Un cas de variole du singe détecté aux Etats-Unis : "Cela ne va pas se mettre à décimer les gens comme le coronavirus"
L'annonce a inquiété certains américains. Mais qu'en est-il vraiment ?
Publié le 27-07-2021 à 19h04 - Mis à jour le 27-07-2021 à 19h05
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Un premier cas de variole du singe a été détecté aux Etats-Unis chez un habitant du Texas, rentré récemment du Nigeria. C'est la première fois depuis près de 20 ans qu'un cas de cette maladie est détecté sur le territoire américain.
L'homme, un habitant de Dallas, revenait d'un voyage au Nigeria. Il avait atterri à Atlanta le 8 juillet puis avait rejoint l’aéroport Love Field de Dallas le lendemain. Le patient a été hospitalisé et se trouve dans un état stable, selon les autorités sanitaires américaines.
Les Centers for Disease Control and Prevention (C.D.C.) ont assuré travailler avec une compagnie aérienne, dont le nom n'a pas été rendu public, ainsi qu'avec les autorités sanitaires locales afin de contacter les passagers présents sur les deux vols que l'homme avait empruntés. Ils ont toutefois précisé que le risque de transmission par le biais de gouttelettes respiratoires était relativement faible étant donné que le port du masque était obligatoire sur les vols, en raison de l'épidémie de coronavirus.
Qu'est-ce que la variole du singe ?
L'Organisation Mondiale de la Santé définit la variole du singe (ou "monkeypox", en anglais) comme "une maladie infectieuse émergente causée par un virus transmis par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs". Selon l'OMS, c'est une maladie assez rare, observée principalement dans les zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, à proximité des forêts tropicales humides. La maladie se propage par gouttelettes respiratoires ou lorsqu’il y a contact avec des fluides corporels, des plaies de la variole du singe ou des articles qui ont été contaminés par des fluides ou des lésions, tels que des vêtements et des draps. Dans les faits, les symptômes sont similaires à ceux de la variole (éradiquée en 1980 dans le monde entier), mais moins grave. Les patients souffrent de lésions cutanées. Le taux de létalité lors des épidémies de variole du singe est de 1 à 10%. S'il n'existe ni vaccin ni traitement spécifique, l'OMS précise qu'avec "des soins appropriés, la plupart des patients se rétablissent". Le vaccin contre la variole se serait également avéré "très efficace" pour prévenir la variole du singe.
Faut-il s'inquiéter ?
"Bien que rare, ce cas n'est pas une raison de s'alarmer, et nous ne prévoyons aucune menace pour le grand public", a déclaré Clay Jenkins, le juge du comté de Dallas. "C'est une nouvelle démonstration de l'importance de maintenir une infrastructure de santé publique solide, car nous ne sommes qu'à un vol d'avion de toute maladie infectieuse mondiale", note le communiqué.
Interrogée par le New York Times, le Dr Anne W. Rimoin, professeur d'épidémiologie à la Fielding School of Public Health de l'Université de Californie à Los Angeles, a assuré que la variole du singe n'était pas aussi transmissible que le coronavirus ou la grippe. "Le risque est faible, mais cela souligne le fait qu'une infection n'importe où est potentiellement une infection partout", a-t-elle indiqué. "Cela doit nous rappeler que des maladies infectieuses passent régulièrement des animaux aux humains et que le Covid n'est pas la seule maladie infectieuse d'origine zoonotique dont nous pourrions nous inquiéter à l'avenir".
Le Dr Angela Rasmussen, virologue à l'université de Georgetown, s'est quant à elle tournée vers Twitter pour "mettre les choses au clair à propos de ce virus". Dans une série de tweets, la virologue a expliqué ce qu'était la maladie et où celle-ci était présente. Elle l'a également comparé au virus qui cause le Covid-19, le SRAS-CoV-2. "La variole du singe n'est pas un virus à prédominance respiratoire. Bien qu'il s'agisse d'un virus émergent, il n'est pas non plus nouveau ou inconnu. Il ne va pas se mettre soudainement à décimer les gens par transmission aérosol comme le SRAS-CoV-2", explique-t-elle.
Peu de risque de mutation
Enfin, la chercheuse se montre rassurante quant au risque de mutation du virus. "Les virus à ADN mutent plus lentement, et la plus grande taille du génome signifie une probabilité plus faible de mutations individuelles conférant des changements spectaculaires dans la transmissibilité ou la pathogénicité". "La variole du singe étant assez rare chez l'homme, il est peu probable qu'elle acquière des mutations adaptatives significatives pour le moment", ajoute-t-elle, indiquant que les mesures sanitaires prises pour lutter contre le coronavirus l'étaient également pour la variole du singe. "Si vous êtes toujours vraiment inquiet, il est préférable de continuer à porter le masque, à limiter l'exposition à des personnes extérieures à votre foyer et à se laver les mains, quel que soit votre statut vaccinal", conclut la virologue.