"Pour se protéger du variant Delta, la stratégie vaccinale doit être adaptée. Ne jetons pas les masques trop vite!"
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Publié le 30-07-2021 à 16h47 - Mis à jour le 17-08-2021 à 15h40
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"Pour se protéger du variant Delta, la stratégie vaccinale doit être adaptée et les gestes "barrière" ne peuvent être oubliés : ne jetons pas les masques trop vite !", clame, une fois encore à qui veut l'entendre, le Pr Michel Goldman, professeur en immunologie à l'ULB, qui explique les raisons pour lesquelles le variant Delta change la donne.
1. Faut-il le rappeler, le variant Delta est beaucoup plus contagieux que le virus original et encore 10 fois plus contagieux que le variant britannique Alpha à l’origine de la troisième vague. Par comparaison à d'autres virus, sa contagiosité est supérieure à celle des virus de la grippe saisonnière, d’Ebola, de la variole…
2. Plus contagieux, mais aussi plus redoutable, contrairement à ce que l'on pensait au départ, ce variant Delta semble causer plus fréquemment des atteintes pulmonaires graves que le virus originel chez les sujets vulnérables.
3. Bonne nouvelle toutefois: les sujets vaccinés sont très bien protégés de l’infection des poumons et donc des formes graves par les schémas de vaccination actuels, pour autant que leur système immunitaire fonctionne normalement.
4. Moins bonne nouvelle en revanche: les seniors qui ont été vaccinés il y a plusieurs mois voient leur réponses immunitaires s’affaiblir et leur protection contre le variant Delta s’affaisser. Ce vendredi, Israël a lancé une campagne de vaccination en faveur d'une troisième dose de vaccin destinée aux personnes âgées de plus de 60 ans.
5. Mauvaise nouvelle encore : certains malades dont le système immunitaire est déficient n’ont pas développé de protection efficace malgré une vaccination complète; ce sont notamment certains patients qui ont subi une transplantation ou qui sont soignés pour un cancer ou une maladie inflammatoire.
6. Et ce n'est malheureusement pas tout: les vaccins s'avèrent moins efficaces pour empêcher le virus de se multiplier localement au niveau des fosses nasales. "C’est ainsi que des personnes vaccinées peuvent occasionnellement héberger le virus quelques jours dans leurs sécrétions nasales et le transmettre ainsi à leurs contacts rapprochés, explique encore le Pr Goldman. Les anticorps et les lymphocytes T induits par le vaccin protègent remarquablement les poumons mais sont beaucoup moins efficaces pour empêcher la multiplication du virus au niveau des fosses nasales. La protection à ce niveau fait intervenir des anticorps particuliers (de la classe IgA) dont on tente d’induire la production par des vaccins administrés par voie nasale. La recherche est en cours".
Il est temps de changer de stratégie
Tenant compte de toutes ces observations, que faire en pratique? Pour ce professeur en immunologie, "le variant Delta qui se propage de façon effrénée va imposer d’injecter rapidement une troisième dose à toutes celles et tous ceux qui ne sont pas ou plus bien protégés par les vaccins qu’ils ont reçus. Il s’agit d’abord des seniors vaccinés il y a plusieurs mois et de ces malades immunodéprimés, comme déjà mentionné. Idéalement, le vaccin utilisé pour cette troisième dose sera un vaccin a ARN messager, adapté au variant Delta".
Toujours selon le spécialiste de l'ULB, "si cette adaptation de la stratégie vaccinale permettra d’améliorer la protection des plus vulnérables, elle ne suffira pas. Pour protéger ceux dont le système immunitaire est affaibli du fait de leur âge ou d’une maladie, le port du masque et de la distanciation sociale dans les environnements intérieurs à risque restent de rigueur, comme le rappellent les CDC (Centers for Disease Control and Prevention)"
Ce n'est donc pas encore le moment de laisser tomber les masques, qu'on se le dise!