Une immunologue balaie une idée erronée concernant la vaccination: "Penser de la sorte n'a pas beaucoup de sens"

Ce matin, Maxime Binet recevait Sophie Lucas, immunologue à l'UCLouvain, dans l'émission "Il faut qu'on parle" sur DH Radio.

Ce mercredi, un kern ministériel devrait acter définitivement la possibilité pour les jeunes de 12-15 ans de se faire vacciner contre le coronavirus en Belgique. Ce 6 juillet déjà, les experts avaient donné leur feu vert pour la vaccination des plus jeunes, une décision que Sophie Lucas, immunologue à l'UCLouvain comprend parfaitement. "Si j'avais 15 ans, je me ferais vacciner", avance-t-elle d'emblée au micro de Maxime Binet. Ces jeunes auront le choix de se faire vacciner ou pas, s'ils possèdent bien entendu l'accord de leurs parents ou de leur tuteur légal. "Les autorités sont très raisonnables, je suis pour une décision informée de la part des personnes qui doivent se faire vacciner. De mon côté, si je compare les pour et les contre, les pour l'emportent", justifie l'immunologue.

Mais cette décision n'est-elle pas trop précoce ? Selon Sophie Lucas, la réponse est non. "On a le recul des études cliniques qui ont démontré que, dans cette tranche d'âge, les vaccins sont aussi efficaces que chez les adultes, avec des risques d'effets secondaires tout à fait comparables. Aux Etats-Unis, une grande partie des adolescents ont été vaccinés, donc je pense qu'il est tout à fait raisonnable aujourd'hui de faire pareil en Belgique".

Si tous les indicateurs sont au vert pour ouvrir la vaccination à cette catégorie de la population, certains s'interrogent néanmoins. Les plus jeunes ont-ils la maturité nécessaire pour prendre cette décision de manière réfléchie ? "Je pense qu'à cet âge-là on a assez de maturité pour réfléchir à la question, car elle n'est pas très compliquée. Il y a des avantages individuels à se faire vacciner pour les 12-15 ans, notamment la protection contre la forme symptomatique de la maladie. Si on sait que le coronavirus se manifeste de manière moins grave en général chez les plus jeunes, il peut tout de même provoquer un alitement de plusieurs jours et un isolement prolongé. De plus, en étant vaccinés ils risqueront de transmettre deux fois moins la maladie."

Enfin, Sophie Lucas veut balayer d'un revers de la main la croyance qui veut que les 12-15 ans vont remplacer la catégorie d'adultes qui a refusé de se faire vacciner afin d'obtenir l'immunité collective de 80% en Belgique. "Les jeunes ne représentent que 500.000 personnes sur les 11 millions d'individus en Belgique, donc penser de la sorte n'a pas beaucoup de sens. Soit moins de 5% de la population, de cette manière on ne peut pas agir de manière significative sur l'immunité collective. Non, la vaccination des plus jeunes est vraiment un nouveau choix qui s'offre à eux."

Pour conclure, l'immunologue a rappelé que le variant Delta, plus transmissible de 40 à 60%, devient dominant partout en Europe et risque donc également de toucher les jeunes qui ne seront pas vaccinés.

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