Pourquoi il faut s’attendre à ce que la proportion des vaccinés parmi les patients hospitalisés augmente dans les semaines à venir
Cette augmentation attendue des patients hospitalisés vaccinés ne doit pas pour autant être le prétexte à ne pas se faire vacciner.
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Publié le 20-08-2021 à 15h05 - Mis à jour le 17-09-2021 à 17h35
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Au fil des semaines et des mois à venir, et donc à mesure que le nombre de citoyens vaccinés augmente, le pourcentage de personnes complètement vaccinées parmi les patients Covid hospitalisés va très vraisemblablement augmenter.
Professeur en immunologie à l'ULB, le Pr Michel Goldman explique les raisons de cette augmentation prévisible. "Certaines personnes complètement vaccinées ne sont en fait pas ou mal protégées du fait d'un mauvais fonctionnement de leur système immunitaire. Il s'agit des 400 000 personnes immunodéprimées qui vont à présent bénéficier d'une troisième dose, mais aussi de nombreux seniors victimes du vieillissement de leur système immunitaire. Ce phénomène, appelél'immunosénescence,s'accentue entre 60 et 80 ans. Il entraîne une diminution plus rapide de la protection au fil des mois qui suivent la vaccination chez les seniors par rapport aux adultes jeunes".
D'autre part, il faut tenir compte de la progression du variant Delta, dont on sait qu'il a changé complètement la donne au cours des derniers mois. Non seulement du fait de sa transmissibilité accrue mais aussi de l'efficacité moindre des réponses vaccinales vis-à-vis de ce variant. "Si les vaccins protègent néanmoins très bien des formes sévères ceux dont le système immunitaire fonctionne normalement, il en est différemment des immunodéprimés et des seniors", souligne encore le spécialiste.
Voilà les principales raisons pour lesquelles il faut s'attendre, selon lui, à ce que la proportion des vaccinés parmi les hospitalisés augmente dans les semaines à venir, "d'autant plus si l'on ne protège pas les seniors par une troisième dose, en commençant par les plus âgés et ceux qui ont été vaccinés au début de la campagne de vaccination".
De fait, un autre facteur qui pourrait également contribuer à l'augmentation de la proportion de patients complètement vaccinés parmi les personnes hospitalisées pour le Covid tient aussi au fait que la protection vaccinale pourrait commencer à décliner chez certaines des personnes à avoir pu bénéficier du vaccin aux premières heures de la campagne de vaccination. La question de la durée de protection du vaccin reste en effet ouverte à ce stade, comme nous le rappelait tout récemment le Pr Pierre-François Laterre, chef du service des Soins intensifs aux Cliniques universitaires Saint-Luc. C'est ainsi qu'une patiente n'étant pas immunodéprimée et sans comorbidité a été hospitalisée confirmée Covid, alors qu'elle avait été vaccinée il y a six mois.
Cette augmentation attendue des patients hospitalisés vaccinés ne doit pas pour autant être le prétexte à ne pas se faire vacciner, alerte le Pr Goldman. Il faut à tout prix "éviter que cette augmentation prévisible n'alimente l'hésitation vaccinale, dit-il. Si l'on n'y prend garde, la campagne de vaccination risque bien d'être victime de son succès. Un vrai défi de communication !"