pas d'inquiétudes majeures" concernant d'éventuels effets secondaires.
“On ne voit d’ailleurs pas très bien pourquoi la toxicité serait différente chez les jeunes, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas mais on ne voit pas pourquoi ce serait différent des autres tranches d’âge”.
Quels sont les risques d’effets secondaires ? Sont-ils les mêmes que pour les autres tranches d’âge ?
Lors de cette étude clinique, la plupart des effets secondaires auprès de ce jeune public étaient similaires à ceux des plus de 16 ans, à savoir : “douleur à l’endroit de l’injection, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, fièvre et frissons. On parle ici d’effets légers à modérés. Et en gros, pour cette tranche d’âge, les effets secondaires sont les mêmes que pour les autres”.
La vaccination des jeunes adolescents est-elle sans risques pour leur santé à long terme ?
Tous les experts s’accordent à le dire, les premiers vaccins contre le Covid sont sortis en un temps record. "A partir du moment où on n’a pas étudié les effets à longs termes sur une population donnée, on ne peut pas savoir ce que cela peut produire”. On peut par contre rappeler que l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert à la vaccination des plus jeunes. Elle a d’ailleurs cité, dans son avis favorable, un essai clinique mené sur 2 000 enfants. "Dans cette étude, le vaccin était effectif à 100 % pour prévenir le Covid-19 (bien que le taux réel d’efficacité puisse se situer entre 75 % et 100 %)", pose l’EMA.
Suite à cela, les autorités ont ensuite conclu "à une efficacité vaccinale du vaccin Pfizer/BioNTech dans la population des adolescents âgés de 12 à 15 ans contre les cas de Covid-19 symptomatiques".
Une protection supplémentaire pour les populations fragiles ?
“Le virus continue de circuler et dans les populations fragiles, certaines personnes ne répondent pas au vaccin, que ce soit suite à un cancer ou aux traitements de médicaments immunosuppresseurs. Chez eux, la vaccination s’annule et il n’y a pas moyen de les immuniser efficacement, cela prendra donc du temps, ce sont des gens qui vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. C’est pour cette raison qu’il faut augmenter la couverture vaccinale autant que possible et la vaccination des ados présente cette utilité là”.
Vacciner les ados maintenant peut-il permettre d’éviter une fermeture des écoles à la rentrée ?
“La vaccination va réduire le risque de fermeture d’établissements à la rentrée”. Et quand on sait que les fermetures partielles ou totales des collèges et lycées ont entraîné une augmentation du nombre de tentatives de suicide, d’automutilations, de troubles alimentaires ou de dépressions, ce n’est pas une donnée anodine. “Cela peut jouer même si ça dépendra des proportions chez les écoliers vaccinés. Leur vaccination permettra de diminuer la circulation dans les milieux scolaires. On ne peut pas dire que cela évitera d’en arriver là mais on limitera grandement les risques”.
Que se passe-t-il si l’adolescent n’est pas d’accord pour être vacciné ?
“Si l’ado n’est pas d’accord, c’est son avis qui primera, il n’y a d’ailleurs aucune raison de forcer au vu de la situation qui est loin d’être dramatique dans leur catégorie d’âge. Je trouve par contre moins déraisonnable de l’imposer pour d’autres publics, comme le personnel soignant”.
Et si ce sont les parents qui ne le sont pas ?
Même réponse : rien ! Sans l’accord explicite des deux parents - ou plus largement des titulaires de l’autorité parentale -, pas de vaccin. C’est vrai même en cas de divorce ou de séparation difficile.